Un ancien banquier suisse, Don Juan mythomane et maître chanteur durant ses temps libres, a été condamné à six ans de prison aujourd'hui après avoir avoué en cour qu'il avait séduit, fait chanter et obtenu des millions de l'héritière de l'empire BMW, Susanne Klatten.

Helg Sgarbi a été immédiatement envoyé en prison lundi pour fraude et tentative d'extorsion, après que la cour eût entendu comment il avait filmé secrètement ses rencontres amoureuses avec Mme Klatten à l'hôtel, puis avait menacé la riche héritière de publiciser les vidéos compromettantes à moins qu'elle lui remette 49 millions d'euros.

 

Sgarbi a été surnommé le «gigolo suisse» par la presse allemande, l'an dernier, quand Mme Klatten a elle même rendu l'affaire publique, plutôt que de céder aux menaces de chantage de son amant. Elle avait révélé l'existence des films tournés à son insu par Sgarbi et la tentative d'extorsion dont elle faisait l'objet.

 

Sgarbi, un ancien banquier d'affaires de la banque Crédit suisse, a admis en cour avoir séduit Mme Klatten et trois autres femmes, qu'il a persuadé de lui verser 10 millions d'euros, grâce à diverses histoires inventées. Une des fables imaginées par Sgarbi était qu'il avait des ennuis avec la mafia italienne.

 

«Je regrette ce que j'ai fait» a dit Sgarbi au tribunal de Munich, d'une voix sans émotion. «Je demande pardon à ces femmes.»

 

Susanne Klatten est la femme la plus riche d'Allemagne et fait partie de la famille Quandt, qui détient le plus important bloc d'actions de BMW. Le magazine financier Forbes estime sa fortune équivaut à 10 milliards de dollars US, et la place au 68e rang des personnes les plus riches au monde. Outre ses 12,5% de BMW, elle possède aussi la moitié de la firme de chimie Altana.

 

La blonde aux yeux bleus de 46 ans, mère de trois enfants, a fait la connaissance de Sgarbi en juillet 2007, dans un centre de conditionnement physique des Alpes autrichiennes. Après quelques semaines de courriels et d'appels téléphoniques pleins de déclarations d'amour, M. Sgarbi a ravi le coeur de la blonde héritière et les deux amateurs de fitness se sont engagés dans une liaison clandestine.

 

Traducteur de métier, Helg Sgarbi avait dit à Mme Klatten être conseiller spécial du gouvernement suisse, négociateur dans les zones de guerre. Durant le procès, le juge a lu des extraits de son curriculum vitae, comprenant une lettre de recommandation élogieuse de la banque d'affaires Crédit suisse, qui le décrit comme un spécialiste des fusions et acquisitions.

 

Peu de temps après le début de la liaison, le casanova suisse a raconté à la richissime teutonne une histoire inventée et a invoqué leur amour pour lui demander son aide: lors d'un voyage aux Etats-Unis, dit-il, il a grièvement blessé une fillette dans un accident de voiture. Sans les millions de Susanne, il ira en prison, plaide Helg. Quelques jours plus tard, Mme Klatten lui remet une grosse boîte de carton dans laquelle sont empilés 7 millions d'euros en billets de 500 euros.

 

Tant qu'à y être, l'entreprenant suisse demande à la milliardaire de quitter son mari et de financer leur nouvelle vie grâce à un transfert de 290 millions d'euros dans son compte bancaire. Quand Suzanne refuse et coupe court à leur liaison, Helg lui envoie les vidéos de leurs ébats filmés à l'hôtel et exige 49 millions d'euros, sans quoi le résultat du tournage sera envoyé à son mari et aux médias.

 

Mais Helg a mal jugé Susanne, qui fait fi de la menace de scandale et porte immédiatement plainte à la police, qui arrête le séducteur-maître chanteur.

 

M. Selgi a plaidé coupable ce matin, mais il n'a pas révélé où est l'argent extorqué ni les vidéos.

 

Les aveux de Sgarbi ont toutefois épargné à Susanne Klatten, qui a vu l'affaire largement exposée dans les médias allemands, un déplacement devant le tribunal pour témoigner face à son ancien amant.

 

L'enquête a révélé qu'au moins trois autres femmes riches et plus âgées que lui ont aussi vécu la même mésaventure avec M. Selgi. Il leur a extorqué 2,4 millions d'euros.

 

Des journaux locaux avaient indiqué que Sgarbi avait cherché à justifier ses actions par la vengeance, invoquant le travail forcé de son grand-père juif dans des usines de la famille Quandt durant la seconde guerre mondiale. Mais aucune mention de ce passé allégué n'a été faite aujourd'hui en cour.

 

La dynastie Quandt avait des liens étroits avec le parti nazi et a amassé une fortune en fournissant au régime les uniformes de l'armée allemande et du chemin de fer national. La première femme du grand-père de Mme Klatten a plus tard dans sa vie marié le chef de la propaganda nazie, Joseph Goebbels.