Voici les extraits les plus importants du discours prononcé lundi par le président américain Barack Obama, en réponse aux plans de restructuration présentés par GM et Chrysler.

«Depuis quelques mois, mon groupe de travail sur l'automobile examine les demandes d'aide additionnelle de General Motors et Chrysler, de même que leurs plans de restructuration, de modernisation et de retour à la compétitivité.

D'années en décennies, des problèmes ont été balayés sous le tapis et des choix difficiles ont été remis à plus tard, pendant que la concurrence étrangère nous doublait sur la route.

Eh bien, nous voici à la fin de ce chemin.

Nous ne pouvons pas laisser notre secteur automobile disparaître et nous ne le ferons pas. Mais nous ne pouvons plus tolérer les mauvaises décisions. Et nous ne pouvons fonder la survie de notre secteur automobile sur une transfusion sans fin d'argent public.

Ces compagnies et cette industrie doivent redevenir viables, sans devoir vivre au crochet de la société.

Quand le gouvernement fédéral a consenti des prêts d'urgence à GM et Chrysler, à la fin de 2008, c'était pour éviter leur écroulement soudain et c'était à la condition expresse qu'elles produisent des plans de restructuration. Conformément à cette entente, chaque société a remis son plan.

Mais après analyse minutieuse, nous concluons que ni l'un ni l'autre ne va assez loin pour justifier les considérables investissements supplémentaires demandés. J'annonce donc aujourd'hui que mon gouvernement offre a GM et Chrysler un sursis pour négocier avec leurs créanciers, syndicats et autres partenaires une restructuration fondamentale qui, cette fois, mériterait un appui additionnel des contribuables; un délai où GM et Chrysler doivent produire des plans donnant au peuple américain des raisons de croire en leurs perspectives à long terme.

Cette demande est dure. Elle oblige ces compagnies à des choix difficiles. Elle exige des syndicats et des travailleurs d'autres concessions douloureuses, en plus de celles déjà consenties. Elle force les créanciers à reconnaître qu'ils ne peuvent plus s'accrocher à l'espoir d'une suite infinie de sauvetages gouvernementaux.

C'est seulement à ces conditions que nous demanderons un nouvel effort au contribuable américain, qui a déjà défrayé tant d'argent gagné à la sueur de son front.

General Motors

Permettez-moi donc d'énoncer les conditions présentées aux constructeurs automobiles demandant l'aide du contribuable, en commençant par General Motors. GM a fait un effort de bonne foi depuis plusieurs mois, mais son plan de restructuration, dans sa forme actuelle, ne suffit pas.

Toutefois, après consultation de nombreux experts de l'automobile et de la finance, j'ai la certitude que GM peut se redresser, si elle se restructure en profondeur. D'abord, GM annoncera aujourd'hui la démission de son président, Rick Wagoner. Cela n'est pas un blâme à M. Wagoner, qui a consacré sa vie à GM. C'est plutôt la reconnaissance qu'il faut une vision et une direction nouvelles pour créer la GM de l'avenir.

Dans ce contexte, mon gouvernement offre à GM le capital nécessaire pour fonctionner durant les prochains 60 jours. Pendant ce temps, mon équipe travaillera en étroite collaboration avec GM pour produire un meilleur plan d'affaires.

Ils devront se demander : GM a-t-elle consolidé assez de marques déficitaires? A-t-elle assaini sa comptabilité ou demeure-t-elle trop endettée pour financer ses investissements futurs ? Et surtout, a-t-elle créé un modèle crédible, assurant non seulement sa survie, mais aussi son succès dans un marché mondial concurrentiel?

Je veux être clair : le gouvernement des États-Unis n'a ni l'intérêt ni l'intention de gérer GM. Ce que nous voulons, c'est donner une occasion à GM de faire les changements indispensables pour qu'elle sorte de cette crise plus forte et plus concurrentielle.

Chrysler

Chrysler est un plus grand défi. Non sans grandes réticences, nous avons conclu, après un examen méticuleux et réaliste, que Chrysler a besoin d'un partenaire pour être viable. Il y a quelque temps, Chrysler a trouvé un partenaire potentiel en la firme internationale Fiat, dont la direction actuelle a réussi un redressement impressionnant. Fiat est disposée à transférer sa technologie de pointe à Chrysler. Après consultation avec mon équipe, Fiat s'est engagée à construire de nouveaux véhicules et moteurs à haute efficacité énergétique, ici aux États-Unis.

Nous avons aussi conclu une entente qui assure que Chrysler remboursera entièrement ses emprunts au contribuable, avant que Fiat soit autorisée de devenir actionnaire majoritaire de Chrysler.

Cela étant, cette entente requiert une nouvelle injection de fonds publics et plusieurs embûches doivent être surmontées. Je m'engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour examiner si cette entente peut se réaliser dans des termes respectant les intérêts des contribuables américains.

Voilà pourquoi nous accordons 30 jours à Chrysler et Fiat pour surmonter ces obstacles et conclure une entente finale; nous fournirons à Chrysler le capital adéquat pour fonctionner durant ce temps. S'ils arrivent à une entente viable qui protégé les intérêts du contribuable américain, nous considérerons de prêter jusqu'à 6 milliards de dollars pour les aider à réussir. Mais en l'absence d'une telle entente ou d'un autre partenariat viable, il nous serait injustifié d'investir des deniers publics additionnels pour garder Chrysler en affaires

Faillite

Chrysler GM sont très différentes et leurs routes respectives, dans l'avenir, le sont aussi. Mais toutes deux ont besoin de nouveau départ pour mettre en application leurs restructurations respectives. Il pourrait être nécessaire d'utiliser de notre code de faillite et d'insolvabilité, pour accélérer leurs restructurations et, à terme, mener à des firmes plus fortes.

Je sais que la simple mention du mot «faillite» est un peu troublante, alors permettez-moi de m'expliquer : il s'agit ici d'utiliser notre structure légale comme un outil qui, avec l'appui du gouvernement américain, peut aider General Motors et Chrysler à éliminer rapidement de vieilles dettes qui les alourdissent, afin de se remettre sur pied et retrouver le chemin du succès. Un outil que nous pouvons utiliser, tandis que les travailleurs gardent leur emploi et continuent d'assembler des voitures qui continuent d'être vendues.

Il ne s'agit aucunement d'un processus par lequel une compagnie est dépecée, vendue et réduite à néant. Et il ne s'agit pas non plus d'envoyer une compagnie devant les tribunaux durant des années.

Garantie gouvernementale

J'espère que les mesures que j'annonce aujourd'hui répondent à la plupart des interrogations sur l'avenir de GM et Chrysler. Mais au cas où un doute demeure, je vous le dis aussi clairement que possible : si vous achetez une voiture de Chrysler ou de GM, vous pourrez la faire entretenir ou réparer comme avant. Votre garantie est sûre.

En fait, elle est plus sûre que jamais. Parce qu'à partir d'aujourd'hui, le gouvernement des États-Unis garantit votre garantie.»

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Pour plus de détails sur l'avenir de l'industrie automobile américaine:

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