Le Gouverneur républicain de la Californie, l'ex-acteur Arnold Schwarzenegger, n'a pas trop tapé sur l'industrie automobile américaine à Detroit - contrairement à ce que certains prévoyaient - lors de son allocution très attendue devant le congrès annuel de la Société des ingénieurs automobiles.

Le Gouverneur Terminateur, depuis son élection en 2003, s'était fait une réputation de pourfendeur des Trois de Detroit pour leur irresponsabilité en matière d'environnement.

 

Mais maintenant que l'industrie automobile américaine est au bord du précipice, «Aaaahhhnold» n'est pas venu en rajouter en frappant à coups de pied sur un adversaire déjà KO au plancher.

 

En fait, l'ancien héros des films Terminator a trouvé une façon de blâmer le gouvernement fédéral pour les maux de GM et de Chrysler, qui sont au bord de la faillite: «Ce n'est pas l'industrie automobile qui a créé ce gâchis, c'est le gouvernement qui échoué, parce que nous n'avons pas de politique énergétique», a déclaré M. Schwarzenegger, qui était l'invité d'honneur du congrès mondial 2009 de la Society Automotive Engineers, à Detroit.

 

Plus de 20 000 ingénieurs de partout au monde sont inscrits à ce congrès du 20 au 23 avril; le thème de cette année est: «La course à la mobilité verte».

 

Arnold veut tourner une pub pour Detroit !

Le Gouverneur de la Californie - qui a déjà annoncé son retour au grand écran pour 2009 dans un film de son ami Sylvester Stallone - a indiqué qu'il n'était pas l'ennemi des Trois de Detroit, malgré les années qu'il a passées à les critiquer. Se décrivant comme un fan des produits GM, Ford et Chrysler, il a donné son appui au plan d'aide financière à l'auto du président Barack Obama. Il a aussi affirmé sa certitude de voir l'industrie américaine de l'auto rebondir. Il s'est même dit prêt à tourner des publicités pour les Trois de Detroit dès qu'ils auront stabilisé leurs affaires.

 

Il s'est fait photographier devant un Hummer H3 hybride capable de faire 100 milles au gallon et présenté par la firme américaine Raser et l'allemande FEV. Avant que des firmes externes se mettent à tenter des rétrofits sur le Hummer, produit par GM, ce 4 par 4 très énergivore était devenu le symbole du gaspillage et de l'excès dans les véhicules américains.

 

«Il n'y a aucun problème avec le Hummer, c'est un véhicule formidable, a pourant clamé le populiste gouverneur. Et il y a un malentendu à son sujet : les gens ne disent pas qu'il faut se débarrasser du Hummer et des gros véhicules. Ils disent qu'il faut changer la technologie qui fait rouler le Hummer.»

 

Il a plaidé que Detroit est parfaitement capable de produire des voitures propres, rappelant que GM a déjà adapté un des Hummer de sa collection personnelle pour le faire rouler à l'hydrogène.

 

«J'adore les voitures, j'ai toujours adoré les voitures, j'en ai 12», a-t-il dit, en profitant pour glisser un mot sur sa réussite financière: «Heureusement, j'ai assez d'argent alors je peux acheter ces voitures», a-t-il dit.

 

«Detroit va rebondir. C'est un chef de file mondial de l'industrie automobile, ils ont été les No 1. Aujourd'hui, ils vivent des moments douloureux. Mais ceux qui disent qu'on devrait les laisser tomber disent des sottises» a dit Schwarzenegger.

Pour le contrôle strict des émissions polluantes

Cela étant, Schwarzenegger ne s'est pas pour autant renié. Il a réitéré que Detroit se traine les pieds dans la conception et la fabrication d'un «véhicule à émissions zéro». S'adressant à une salle bondée lors de la réunion d'ouverture du congrès des ingénieurs, il a critiqué les efforts des constructeurs américains dans ce domaine: «C'est facile de s'en tenir au statu quo, de ne pas s'aventurer trop loin et de ne pas être innovatif.» Il a ajouté que les Trois de Detroit seraient plus concurrentiels, à l'échelle mondiale, s'ils s'engageaient résolument envers les technologies vertes.

 

Il a maintenu que l'État qu'il dirige, la Californie, a raison de réclamer le droit d'avoir des normes de pollution automobile plus strictes que les normes fédérales (la Californie et 13 autres États américains jugeaient insuffisantes les normes fédérales proposées par le gouvernement républicain de George W. Bush et appuyées par les Trois de Detroit).

 

Il a dit souhaiter que le fédéral s'inspire des normes proposées par la Californie pour fixer des normes anti-pollution nationales pour l'automobile.

 

Selon lui, les administrations fédérales précédentes sont aussi à blâmer pour l'absence de politique énergétique, qui a ralenti l'innovation: «Si le gouvernement fédéral impose des normes, offre des incitatifs fiscaux et montre clairement la direction à suivre, je pense que les constructeurs automobiles agiront beaucoup plus vite.»

 

Le Gouverneur Schwarzenegger, un républicain, a appuyé les deux campagnes présidentielles de George W. Bush ainsi que ses positions les plus controversées, comme l'invasion de l'Irak et la peine de mort. Mais en matière d'environnement, il a adopté des mesures résolument à contre-courant de l'idéologie conservatrice et des politiques républicaines.

- Sources: agences de presse; Detroit Free Press; Automotive News



> Voyez l'entrevue accordée au Detroit Free Press par Arnold Schwarzenegger. Peu après la 6e minute, on le voit montrer de quoi aurait l'air la publicité qu'il a promis de faire, éventuellement, pour les Trois de Detroit.

Quelques éléments de la feuille de route du Gouverneur Schwarzenegger en matière d'Environnement (Selon Wikipédia).

- Le 13 juillet 2006, il approuve une loi pour le développement des carburants verts dans son État où roulent près de 33 millions de véhicules. La Californie devra produire elle-même 40 % de ses besoins en biocarburants d'ici à 2020.

 

- Le 30 août 2006, Arnold Schwarzenegger signe un accord avec le Parlement de Californie - à majorité démocrate - pour diminuer la production de gaz à effet de serre, mettant l'État en conformité avec le protocole de Kyoto. La loi prévoit de réduire d'un quart les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020. Des sanctions financières seront prises contre les industries qui ne respectent pas cet engagement. Un marché de permis d'émissions sera créé et contrôlé par l'Air Resources Board.

 

- Schwarzenegger a signé un partenariat inédit avec le Premier ministre britannique Tony Blair, qui s'est rendu à Los Angeles le 31 juillet 2006, afin de partager leurs connaissances sur la lutte contre les gaz à effet de serre et à promouvoir ensemble les technologies les moins polluantes. Schwarzenegger a fait de la lutte contre le réchauffement climatique un élément central de sa campagne pour être réélu.

 

- Il est réélu en 2006

 

- Le 18 janvier 2007, Schwarzenegger signe un ordre exécutif établissant une norme à faible teneur en carbone pour les carburants de transport vendus en Californie ("Low Carbon Fuel Standard"). La norme, qui doit permettre de réduire l'intensité de carbone des carburants, pour les véhicules à passager californiens, d'au moins 10% d'ici 2020, est présentée comme la première norme mondiale de limitation des gaz à effet de serre dans le domaine des carburants de transport. Elle doit permettre de réduire à la fois la dépendance au pétrole, qui représente, selon le gouverneur, 96% du carburant utilisé pour le transport en Californie, et les émissions de ces gaz à effet de serre dont plus de 40%, dans l'État, sont précisément dues aux carburants de transport.

 

- Le 26 février 2007, Schwarzenegger signe un protocole d'accord avec les gouverneurs des États de Washington, de l'Oregon, de l'Arizona et du Nouveau-Mexique, créant l'Initiative des États de l'Ouest pour une action sur le climat, et mettant ainsi en place les conditions nécessaires pour un programme régional de limitation des émissions de gaz à effet de serre et une bourse d'échange des quotas de gaz polluants.

 

- Les 29, 30 et 31 mai 2007, Schwarzenegger effectue un voyage officiel au Canada, avec une délégation de dirigeants d'affaires californiens l'accompagnant pour examiner des possibilités de collaboration en matière de commerce, de recherche et d'innovation. À Toronto, le 30 mai, il signe avec le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, une entente visant à coordonner les politiques respectives de la Californie et de l'Ontario en vue de réduire les gaz à effets de serre provenant d'automobiles et de camions - des ententes du même type existant déjà entre la Californie et les provinces canadiennes du Manitoba et de la Colombie-Britannique.

 

- Le 25 juin 2007, le gouverneur Arnold Schwarzenegger, dans le cadre d'une tournée européenne consacrée aux questions environnementales, se rend en France et rencontre le Président Nicolas Sarkozy, à Paris, au Palais de l'Élysée, pour discuter avec lui des sujets liés à la protection de l'environnement, et notamment de la lutte contre le réchauffement climatique. Le lendemain, Arnold est au 10 Downing Street et rencontre le premier ministre Tony Blair sur les mêmes sujets.

 

- Le 24 septembre 2007, le gouverneur Schwarzenegger est à New York, au siège des Nations unies, où il prononce un discours lors d'un sommet sur le climat, organisé par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Il évoque, à cette occasion, devant des représentants de 150 pays, l'engagement de l'État californien en faveur du climat, son souhait de voir la conclusion prochaine d'un nouvel accord international prenant le relais du protocole de Kyoto, et déclare notamment que, de son côté, dans le domaine climatique, «la Californie pousse les États-Unis au-delà du débat et vers l'action.»