Ford paraît avoir trouvé le ton juste face à ses concurrents japonais. Revue en 2010, la Fusion exploite des codes connus et appréciés d'une clientèle qui ne manquera pas de constater l'étendue de l'offre du constructeur américain. Ce qui en dit long, d'ailleurs, sur sa soif de conquête.

On croyait la berline classique noyée au milieu des VUS de poche et autres multisegments. Certes, elle est un peu boudée par les automobilistes canadiens. Cette catégorie n'en demeure pas moins essentielle pour l'industrie qui, bon an, mal an, écoule 200 000 berlines classiques au Canada. À elle seule, cette statistique explique pourquoi plusieurs constructeurs généralistes se gardent bien de négliger ce segment au profit de véhicules «loisirs», par exemple.

 

Doit-on revenir en détail sur les multiples transformations apportées à cette berline, qui ont été évoquées en long et en large dans ces pages au cours des dernières semaines? Nous vous invitons plutôt à en faire le survol en compagnie de notre collègue Sylvie Rainville sur notre site internet (www.monvolant.ca). Son article résume la démarche et les objectifs de Ford ainsi que la nouvelle nomenclature de la gamme Fusion; pour la première fois de son histoire, elle intègre une version hybride qui se trouve aux antipodes de la livrée Sport essayée aujourd'hui.

Plus coûteuse encore que la plus verte des Fusion (31 999$), la Sport est censée souligner à gros traits, pensons-nous, les vertus de cette refonte. À l'usage, la plus extravertie des Fusion a de quoi faire saliver tout acheteur de véhicule intermédiaire. Sur le plan de la fonctionnalité d'abord, comme en font foi les détecteurs d'angles morts (les voyants aux extrémités des rétroviseurs extérieurs sont hélas peu visibles) ou encore l'excellent système Sync (intuitif et agréable à utiliser). Et sur le plan de la technique ensuite, avec une boîte semi-automatique à six rapports et un rouage intégral.

En fait, la Fusion ne manque pas d'atouts pour plaire, et aucune de ses rivales ne peut actuellement se targuer d'en offrir autant. C'est assurément la grande force de cette Ford et, sans doute aussi, l'une de ses plus grandes faiblesses. En effet, à vouloir ratisser aussi large, la marque américaine donne l'impression de s'être égarée en route.

Ainsi, sur papier, la Sport réunit tous les attributs nécessaires, mais son exécution laisse parfois à désirer. Par exemple, sa boîte de vitesses semi-automatique est agréable, mais il n'y a pas de sélecteur répliqué au volant. Pourquoi donc? N'est-elle pas la plus sportive des Fusion? On regrettera tout autant de devoir «composer un interurbain» au volant pour connaître l'emplacement exact des roues directrices. Au départ, sans vérification aucune, nous avons pensé que la faute en incombait à l'assistance électrique dont sont pourvus les autres modèles, mais ce n'est pas le cas. La Sport a droit à un système hydraulique qui, théoriquement, devrait offrir des sensations plus justes.

En revanche, saluons la présence d'une suspension plus sportive jumelée à des pneus plus agressifs, qui contribue non seulement à retarder le sous-virage, mais aussi à minimiser les oscillations de la caisse lors des changements de trajectoire. Dommage, toutefois, que les baquets avant offrent un soutien latéral trop faible pour profiter pleinement de ce comportement équilibré.

Côté moteur, la Sport accueille exclusivement le V6 3,5 litres de 263 chevaux. Une mécanique qui met un peu moins de sept secondes à atteindre les 100 km/h après un départ arrêté. Les reprises sont également convaincantes, bien que la boîte de vitesses manque un brin d'agressivité dans sa gestion des rapports. Hélas! cette mécanique avale tout près de 12L/100 km. On peut toujours se consoler à l'idée que la Fusion Sport fait appel à de l'essence ordinaire, ce qui est bien vu le taux de compression élevé de son moteur, mais on s'étonne que certaines technologies (dont la coupure automatique de l'alimentation quand on lève le pied de l'accélérateur) ne soient pas offertes, comme c'est le cas sur les modèles équipés du 2,5-litres ou du 3-litres.

Un pas en arrière?

Nos photos vous permettront de constater le caractère sportif et la distinction de la Fusion Sport (vous aimez le chrome, n'est-ce pas?). Si cette voiture est un concentré de haute technologie et devrait faire mouche auprès des technophiles (et des mélomanes), on regrette cependant la qualité d'assemblage bâclée de notre véhicule d'essai. Plusieurs garnitures étaient mal fixées, ce qui est pour le moins navrant considérant les efforts consentis par Ford dans ce domaine au cours des dernières années. En effet, toutes les créations récentes de ce constructeur ont été saluées dans ces pages (le Flex, par exemple). La volonté de bien faire y est, comme en fait foi le souci de masquer des vis autrefois bien apparentes, mais l'exécution laisse - encore! - à désirer.

En revanche, quelques détails - pas tous - ont été revus et corrigés par rapport à la mouture précédente. L'habitacle offre toujours suffisamment d'espace pour quatre personnes confortablement assises, grâce à un excellent dégagement aux hanches et aux épaules. De plus, le silence y est accru grâce à l'usage de matériaux isolants plus performants. La garde au toit est suffisamment généreuse pour que les grandes personnes se sentent à leur aise. Pour sa part, le coffre engouffre sans problème les bagages de toute la famille. Son volume utilitaire en fait l'un des plus volumineux de la catégorie. Besoin de plus d'espace? Il suffit de faire basculer en tout ou en partie le dossier de la banquette. Hélas! le dossier du passager avant est fixe et ne permet donc pas le transport de longs objets.

 

Si l'habitacle ne manque ni de volume ni de luminosité, il est toutefois doté d'un design de base et peu inspiré. Bien sûr, le graphisme des principaux instruments a été actualisé et un rappel des rapports de boîte apparaît désormais dans le bloc d'instruments. Bien vu. Nous aurions souhaité cependant une ergonomie plus poussée au chapitre de la disposition des principales commandes. Ainsi, pourquoi la commande des phares est-elle toujours collée à la paroi du tableau de bord? Pourquoi ne pas l'avoir intégrée au levier des essuie-glaces?

À la réflexion, si l'étiquette sportive de cette Fusion nous semble usurpée, elle n'a guère à envier à ses rivales les plus cossues. Elle s'avère équilibrée, confortable, silencieuse. En un mot: compétitive. Il ne reste plus qu'à fignoler certains aspects pour la rendre plus menaçante encore aux yeux de la concurrence. D'ici là, elle peut toujours compter sur l'incomparable diversité de sa gamme pour briller dans une catégorie autrement conservatrice.

On aime

Le silence de roulement

Le volume intérieur

Les multiples fonctions offertes

On aime moins

La qualité de fabrication inégale

L'étiquette sportive usurpée

La consommation décevante

Ce qu'il faut retenir

Prix : 35 299$

Frais de transport : 1350 $

Consommation moyenne selon le constructeur: 11,9 L/100 km

Concurrentes: Chevrolet Malibu, Honda Accord, Toyota Camry

Pour en savoir plus:www.ford.ca

Moteur : V6 DACT 3,5 litres

Puissance: 263 ch à 6250 tr/mn

Couple : 249 lb-pi à 4500 tr/mn

Poids : 1650 kg

Rapport poids/puissance : 6,27 kg/ch

Accélération : 0-100 km/h

Mode : intégral (quatre roues motrices)

Transmissionde série : semi-automatique 6 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Direction/Diamètre de braquage : crémaillère/11,4 mètres

Freins avant/arrière : disque/disque

Pneus : 225/50R17

Capacité du réservoir de carburant/Carburant recommandé : 63 litres/ordinaire