Les conducteurs indiens sont imprévisibles au volant, mais ils ont un point commun avec ceux du monde entier: ils aiment les options. Et ce constat surprend même les industriels indiens.

L'agence de presse Bloomberg News rapporte que même dans ce pays de bas salaires et de voitures hyper-simples comme la Nano, les clients sont prêts à payer plus pour un peu de luxe.

 

Durant quatre ans, le grand patron de Tata Motors, Ratan Tata, a payé 500 ingénieurs à temps complet pour concevoir la voiture la moins chère au monde, convaincu que les parcimonieux conducteurs indiens peuvent vivre sans climatisation ni porte-gobelet.

Mais seulement 20% des 203 000 premières commandes de Nano visent le modèle spartiate à 2600$. Contrairement à la prémisse de base de M. Tata, la moitié de ses clients ont commandé le modèle le plus cher, qui coûte 40% plus cher.

 

Il y a une moralité automobile à cette histoire. Petite voiture tu construiras, mais gadgets de luxe du ajouteras.

 

«Je veux que mes enfants soient biens dans l'auto quand on roule», a dit Neelakandan Raveendran, 51 ans, qui a commandé la Nano la plus chère; c'est sa première auto. Ce commis bancaire gagne 24 000 roupies (environ 600 $ CAN) par mois. Il partagera le coût de sa Nano avec sa fille.

Dans le fond, Ratan Tata doit être bien content de s'être trompé. Les voitures avec options ont des marges de profit plus grandes pour Tata Motors. Et ça réduit les risques d'une guerre de prix avec la concurrence, par exemple Maruti Suzuki India.

«Il n'y a pas vraiment de demande pour une voiture toute nue», explique Mahantesh Sabarad, analyste financier chez le courtier en valeurs mobilières Centrum Broking, à Bombay. «Ce constat donne aux constructeurs d'autos la possibilité de demander plus pour leurs voitures. Ils n'ont pas besoin de casser le prix du concurrent et de se faire la guerre sur ce terrain.»

Toyota et Renault, qui vont aussi lancer des voitures à bas prix, pourront peut-être demander plus cher sur le marché indien, où le salaire moyen a doublé en huit ans. Prix plus élevés égalent profits plus élevés, tout le contraire du marché chinois, où les rabais ont grugé les revenus, malgré la demande qui explose.

Les profits de Maruti Suzuki - qui fait la moitié des autos vendues en Inde - et de Tata Motors - troisième constructeur automobile en Inde - ont plus que doublé depuis cinq ans. L'Inde crée des emplois à la pelle et son économie croît le plus vite au monde, après celle de Chine.

D'après Bloomberg