Ce devait être un mariage de raison, mais l'union s'est terminée sans donner d'enfants.

Chrysler avait de grands projets avec la japonaise Nissan, avant la crise financière, la récession et les faillites dans l'automobile. Mais c'était avant l'arrivée firme italienne Fiat, qui a pris le contrôle de Chrysler après que le No 3 américain se soit déclaré insolvable.

Chrysler et Nissan s'étaient entendus en 2008 pour collaborer à trois projets automobiles distincts, sur trois continents. Dans ce mariage de raison, les forces de l'un auraient comblé les faiblesses de l'autre. Chrysler devait fabriquer une grosse camionnette pour Nissan, tandis que Nissan fournissait une intermédiaire et une compacte à Chysler.

Nissan devait fournir à Chrysler une berline basée sur la Nissan Versa, que Chrysler aurait vendu en Amérique du Sud dès cette année. Nissan devait aussi fournir à Chrysler une compacte qui aurait été vendue dès 2010 sous le nom de Dodge Hornet en Amérique du Nord et en Europe.

Chrysler devait pour sa part produire dès 2011 le successeur du Titan, l'impopulaire et peu connue camionnette lourde de Nissan. Le Titan est le dernier de classe de ce segment crucial et payant en Amérique du Nord (seulement 1,7 % du marché aux Etats-Unis). Chrysler aurait assemblé le modèle Nissan sur la plate-forme de son Dodge Ram.

Mais l'arrivée de Fiat dans le portrait change tout : Chrysler, qui n'a pas le savoir-faire pour construire de petites voitures, n'a plus besoin de Nissan maintenant qu'elle a accès à celles de Fiat. En fait, Fiat a acquis le contrôle de Chrysler, en juin dernier, précisément pour brancher son expertise en petites voitures sur le marché américain.

L'histoire ne dit pas encore si Chrysler obtiendra d'aussi bonnes voitures de Fiat que celles qu'elle aurait eu de Nissan. Mais chose certaine, aujourd'hui, c'est Nissan qui se retrouve avec un gros trou dans son portefeuille de produits et un gros problème de planification.

Le divorce pourrait même contraindre Nissan à se retirer du lucratif segment des grosses camionnettes, note .le quotidien New York Times, qui cite un analyste du marché automobile :  « Nissan se retrouve gros-Jean-comme-devant dans le segment des camionnettes», a dit au Times Erich Merkle, président d'Autoconomy.com, une firme d'analyse de Grand Rapids, au Michigan. «Je ne sais pas s'ils vont être capable d'y rester. Le Titan est un modèle assez vétuste, maintenant.»

Selon un communiqué de presse conjoint de Chrysler et Nissan, les deux firmes abandonnent les trois projets, sans vraiment donner d'explication.

«Durant les derniers mois, nos deux entreprises ont analysé la viabilité des projets à la lumière des nouvelles conditions d'affaires. Aujourd'hui, il a été décidé qu'il valait mieux mettre terme aux projets, dans l'intérêt des deux firmes.»

 

Par contre, un contrat distinct, signé en 2004, demeure : Nissan continuera de fournir à Chrysler des transmissions fabriquées par sa filiale Jetco.

On sait déjà que Chrysler a l'intention de vendre en Amérique du Nord une demi-douzaine de modèles basés sur des produits Fiat. Ainsi, la très populaire sous-compacte Fiat 500 pourrait être assemblée au Mexique, tandis qu'une intermédiaire basée sur une Alfa Roméo ainsi qu'une compacte basée sur une Fiat pourraient être assemblées dans un usine Chrysler au Michigan.

Il tombe sous le sens que Chrysler préfère les Fiat aux Nissan, maintenant qu'elle est contrôlée par Fiat. Mais il est surprenant que tombe aussi le projet d'assembler le nouveau Titan de Nissan chez Chrysler, sur la même ligne d'assemblage que le Ram.

Après tout, ce projet, même sans les deux autres, aurait été profitable aux deux firmes, observe le New York Times.

Cela signifie peut-être que Fiat s'intéresse maintenant au marché des camionnettes, après avoir d'abord indiqué que ce segment n'était pas sa tasse de thé.

Par ailleurs, le Ram n'est pas non plus un modèle (le dernier sondage annuel du magazine Consumers Report ne l'a pas bien coté) et Nissan a peut-être trouvé un autre fournisseur.

Ou bien, tout simplement, peut-être que les deux firmes sont laissées fâchées. Il y a des séparations qui se terminent comme ça, même en affaires.

Sources : Chrysler; Nissan; NewYork Times; Reliable Plant