L'arrivée du printemps signifie le retour du beau temps et des séries éliminatoires au hockey. C'est aussi le moment où la majorité des automobilistes songent à une voiture neuve. Et cette année, la chasse aux aubaines risque d'être bonne: les constructeurs n'ont jamais offert autant de rabais à l'achat d'un de leurs (nombreux) véhicules en stock.

Le mois dernier, Chevrolet a annoncé sa fourgonnette Uplander au prix d'une berline compacte: son prix de détail d'un peu plus de 24 000$ était réduit de tout près de 10 000$, dans certaines régions du Québec. Son clone de marque Pontiac, la Montana, a eu droit au même traitement, et l'offre a même été prolongée en avril par GM Canada.

 

Devant une telle aubaine - une fourgonnette au prix d'une compacte -, plusieurs consommateurs se sont immédiatement posé la même question: «Elle est où, l'arnaque?»

«L'arnaque? Il n'y en a pas, répond Steve Millette, directeur des ventes de GM au Québec. Ce sont des modèles en fin de cycle qui ne reviendront pas en 2010. Quand on a annoncé la fermeture de l'usine qui les fabrique, on en a simplement commandé une très grande quantité.» C'est ce qui a permis à GM de faire d'une pierre deux coups: réduire ses prix et écouler un inventaire qui, il y a quelques semaines à peine, était deux à trois fois plus important que la normale.

La promotion a fait son effet. GM affirme avoir presque totalement liquidé ses fourgonnettes, dans un créneau qui est pourtant en déclin depuis quelques années. Et malgré la crise que traverse le géant automobile américain. En fait, les résultats sont tels que les ventes de GM dans la province ont progressé de 9,3% en mars, par rapport à 2008. Le marché total, lui, a baissé de 4%. «Ça a été notre meilleur mois depuis longtemps», avoue M. Millette.

GM promet de poursuivre son offensive en réduisant le prix de ses plus petits modèles, comme la Chevrolet Aveo, dont le coût après rabais est sous la barre des 10 000$ - un prix qui n'a pas été vu chez Chevrolet depuis la défunte sous-compacte Swift, datant des années 80.

Des aubaines pas juste américaines

Dans l'édition d'avril du mensuel Protégez-vous, l'Association pour la protection des automobilistes (APA) a dressé un bilan de ce que pourraient être les meilleures aubaines sur le marché des véhicules neufs à l'heure actuelle. La plupart d'entre elles sont des modèles américains qui se trouvent dans des créneaux qui s'essoufflent, comme les fourgonnettes et les grosses sportives. Des véhicules qui, une fois le prix du litre d'essence reparti à la hausse, risquent de faire rager les nouveaux acheteurs.

Selon Georges Iny, porte-parole de l'APA, c'est là un impact direct des milliards de dollars que les gouvernements ont donnés à GM et Chrysler, ces dernières semaines. «L'argent reçu de l'État leur permet de liquider leurs inventaires, explique-t-il. Évidemment, Ford doit suivre le courant, ce qu'a également fait Hyundai. Cela a entraîné certaines marques importées dans le mouvement.»

En effet, quelques-unes des aubaines identifiées par l'APA tombent pile dans des créneaux privilégiés par les automobilistes québécois, comme les petites voitures et les camionnettes utilitaires. Ce qui fait qu'en plus des fourgonnettes Uplander et Grand Caravan de Chevrolet et Dodge, des modèles comme la Kia Rio, la Hyundai Elantra, la nouvelle camionnette Ram chez Dodge et même la nouvelle Mazda 3 sont offertes à prix réduit. Même certains modèles de voitures européennes valent le détour. «Une européenne d'entrée de gamme comme une Audi peut coûter moins cher qu'une japonaise de format intermédiaire, ce qui pourrait tenter certains acheteurs», dit M. Iny.

Quelques bémols

S'il n'y a pas d'arnaque à proprement parler, comme le dit General Motors, il y a cependant quelques bémols. Par exemple, des offres qui paraissent imbattables sur papier (ou sur les ondes) ont tendance à disparaître une fois chez le vendeur: le modèle annoncé n'est pas disponible pour le moment, le taux d'intérêt est anormalement élevé ou les paiements sont étalés sur de nombreuses années.

Georges Iny prévient également que certains constructeurs ont tendance à insister sur la faiblesse des mensualités et à reléguer les extras, comme un versement initial étonnamment élevé, aux (très) petits caractères. «On passe certaines choses sous silence, souligne-t-il. Par exemple, que la location n'est plus permise pour certaines marques, ou qu'un paiement aux deux semaines ne signifie pas qu'on verse seulement la moitié d'un paiement mensuel.»

Un moment historique

M. Iny considère malgré tout que les prochaines semaines sont probablement un «moment historique» pour le commerce automobile. L'APA s'attend à une hausse du prix moyen dès l'arrivée massive des modèles 2010, vers la fin de l'été. «On se le fait dire depuis 2005, mais en ce moment, ça semble vrai: les prix sont extraordinaires, et ça va probablement durer jusqu'à l'écoulement des modèles 2009. À condition de faire attention aux petits caractères...»