Alors que le gouvernement canadien s'apprête à prêter des milliards à GM et Chrysler, un rapport sur l'avenir économique du Michigan pose des questions cruciales qui le sont aussi pour l'Ontario.

Selon un groupe d'experts américains, l'industrie automobile ne sera plus jamais le moteur principal de la prospérité au Michigan, même si les GM et Chrysler échappent à la faillite. Le rapport publié à Detroit mardi prévient les autorités de l'État du Michigan de s'atteler immédiatement à la lourde tâche de préparer, attirer et retenir le talent nécessaire au passage à une économie du savoir.Et cette transition sera douloureuse, préviennent-ils.

«Le déclin de l'industrie automobile s'inscrit dans une réalité nouvelle et irréversible où le secteur manufacturier n'est plus une source durable d'emplois bien payés» peut-on lire dans le Detroit Free Press, qui cite un rapport de l'institut Michigan Future, de la ville universitaire d'Ann Arbor. «Le monde a changé fondamentalement. Ou bien nous nous ajustons aux changements, ou bien nous continuons à nous appauvrir par rapport au reste du pays.»

Les auteurs du rapport affirment que même si les Trois de Detroit (GM, Chrysler et Ford) survivent à la récession, l'industrie automobile américaine «sera bien plus petite et elle fournira des salaires et avantages bien plus petits, à bien moins de travailleurs».

Le rapport signé par deux chercheurs du Michigan ne porte pas sur l'Ontario, mais les questions soulevées concernent tout autant l'Ontario, dont la prospérité dépend en grande partie, depuis des décennies, du secteur automobile.

GM et Chrysler sont en restructuration massive supervisée par le gouvernement fédéral américain, qui leur a prêté et va leur prêter des milliards de dollars. Les filiales canadiennes de GM et Chrysler ont aussi demandé de l'aide aux gouvernements canadien et ontarien.

Ford est en difficultés, mais bien moindres, et estime qu'elle n'aura pas besoin d'aide gouvernementale directe, ni aux États-Unis ni ici.

Lou Glazer, de l'institut Michigan Future, et Donald Grimes, de l'Université du Michigan exhortent les autorités de prendre les mesures suivantes:

-Construire une culture qui valorise l'apprentissage, l'esprit d'entreprise et l'ouverture aux autres.

-Créer, grâce l'investissement public, des environnements où le talent veut vivre.

-Augmenter le financement public de l'éducation supérieure.

-Transformer l'enseignement pour l'aligner sur les réalités de la mondialisation.

-Développer un nouveau leadership des secteurs privés et publics.

«Il n'y a pas de solution-éclair. Dans l'avenir prévisible, l'économie du Michigan sera sous-performante par rapport à la moyenne nationale», prédit le rapport. «Mais il existe un chemin qui peut nous ramener à la prospérité.»