Elles se nomment Bravo, Punto, Panda ou encore MiTo. Au delà de l'emblématique 500, Fiat, c'est surtout et avant tout ces modèles. Totalement inconnus de ce côté-ci de l'Atlantique, ils pourraient matérialiser l'alliance entre Chrysler et le Groupe Fiat. On promet la petite décapotable en Amérique du Nord en 2010? Elle ne sera sans doute pas toute seule à débarquer ici. Mais attention, le constructeur italien a ses limites.

La 500 est l'arbre qui cache la forêt. Qui connaît la Grande Punto Natural Power, une des dernières versions en date de ce modèle phare du constructeur de Turin? Qui sait à quoi ressemble le Qubo? Les Musa, Delta et Ypsilon sont les actuels modèles de...? Lancia, évidemment. Et l'Abarth 500: n'a-t-elle pas étrangement quelques traits de la petite icône?

 

Professeur agrégé à l'École de gestion de l'Université d'Ottawa, Christian Navarre estime que Fiat est armé pour débarquer sur le continent nord-américain et que sa 500 n'est que son porte-étendard. «Beaucoup de ses modèles sont susceptibles d'arriver, dit ce spécialiste de l'industrie automobile. Il va falloir rapatrier des Fiat faciles à adapter à la réglementation américaine et les plus proches des consommateurs.» Selon lui, la 500 n'est qu'un produit d'appel qui sera précédé sur le marché par d'autres modèles des catégories compactes et sous-compactes.

 

Car le Groupe Fiat fait beaucoup dans le compact et le sous-compact. Auprès du grand public, il ne fait quasiment que cela. Des catégories bien mises en valeur au Canada qui vont connaître une certaine expansion aux États-Unis, croit M. Navarre. L'obligation, annoncée la semaine dernière par l'administration Obama, d'atteindre une consommation standard moyenne de 6,7 L/100 km en 2016 pourrait même accélérer le processus. «Les voitures intermédiaires vont devenir très chères», prédit M. Navarre.

Chrysler avait abandonné cette catégorie des petites voitures. Il y reviendrait donc grâce à Fiat. Mais avec quels modèles? Chez le constructeur américain, le mot d'ordre est simple: motus et bouche cousue. Le 18 mai dernier, Automotive News avançait quand même six modèles. S'appuyant sur des sources italiennes, le média américain mentionnait la 500, la version 4x4 de la Panda, la Grande Punto à hayon, une berline compacte du nom de Linea, l'Alfa Romeo 159 - berline intermédiaire - et un VUS compact, déclinaison d'un concept Alfa Romeo. Le tout livré en 2011 et en 2012.

D'autres noms à prendre au sérieux circulent cependant. Si Lancia ne semble pas faire partie de la stratégie, la division Alfa Romeo a de très bonnes chances d'avoir au moins un modèle. À la 159 citée plus haut, s'ajoutent la 147 et la MiTo, deux véhicules trois portes à l'allure sportive. Fait à noter quelque peu surprenant, la Fiat Bravo n'est citée nulle part.

«Tout cela, c'est strictement de la spéculation», fait remarquer le chroniqueur automobile Éric LeFrançois. Qui ajoute que «ce sont des voitures de niche». Et c'est là le problème de Fiat. Les catégories compactes et sous-compactes ne représentaient que 14% du marché américain des véhicules de promenade l'an dernier. Or, Chrysler a besoin de faire du volume en matière de ventes. Si les prix à la pompe grimpent, ils peuvent galvaniser les «petites» voitures tout en portant un coup aux camions légers. Mais même dans ces conditions, il n'est pas sûr que Fiat puisse livrer la marchandise, si l'on peut dire.

«Ce n'est pas 50 000 Fiat vendues qui vont sauver Chrysler, mais on va voir des petites voitures en Amérique du Nord», dit Christian Navarre.

Fiat a des ressources. Il faudra patienter avant de les découvrir et de les conduire.