Le programme américain de prime à la casse est en panne sèche. Tout son son financement de 1 milliard de dollars s'est envolé en seulement quatre jours. La Maison-Blanche cherchait hier soir une façon de refinancer d'urgence ce programme.

C'est ce que rapportaient jeudi soir les journaux de Detroit et de Washington, citant chacun des responsables du gouvernement ou des représentants de l'industrie automobile.

Ce programme fédéral destiné à stimuler les ventes de voitures, officiellement lancé le 24 juillet, devait durer jusqu'au 1er novembre ou jusqu'à ce que ses fonds soient épuisés. Mais personne n'avait prévu que les concessionnaires seraient pris d'assaut et que le milliard serait dépensé si vite.

Devant le tiroir-caisse vide, le secrétaire aux Transports Ray LaHood a passé la fin de la journée au téléphone avec divers membres influents du Congrès, les informant de l'interruption hâtive du programme, dès minuit, ont révélé hier soir les quotidien Detroit Free Press et Detroit News. Des hauts-fonctionnaires se sont réunis pour explorer comment maintenir le progamme, mais sans grand espoir de succès.

Mais tard en soirée, des responsables de l'administration ont indiqué au quotidien Washington Post que la suspension n'était pas décidée. Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, le gouvernement américain «évalue toutes les options pour maintenir le financement du programme».

«Programme immensément populaire»

«Ce soir, nous évaluons les implications de ce qui est de toute évidence un programme immensément populaire», a dit le porte-parole, ajoutant que toutes les transactions déjà conclues à l'aide du programme de prime à la casse seront honorées par le gouvernement.

Le programme familièrement appelé «Cash for Clunkers» (des bidous pour ton bazou), offrait jusqu'à 4500 $ en prime à tout propriétaire d'un vieux tacot achetant une nouvelle voiture consommant moins d'essence.

Un porte-parole de l'Association nationale des concessionnaires automobiles, avait déclaré durant l'après-midi au Detroit News que la suspension du programme de prime à la casse avait été décidée et qu'elle allait être annoncée vendredi matin. Comme il n'y a plus d'argent, «c'est une décision responsable», a déclaré Bailey Wood.

 

Une élue de la région de Detroit à la Chambre des représentants, Candice Miller, a exhorté le gouvernement à refinancer immédiatement le programme de prime à la casse, le décrivant comme «un succès total».

Un porte-parole de la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a indiqué que cette dernière étudiera les résultats du programme avant de proposer ou non des crédits additionnels. Mais le parlement américain ajourne vendredi pour le reste de l'été; il est improbable qu'un vote sur la question puisse être tenu avant la rentrée parlementaire suivant la Fête du Travail, notait le Detroit News.

Il faudrait que la Maison-Blanche prenne l'affaire en mains pour qu'un financement soit assuré rapidement.

Les élus représentant l'État du Michigan ont tenu en soirée une réunion d'urgence à ce sujet et doivent se réunir ce matin pour trouver une façon de prolonger tout de suite le programme.

250 000 voitures vendues

Avec un milliard, les autorités américaines estimaient pouvoir stimuler la vente de 250 000 véhicules. La suspension du programme indiquerait donc que un quart de million de voitures ont été achetées en quatre jours.

Les législateurs américains s'étaient fait présenter, il y a quelques mois, une demande de 4 milliards pour le programme de prime à la casse. Mais les crédits votés en juin ont été de seulement 1 milliard.

Un porte-parole de General Motors, Greg Martin, a évidemment exhorté le Congrès de trouver une façon de «prolonger un peu le programme».

Dans l'industrie, la nouvelle a commencé à circuler en fin d'après-midi. Le magazine Automotive News citait hier soir des concessionaires déçus de l'épuisement si rapide du programme de prime à la casse.

«Plusieurs de mes clients sont très fâchés que le programme ait été annulé si vite», a dit Earl Stewart, qui exploite un concession Toyota à West Palm Beach, en Floride. «En 44 ans de carrière, je n'avais jamais vu d'incitatif si efficace.»

Le concessionnaire a dit avoir conclu 50 ventes et en avait d'autres en route. Il dit avoir pris tellement de vieux bazous en échange qu'il a dû louer un terrain vacant en dehors de la ville pour les stationner.

Ironiquement, la plupart des analystes pensent que le programme fédéral a surtout stimulé les ventes de voitures japonaises et européennes. Pour être admissible, il fallait acheter une voiture plus économique en carburant. Or, les constructeurs américains ont une meilleure offre de VUS et de camionnettes que de voitures consommant peu d'essence.

Sources: Detroit News, Detroit Free Press, Washington Post, Automotive News