Si une Aston Martin à 300 000 $ vous rebute, que diriez-vous de payer la moitié moins pour rouler dans un coupé deux places ou un roadster du même constructeur ? C'est possible avec la nouvelle V8 Vantage, qui se pose en rivale directe d'une Porsche 911. Et ce n'est pas la sportivité qui lui fait défaut. C'est même l'athlète de la famille, celle au volant de laquelle on a envie de faire les pires folies.

On eût dit un flash-back, comme au cinéma. J'avais 20 ans, j'étais délinquant, fataliste et irresponsable, et je défiais les forces de l'ordre comme celles de la nature. Rivé au parechocs arrière d'une Aston Martin V8 coupé sur une route californienne où la plus longue ligne droite n'avait pas 100 m, je cherchais la moindre occasion de doubler mon collègue au volant de la version cabriolet de la même voiture.

Tantôt à 100 km/h, tantôt à 200, le moteur de mon Aston se déchaînait tandis que la transmission Sportronic ne cessait de faire rebondir le compte-tours pour exploiter pleinement la moindre étincelle des 420 chevaux réfugiés sous le capot avant de ma monture. Après 20 minutes de ce jeu dangereux, j'avais appris que la V8 Vantage est une des voitures sport les plus stimulantes qu'il m'a été donné de conduire. Pas question ici de grand tourisme, comme dans une DB9 ou une DBS.

La petite Aston est une sportive accomplie qui, au cours du petit galop raconté ci-dessus, a fait un bond spectaculaire dans mon estime. En effet, mon premier essai avait été décevant ; les 380 chevaux promis semblaient avoir pris congé et le couple donnait l'impression d'être dosé à la petite cuillère.

Il semble bien qu'Aston Martin en ait pris conscience, puisque son moteur V8 a vu sa cylindrée passer de 4,3 à 4,7 litres et la puissance de 380 à 420 chevaux. Quant au couple, il a progressé de 15 % à 346 livres-pieds. La liste des révisions est cependant beaucoup plus longue, de sorte qu'entre un modèle 2006 et 2009, c'est comme le jour et la nuit.

LA LÉGENDE RENAÎT

Quand on pense que la prestigieuse marque anglaise était au bord de l'abîme il y a sept ans avec une production d'une centaine de voitures à peine, il faut applaudir sa résurrection marquée par les 7300 voitures fabriquées l'an dernier. Sachant très bien que la ligne hautement appréciée des Aston actuelles devra un jour faire l'objet d'un restylage, la nouvelle direction a construit récemment un nouveau studio de design à Gaydon, en Angleterre, près de son usine.

Sous une robe inchangée pour l'instant, la V8 reçoit en plus d'un surcroît de puissance, une boîte robotisée recalibrée et une suspension légèrement raffermie. À une agilité incroyable, la voiture ajoute une précision de conduite exceptionnelle qui permet de conduire comme je l'ai raconté plus haut avec beaucoup d'aisance. Le contrôle de la traction n'intervient qu'en toute dernière instance, ajoutant au plaisir de négocier des virages serrés à vive allure. La rapidité de la boîte séquentielle est aussi fort appréciée dans ces conditions.

La Vantage bondit littéralement d'un virage à l'autre avec célérité malgré la légère pause qu'accuse la transmission bimode. Et si jamais on traverse un tunnel, il faut s'empresser d'abaisser une fenêtre pour profiter de cet amplificateur naturel du son rageur du moteur V8. Notons au passage que le cabriolet, avec sa suspension adoucie qui abaisse d'un cran la précision de conduite, est carrément moins sportif que le coupé.

Comme tous les châssis en aluminium très rigides, les difformités de la route s'entendent davantage au volant de cette Aston Martin et la direction télescope aussi les inégalités du revêtement. Malgré une conduite débraillée, jamais les freins n'ont lâché prise.

LE REVERS DE LA MÉDAILLE

Au revers de la médaille, j'ai trouvé le starter un peu lent et la petite fenêtre de gauche incorporée à l'indicateur de vitesse est trop petite pour être lisible. La nationalité britannique de l'engin se manifeste aussi dans les commutateurs de glaces électriques qui fonctionnent à l'envers de la normale.

Le confort des sièges ne conviendra pas non plus à tout le monde, et surtout, ils sont implantés beaucoup trop bas. Quant à la consommation moyenne de 14,6 litres aux 100, elle est strictement imputable à une conduite immodérée. Pour en prendre bonne note, Aston a prévu un joli stylo qui s'éjecte du tableau de bord près des nombreux espaces de rangement.

Finalement, le pare-soleil est trop étroit pour être utile et le petit miroir sans rabat au revers vous renvoie la face d'un conducteur ébloui. Même si je suis un porschiste engagé, je serais prêt à commettre une infidélité avec cette Aston Martin V8 coupé. Elle est aussi passionnante à conduire et sa ligne est irrésistible. Quant à la fiabilité, on verra...

Cet essai est tiré du livre L'auto 2009, disponible à La librairie.

Aston Martin V8 Vantage 2009

Couverture du livre L'Auto 2009 des éditions La Presse.