Que demande-t-on aujourd'hui aux voitures citadines? Une consommation et des rejets de CO2 aussi bas que possible. Pour ce faire, elles font appel à des moteurs de dernière génération, qui font la part belle aux technologies les plus récentes - à l'exception du dispositif d'arrêt automatique qui demeure, hélas, l'apanage des véhicules à motorisation hybride, en Amérique du Nord du moins.

En adoptant des moteurs plus modernes, les citadines élargissent aussi leur rayon d'action et se dotent de capacités routières. Le confort et l'équipement ont progressé, et l'on trouve maintenant à bord de ces sous-compactes tous les agréments des catégories supérieures.

 

La Yaris de Toyota, avec 21 578 unités, occupe le sommet du palmarès des ventes de sous-compactes au Québec. Honda lui oppose depuis quelques mois une Fit entièrement rénovée qui ambitionne de bousculer le marché.

 

Toyota et Honda jouent gros. Le marché des petites voitures est l'un de ceux qui connaissent le plus fort taux de croissance au Québec (les VUS compacts occupent la tête): il représente 22,9% du marché québécois aujourd'hui, par rapport à 16,3% en 2005. Et contre toute attente, il est moins encombré puisque neuf modèles se disputent ce créneau comparativement à 11 il y a 4 ans.

Vie à bord

Nos deux protagonistes offrent les qualités attendues d'une voiture moderne: économie, sécurité, polyvalence et agrément en ville. Grâce à un gabarit très court, une direction assistée douce et des suspensions qui ménagent un certain confort, ces deux voitures y font merveille. Leurs missions favorites sont de conduire madame ou monsieur au travail, de faire les courses ou encore d'aller chercher les enfants à l'école. Pour cela, elles offrent globalement des places arrière décentes, un coffre suffisamment accueillant (sauf celui de la Toyota) et modulable grâce au dossier rabattable. Elles ne craignent pas non plus de prendre la route, où elles démontrent, dans certains cas, d'étonnantes aptitudes. En outre, leur moteur produit plus de 100 chevaux. De quoi offrir, considérant leur poids respectif, des accélérations honnêtes et des reprises suffisantes pour assurer des dépassements sécurisants. Bref, elles se disent bonnes à tout faire... et s'annoncent difficiles à départager.

On a beau l'avoir visité cent fois, l'habitacle de la Yaris étonne toujours. Son bloc d'instrumentation central rend la «planche» (ce terme est ici plus approprié que tableau) de bord plutôt austère. Par contre, un examen plus attentif révèle des rangements songés et une ergonomie soignée.

Les portières de la Fit s'ouvrent sur un univers fort différent. Son tableau de bord moucheté d'appliques cherche, comme ses nombreux rangements, à nous en mettre plein la vue. Et c'est plutôt réussi, surtout que le grand pare-brise apporte un peu de clarté à une présentation chargée par rapport à celle de la Yaris.

Mais, pour se démarquer de ses rivales, la Honda mise avant tout sur sa modularité. Dans ce domaine, rarement a-t-on vu un habitacle aussi bien aménagé. Un poussoir permet d'escamoter la banquette arrière bien à plat contre le plancher, sans se soucier des appuie-tête qui se glissent sous les sièges avant. Ensuite, il suffit de repositionner les dossiers des baquets avant, et vous disposez d'un volume de chargement record, pour une voiture de ce format s'entend. De plus, la Honda offre une garde de toit qui permet de charger facilement les objets volumineux, et l'angle d'ouverture accru de ses portières antérieures facilite l'accès et la sortie. Dans ce domaine, la Yaris ne fait pas le poids. Avec elle, vaut mieux oublier l'idée de jouer les déménageurs. Le coffre est minuscule et il faut se résigner à condamner les places arrière.

Dans un cas comme dans l'autre, on regrette de ne pas trop savoir quoi faire de l'encombrante tablette de coffre, une fois les places arrière sacrifiées. Une idée comme ça: pourquoi ne pas avoir conçu un rideau souple coulissant dans le sens de la largeur, comme celui qui équipait jadis le duo Matrix-Vibe?

Au chapitre de l'habitabilité, la Fit propose, et de loin, les places arrière les plus spacieuses, surtout pour les jambes. Les sièges les plus confortables aussi.

Performances générales

Agile, dotée d'une direction légère et d'un moteur généreux à bas régime, la Toyota, plus encore que la Fit, adore la ville. Son diamètre de braquage inférieur (voir la fiche comparative) et son format de poche en font la reine des rues étroites et des espaces de stationnement réduits. Cependant, et c'est tant mieux, la Yaris conserve une certaine assurance au moment de quitter la ville, et peut aujourd'hui être qualifiée de routière tout à fait fréquentable. Bien sûr, elle se laisse toujours un peu intimider quand il vente, mais c'est beaucoup moins dramatique qu'à l'époque où elle se faisait appeler Echo.

La Fit se montre aussi très à l'aise sur les boulevards et les artères achalandés. Toutefois, sa direction vive et rapide ne manquera pas de surprendre un peu; elle contribue grandement à l'agilité de la Fit qui, comme la Yaris, se gare sur un mouchoir de poche. En revanche, sa boîte automatique a suscité certaines réactions négatives de la part de l'un de nos essayeurs, qui lui a reproché son manque de souplesse.

C'est sur la route que la Fit fait étalage de tout son talent. Non seulement, enchaîne-t-elle les virages avec naturel et aisance, mais elle s'est avérée subjectivement la plus agréable à conduire, d'après notre groupe d'essayeurs. Sur ce terrain, la Yaris éprouve de la difficulté à suivre le rythme et, de plus, sa suspension filtre les irrégularités de la chaussée avec autant de douceur qu'un marteau-pilon. La Fit procure un meilleur confort mais, dans la catégorie, il y a mieux (Versa, Accent) pour les vertèbres.

La Fit et la Yaris font toutes deux appel à un moteur de 1,5 litre, mais là s'arrêtent les comparaisons. Celui de la Toyota compte deux arbres à cames et celui de la Honda un seul. Le moteur de la Fit, fidèle à la philosophie de ses créateurs, s'exprime mieux à haut régime. Le 1,5 litre de Toyota, cependant, fait bon ménage avec la boîte automatique (à quatre rapports) en ville, mais atteint plus rapidement ses limites une fois sur les voies rapides. La Yaris offre aussi une meilleure autonomie (réservoir de carburant plus grand et consommation moindre) que la Fit.

Enfin, au chapitre de la sécurité active et passive, la Fit a un net avantage sur sa rivale. En effet, la Honda propose de série tous les dispositifs de sécurité, alors que Toyota les offre en option.

Budget

Malmenée par sa concurrente aux deux précédents chapitres («vie à bord» et «performances générales»), la Yaris prend sa revanche dans notre section budget. D'une part parce que la Toyota propose une gamme plus étendue (choix de carrosseries), des tarifs plus attrayants et est appuyée par une politique commerciale nettement plus dynamique (taux d'intérêt plus avantageux) que la Fit. Ce qui, pour plusieurs acheteurs, est un motif suffisant pour la préférer à la Honda. Si cette question financière ne pèse pas plus lourd que le pointage que nous lui accordons (5 points), dans ce cas, la victoire revient à la Fit, qui se révèle plus polyvalente, plus sure et plus agréable à vivre au quotidien.