Une vraie américaine, dirait un certain Bob Gratton. Un look dépareillé qu'on réserverait à des voitures assemblées en petit nombre, une présence sur la route comme à nulle autre pareille, une gamme de moteurs pour plaire à tous les styles de conduite : en un mot comme en mille, la berline Charger ne laisse personne indifférent. On peut trouver plein de raisons pour ne pas l'acheter, mais le contraire est aussi vrai.

Si Chrysler ne s'est jamais distingué pour la fiabilité de ses produits, il faut reconnaître qu'au chapitre du design, ce constructeur a donné un sérieux coup dans les dents à la concurrence par son audace et son originalité. Pensez-y un instant : Viper, PT Cruiser, Prowler, 300, Caliber et, plus près de nous, la berline Charger et le coupé Challenger. Pendant ce temps, GM prend au moins quatre ans à produire une Camaro ! Il faut se rappeler que la Charger a été concoctée pendant que Daimler était le maître de céans.

 

On a donc laissé une équipe américaine travailler sur un look rétro qui plairait aux baby-boomers et leurs descendants pendant qu'une autre plancherait sur la structure. Et c'est une plateforme, des suspensions, une boîte automatique à cinq rapports et quelques autres éléments de Mercedes-Benz qui dorment là-dessous. Ça vous remonte un taux de fiabilité ! Et vous qui pensiez que tout ce qui était visible de Mercedes était le régulateur de vitesse.

 

QUELLE BROCHETTE DE MOULINS !

 

Il y en a pour tous les goûts, selon que vous recherchez un simple moyen de transport ou le grand frisson. D'entrée de gamme, on retrouve le V6 multisoupapes de 2,7 litres de 190 chevaux accouplé à une boîte automatique (il n'y a aucune manuelleà quatre rapports. Un intérieur au minimum et un prix tout juste au-dessus des 20 000 $. On a le look mais pas les prétentions athlétiques.

 

Pour un peu plus de prestations, il faut passer au 3,5 litres de 250 forces : un V6 qui accomplit un boulot raisonnable avec une boîte Autostick, cette fois à cinq rapports. Des accélérations bien senties, un intérieur mieux aménagé et même la traction intégrale en option porteront la facture autour des 30 000 huards. De plus en plus intéressant, mais il faudra prévoir une allocation de dépenses pour l'essence.

 

Passons aux choses sérieuses : que diriez-vous d'un V8 de 5,7 litres de 370 chevaux afin de mettre votre permis en péril à chaque sortie ? C'est ici que vous apprendrez qu'il y a des endroits spécifiques pour vous exprimer sans mettre la vie de quiconque en danger : nous vous conseillons quelques visites à ces soirées où des accélérations sont au menu dans un cadre des plus sécuritaire. Il vous en coûtera quelques gros billets de plus, et ici, on ne parle plus de facture d'essence, mais de prime au plaisir.

 

Reste le nirvana de la performance, le SRT-8, avec un ronflant moulin de 6,1 litres dans la plus pure tradition Hemi, un indécent 425 forces et 430 livres de couple. La même cylindrée que dans le Challenger. Le taux de torticolis sur votre passage sera impressionnant.

 

Sans vouloir vous faire la morale, relisez le paragraphe précédent si vous voulez éviter le doigt accusateur et les gyrophares. La principale différence entre la Charger d'autrefois et les nouvelles, si puissantes, c'est qu'il y a maintenant des pneus radiaux accrocheurs - jusqu'à 20 pouces -, des freins Brembo mordants, une suspension indépendante qui garde le véhicule au sol et une traction intégrale qui pardonnera dans bien des cas et vous sortira d'embarras en hiver.

UN INTÉRIEUR BÂCLÉ

 

Si c'est ce qu'on appelle respecter la Charger originale, les designers ont fait aussi dénudé que dans les années 1970 : les panneaux de plastique et l'aménagement intérieur laissent l'acheteur éventuel sur sa faim. Similaire au modèle police, qui doit être aménagé après l'achat.

 

Hormis quelques appliques dans les modèles haut de gamme, on aimerait un peu plus d'esthétique. Une bonne note toutefois pour les passagers arrière qui auront suffisamment d'espace en raison de la hauteur du pavillon. La hauteur de ceinture laisse entrevoir un coffre de bonne taille.

 

Le Charger est du genre qu'on loue pour quelques années, le temps que la mode de ces modèles rétro passe. Comme la Magnum, qui n'est déjà plus au catalogue. Et fiez-vous à Chrysler et Dodge pour vous impressionner avec un nouveau modèle accrocheur.

 

Cet essai est tiré du livre L'auto 2009, disponible à La librairie.

Couverture du livre L'Auto 2009 des éditions La Presse.