Les critiques fusent à l'endroit du programme gouvernemental américain de prime à la casse.

Et ce même si les constructeurs automobiles lancent des bouquets entiers de fleurs en direction du programme «Cash for Clunkers» (des bidous pour ton bazou). Ce programme permet au propriétaire d'une «minoune» de toucher jusqu'à 4500 $ US pour acheter à la place une voiture neuve.

L'expérience américaine est intéressante pour les citoyens canadiens, alors que le gouvernement fédéral canadien s'interroge sur la possibilité d'adopter ici une mesure semblable.

Le programme américain est pleinement entré en vigueur ce matin (lundi 27 juillet) et déjà on le critique pour sa sa complexité, son admissibilité restreinte et son financement insuffisant: Mais son pire défaut est le coût pour les contribuables, affirme le président de la firme américaine de cotation en ligne Edmunds.com, Jeremy Anwyl.

 

C'est ce que rapporte le magazine AutoObserver. Edmunds.com, est une firme internet qui vend aux particuliers et aux entreprises des cotations très précises de la valeur de leurs voitures usagées. Edmunds.com fait aussi dans l'édition de publications internet, y compris AutoObserver.

Même si le milliard de dollars US prévu pour le programme y passe au complet, seulement 50 000 voitures de plus que la normale seront vendues aux États-Unis d'ici novembre. Et chacune de ces ventes supplémentaires coûtera rien de moins que 20 000 $ US au contribuable américain, affirme M. Anwyl, qui cite des recherches faites par sa compagnie.

De toute façon, subvention ou pas, chaque trimestre voit environ 200 000 vieilles voitures valant moins de 4500 $ se faire échanger chez un concessionnaire dans une transaction d'achat de véhicules neufs, dit M. Anwyl.

«Or, dans le meilleur des scénarios, la prime à la casse américaine financera 250 000 transactions durant la même période, donc un effet économique réel net de seulement 50 000 véhicules. Comme le budget de la phase I du programme est d'un milliard, on arrive à un coût unitaire net de 20 000 $, pour chaque vieux tacot qui aurait été conservé par son propriétaire sans l'incitatif fédéral» (officiellement appelé Car Allowance Rebate System, ou «C.A.R.S»).

Les 200 000 autres auraient changées et laissées chez le concessionnaire de toute façon, argue M. Anwyl.

 

«Dans les faits, nous payons des consommateurs pour faire ce qu'ils auraient fait de toute façon, pour la plupart, affirme M. Anwyl. Alors comme stimulus, c'est raté. L'argument écologique (remplacer des bazous polluants par des voitures neuves moins polluantes) améliore un peu le rendement des deniers publics, mais là encore, le programme aurait pu être mieux conçu.»

«En fait, le meilleur effet qu'on peut espérer de C.A.R.S. est que bien des consommateurs non admissibles s'intéressent à l'achat d'une nouvelle auto après avoir entendu parler du programme 'Des bidous pour ton bazou'. Espérons qu'ils achèteront un véhicule même s'ils s'aperçoivent qu'ils ne sont pas admissibles à la prime», dit M. Anwyl.

M. Anwyl fait aussi remarquer que l'effet du programme C.A.R.S. risque d'être un feu de paille. «Une fois que le programme aura touché son zénith, l'intérêt retombera aussi vite qu'il est apparu, et les ventes feront de même.»

Il prédit qu'il y aura un vide dans le marché à la fin du programme.

En France, le gouvernement a décidé de retirer graduellement son programme de prime à la casse, au lieu de l'interrompre d'un coup tel que prévu à l'origine. Le gouvernement de France a fait cet ajustement ne réponse aux recommandations des patrons automobiles français, qui avaient des craintes semblables à celle de M. Anwyl.

 

La première phase du C.A.R.S. se termine en novembre ou dès que le milliard de dollars est épuisé. Mais la rumeur à Washington veut qu'une phase II dotée d'une plus grande admissibilité et d'un budget plus élevé soit en préparation dans les officines gouvernementales.

Source: AutoObserver; Automotive News Europe; Detroit Free Press