Elle s'appelle Ddamali Kalibbala. Elle est dans la trentaine, elle est mère de deux enfants... et elle possède son propre garage.

Cette jeune femme est bien décidée à combattre les deux préjugés les plus condescendants du monde de la mécanique automobile: elle est femme et membre d'une minorité visible. Et de surcroît, sa petite entreprise, La Shope de Mascouche, est un véritable succès.

 

Ddamali Kalibbala est on ne peut plus québécoise, elle qui est née d'un père belge autrefois missionnaire et d'une mère ougandaise. Son secondaire était à peine terminé que le goût de l'aventure l'a amenée à voyager en Afrique et en Europe. De retour au pays, elle a travaillé dans les bars et les restaurants. Sans trop se poser de questions, elle s'est acheté une vieille Fairlane 1966 pour transporter son jeune fils. Puis, ç'a été la panne. L'alternateur avait lâché. À cause de son budget limité, elle a décidé de la réparer elle-même. C'est là qu'elle s'est découvert une passion pour la mécanique... et le goût d'aider les autres.

Ddamali Kalibbala a donc fait son cours en mécanique à Laval, où elle a été la première femme diplômée dans le domaine. Elle a d'abord travaillé chez un recycleur, une «cour à scrap» comme on aime si bien les appeler: «C'est le meilleur endroit au monde où apprendre la mécanique», soutient la jeune femme. Puis, elle est passée à l'aéroport de Montréal et à la Ville de Laval. Mais c'est lorsqu'elle a découvert un petit garage un peu perdu dans Mascouche que sa vie a changé.

La Shope

Le garage de la rue Saint-Henri (route 125) était tenu par Gisèle Houle et son fils. C'était autrefois une concession Rambler (AMC). À la suite du décès du propriétaire, sa femme et son fils ont continué l'entreprise. Mais l'homme a aussi été frappé par la maladie.

Malgré quelques revers, Ddamali Kalibbala a réussi à convaincre Mme Houle de lui vendre le garage. Utilisant toute son imagination, la jeune femme a «rajeuni» la place en la rebaptisant «La Shope». Et elle a gardé Mme Houle à son service.

Ddamali Kalibbala mange de la mécanique. À sa grande surprise, elle a découvert d'anciens outils, d'anciennes machines et, surtout, plusieurs pièces de rechange des années 50 et 60: des vis platinées, des pompes à eau, à essence et plus encore. Aujourd'hui, elle utilise une machinerie du passé pour entretenir les autos les plus anciennes de sa fidèle clientèle. Elle aime la vieille mécanique. C'est ce qui explique pourquoi elle possède une Cadillac 1967 et un Jeep Grand Wagoneer des années 70.

La touche féminine au service de la mécanique

La Shope est un garage des plus accueillants. Ddamali Kalibbala a redécoré l'édifice des années 50 de façon moderne, avec des objets plus anciens. Aidée de Mme Houle («Mamie» pour les intimes), de ses techniciens Luc et Gilles (des mordus de course automobile) et de l'apprenti Patrick, elle a su donner un deuxième souffle au garage.

 

De plus, son approche féminine plaît non seulement aux hommes, mais rassure aussi sa clientèle féminine! Elle n'hésite pas à proposer un capuccino à ses clients au bar de style restaurant et, lorsqu'elle parle mécanique, elle utilise les termes du métier, tels qu'on les connaît au Québec.

Des projets d'avenir? «Je m'étais donné cinq ans pour faire revivre le garage et, en moins d'un an, ça marche déjà.» Attendez-vous à y voir apparaître des camions et du diesel: Ddamali Kalibbala a commencé à étudier la mécanique lourde!