Quand Barack Obama arrivera à l'aéroport d'Ottawa, jeudi matin, il ne fera pas la queue au comptoir Hertz, comme vous et moi, pour avoir les clefs de son auto de location.

Il s'engouffrera dans la toute nouvelle limousine présidentielle que les Services secrets américains fournissent au président. La Cadillac blindée a autant de points communs avec un tank qu'avec une auto.

>> Découvrez la limousine de Barack Obama de façon interactive, présentée sur le site du quotidien Libération.

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C'est GM qui fournit depuis la Première Guerre Mondiale la limousine au président américain, mais la plus récente n'a plus rien en commun avec celle de l'époque innocente d'avant John Kennedy, où les présidents se promenaient en voiture ordinaire ou même en décapotable.

Surnommée «La Bête» par les agents qui assurent la protection rapprochée du président, la toute nouvelle limousine présidentielle est officiellement une Cadillac, mais elle est bâtie à partir de plusieurs plate-formes GM et comprend même le même blindage que la division militaire de GM utilise dans les véhicules de combat livrés à l'armée américaine. Évidemment, il y a aussi de nombreux gadgets qui semblent sortis du laboratoire de «Q», le scientifique qui fournissait ses gadgets à l'agent 007 dans les films de James Bond.

L'extérieur de la Bama-Mobile reprend les lignes des Cadillac STS et DTS, mais la carrosserie est bâtie sur le chassis du camion mi-lourd Topkick, de GM. À l'extérieur, on reconnaît des pièces empruntés à divers modèles Cadillac: les phares viennent de l'Escalade, la calandre et les feux arrières viennent de la STS. Le blindage consiste en plaques d'acier double, d'aluminium, du titane et des matériaux composites de céramique censés résister à tout projectile atteignant la voiture.

À l'intérieur, le mobilier de cuir est le même que celui de la CTS. Le très ample habitacle aménagé pour les passagers, à l'arrière, est presque un salon, mais équipé d'équipement de bureau rétractable. Assis à l'arrière, le président (et ses garde-du-corps) ont une excellente vue de l'extérieur.

S'il faut croire les renseignements diffusés par le gouvernement américain, les portières offrent 8 pouces de blindage et chacune pèse autant qu'une porte de Boeing 757. Fermées, les portières scellent hermétiquement la limousine et un approvisionnement en oxygène protège le président et les autres occupants de la limousine contre une éventuelle attaque chimique. Ce qui veut dire que le président, en théorie, pourrait passer sur la 40 à côté des raffineries de Montréal-Est sans sentir l'odeur d'oeufs pourris qu'on respire encore certains jours.

Les pneus renforcés de Kevlar ne peuvent crever ni se déchirer, mais en plus, les roues d'acier spéciales sont faites pour rouler même sans pneus. La voiture transporte toujours une réserve de sang de M. Obama.

Pour ce qui est des gadgets d'espion, il y a des lance-grenades lacrymogènes, un système anti-incendie, des fusils de gros calibre et des caméras infrarouge permettant de voir la nuit. Ça, évidemment, c'est juste ce que les Services secrets avouent.

Autant de sécurité implique des compromis: s'il faut en croire ce que GM dit, la Bama-Mobile ne fait que 60 milles à l'heure (96 km/h) et son efficacité énergétique est pire que celle du Hummer H2, soit 8 milles au gallon (29,4 L/100 km).

C'est le président Obama qui a étrenné la nouvelle limousine présidentielle. La Bush-Mobile, une Cadillac DTS présidentielle, était en service depuis 2004.

Contrairement à la croyance répandue, les limousines blindées n'ont pas commencé après l'assassinat du président Kennedy en 1963. Dès 1938, les deux Cadillac Eldorado présidentielles avaient un épais blindage, un arsenal de combat et d'amples réserves de munitions.