Ne courez pas chercher la marque Franziss dans vos encyclopédies d'automobiles. Il y a peu de chances pour que vous l'y trouviez. En effet, il n'existe qu'une seule Franziss au monde. Cette auto de 1928 est le produit de l'imagination de Roger Sweet, un Anglais à la retraite de Tisbury (Wiltshire) en Angleterre. C'est aussi lui qui en a créé le nom à partir des marques Frazer-Nash et Curtiss. À partir d'une Frazer-Nash et d'un moteur d'avion!

L'histoire remonte à une dizaine d'années, quand M. Sweet découvre dans une grange de son pays un châssis de Frazer-Nash 1928, une marque britannique créée par Archibald Frazer-Nash (aucun lien avec les marques américaines KaiserFrazer et Nash) qui a produit des autos de sport jusqu'en 1956. Plus tard, M. Sweet achète un moteur V8 américain, un Curtiss OX5 datant de... 1918.En plus d'être ancien, c'est un moteur d'avion!

 

Lorsqu'on le regarde de près, on voit que ses poussoirs et ses culbuteurs sont à l'extérieur, trahissant la vieille technologie de son époque. D'origine, ce V8 de 503 pouces cubes (8,2 litres) produisait quelque 90 chevaux, mais avec l'aide de ses amis, M. Sweet l'a modifié en y ajoutant deux carburateurs SU (typiquement britanniques). Il fait actuellement environ 160 chevaux. Le Curtiss avec arbre à cames central et culasses à chambres de combustion hémisphériques fut alors glissé dans le châssis de la Frazer-Nash. Il devait normalement faire tourner une hélice. M. Sweet et ses amis ont alors dû créer des disques d'embrayage pour qu'il se combine bien à la boîte de vitesses originale de la Frazer-Nash.

 

Le reste du châssis retient la mécanique originale de la Frazer-Nash, dont un pont arrière avec entraînement par chaînes, une caractéristique de la marque. Évidemment, l'auto n'avait pas de carrosserie. Alors notre gentleman-sportsman britannique en a fait construire une, tout en aluminium, par un artisan local dont il ne se souvient que du prénom: Gary. Les pneus qui équipent l'auto sont des Blockley anglais 5.5-/6.00 x 19H, des pneumatiques qui ne sont pas des répliques parfaites des produits d'antan mais qui sont reconnus pour leur fiabilité et leurs performances dans les courses de voitures anciennes.

 

Passionné de courses de voitures anciennes

M. Sweet a inscrit sa Franziss dans des courses de voitures anciennes en Europe puis, il y a trois ans, il l'a fait transporter à Watkins Glen, dans l'état de New York, pour participer au US Zippo Grand Prix, qui accueille annuellement plus de 400 autos de course anciennes. Cette année, après Watkins Glen, il veut participer aux épreuves Elkhart Lake, au Wisconsin, Virginia International Raceway, Hallett, en Oklahoma et Road Altanta, en Géorgie. « Nous pourrions faire le tour du monde si nous participions à toutes ces épreuves de voitures anciennes, a-t-il confié. Après l'Amérique, il y a d'autres épreuves en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Asie puis de retour en Europe...»

Même si le moteur est ancien, le pilote n'a aucune difficulté à trouver des pièces (il y en a plus de 12 600 sur le marché). Notons la grande simplicité de cette mécanique. La Franziss est arrivée en Amérique par bateau du port de Southampton, en Angleterre, à Baltimore aux États-Unis, et elle effectuera le même voyage au retour. Qu'est-ce Roger Sweet fera lorsqu'il se retrouvera en Angleterre? Il conduira l'auto sur les routes, bien entendu!