CLK, en dialecte SMS, celui des mini-messages échangés sur téléphones cellulaires, signifie "c'est de la classe". Ça tombait bien, chez Mercedes aussi. Mais voilà, aujourd'hui, cela ne veut plus rien dire avec le retrait du CLK. La firme à l'étoile a en effet révisé son alphabet et, du coup, son habile jeu de meccano. Exit le châssis de la berline de Classe C, le nouveau coupé de Mercedes évoque puissamment dans la forme et maintenant dans le fond la Classe E.

On ne saurait dire si elle est belle, encore moins attester de l'authenticité de son Cx (coefficient de traînée aérodynamique) qui s'autoproclame le plus effilé du monde. Nous vous laissons seuls juges. En revanche, sur route, cette Classe E aux hanches appétissantes, et dont les formes ne sont pas sans rappeler la Mercedes Ponton des années 50, impressionne autant que son regard anguleux à quatre optiques séparées. Et comme l'exige la tradition maison, un coupé Mercedes ne porte pas d'étoile saillante au bout de son capot. Ici, le symbole de la marque de Stuttgart est placé au milieu de la calandre.

 

Voyez la galerie photo de la nouvelle Mercedes E Coupe en suivant ce lien

 

Pourtant, la nouvelle venue n'occupe physiquement guère plus d'espace que le coupé antérieur. En fait, il est plus étroit et plus court que la CLK, mais s'étire de 67 mm supplémentaires pour carrosser un empattement supérieur.

 

Tout comme le CLK qu'il remplace, ce coupé est dénué de montants entre ses glaces latérales, ce qui épure le profil et ajoute à la luminosité de cet habitacle (un toit panoramique en verre est également proposé) où quatre baquets joliment galbés vous attendent, vous et vos passagers. Assez spacieuses somme toute malgré une garde au toit limitée à l'arrière, chacune de ses places invite à des voyages au long cours. Et les bagages? Pas de souci, le coffre a suffisamment de volume pour ne rien laisser traîner sur le trottoir.

 

Une fois bien calé dans les sièges, on retrouve l'environnement familier des Mercedes avec une large planche de bord où courbes et angles droits se croisent, comme sur la berline E. Dans cet univers luxueux, mais pas ostentatoire, la qualité de certains plastiques détonne, surtout en comparaison avec la sellerie tendue de cuir d'une très belle facture. Bref, quelques détails de finition négligés nous ont frappés, mais il s'agit sûrement de réglages à peaufiner.

 

On se laissera ensuite aller au plaisir (ou à la frustration, c'est selon) de manipuler ce bel objet truffé de plusieurs boutons, d'un système de reconnaissance vocale inutilement compliqué et de quelques gadgets comme un détecteur de somnolence ou encore un affichage au tableau de bord du rappel de la limitation de vitesse, lequel, hélas, ne figurera pas sur les modèles vendus au Canada. Dommage! En revanche, d'autres accessoires, tous aussi coûteux les uns que les autres, embarquent à bord moyennant supplément. On pense notamment aux baquets "multicontours" à 800$ (à ce prix, ils ne chauffent, ni ventilent) ou encore au régulateur de vitesse intelligent (2400$).

 

Désolé, mais notre coeur bat pour le V8

 

Pas de mystère, ni d'habile jeu de meccano ici, le coupé Classe E possède 60% de pièces communes avec la berline. Comme cette dernière, il se décline d'ailleurs en deux voitures distinctes. L'une mue par le moteur V6 3,5 litres, l'autre par un V8 de 5,5 litres. Peu importe la somme inscrite sur le chèque, seule la boîte semi-automatique à sept rapports entraîne les roues arrière. Pas la peine de farfouiller le bureau de votre représentant, l'option 4Matic ici n'existe pas. "Pas encore", de nous glisser à l'oreille l'un des responsables du châssis. D'ici là, l'absence d'un rouage intégral risque de mal faire paraître, d'une part, une si belle carrosserie sur une chaussée à faible coefficient d'adhérence et ce, malgré l'abondance d'aides à la conduite et, d'autre part, face aux concurrentes (Audi, BMW) qui proposent déjà un tel dispositif sur leur coupé respectif.

Cela dit, dans des conditions routières idéales, le comportement de ce coupé porte difficilement flanc à la critique à la condition de ne pas se méprendre sur sa nature plus bourgeoise que sportive. Plus joueuse certes que la berline, ce coupé E n'aime pas qu'on le bouscule dans les virages et encore moins de se faire conduire sur des routes sinueuses et étroites. D'ailleurs, sa direction distille trop les sensations pour inviter le conducteur à soigner les trajectoires et manque de rappel parfois dans les enchaînements sinueux. Peut-on lui adresser tous ces torts considérant que la clientèle visée associe directement l'agrément de conduite au confort et n'en a rien à cirer des notions de survirage ou de sous-virage? Assurément pas. Alors, changeons de registre et délectons-nous plutôt de la qualité de son amortissement, de sa stabilité sans faille dans les courbes à grand rayon ou encore de son impeccable silence de roulement. Aucune de ses rivales n'a encore fait mieux dans ces trois domaines. Toutes chahutent plus leurs passagers, d'autres allant jusqu'à froisser quelques vertèbres.

 

Contrairement à la berline éponyme toujours, nous préférons cette fois le zeste (et la musicalité) du moteur V8 au V6 3,5 litres qui sied mieux, pensons-nous, au caractère de l'auto. Robuste et respirant à pleins poumons, ce moteur est cependant desservi par une boîte automatique qui enclenche ses rapports avec la même lenteur que Grand-mère égrenait son chapelet. Par chance, il est possible de corriger cette lacune en appuyant ce magique bouton Sport qui modifie notamment l'algorithme de la transmission. Du coup, les passages gagnent en rapidité et en sécheresse...

 

Impeccable dans bien des domaines, le coupé E milite, seul dans cette fourchette de prix, en faveur d'une philosophie bourgeoise du grand tourisme. Plusieurs amateurs s'en désoleront, mais les aficionados de la marque n'auront pas à être convaincus: il correspondra à leurs attentes. Par beau temps à tout le moins!

 

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Mercedes-Benz du Canada.

Photo Mercedes

Le tableau de bord de la Mercedes E Coupé.