Rares sont les «Porschistes» qui osent soumettre leur précieuse monture aux affres de l'hiver.

La très grande majorité des 911, l'icône de la marque, passent la saison des neiges bien emmitouflée sous une bâche au fond d'un garage. Même avec les versions à traction intégrale (Carrera 4 et 4 S), l'hiver sied mal à ces sportives de haute volée et leurs propriétaires choisissent de les mettre à l'abri des avatars que représente la conduite sur des routes hasardeuses.

La marque allemande essaie pourtant de renverser la vapeur et de convaincre sa clientèle qu'il n'y a pas seulement son modèle Cayenne (un VUS) qui peut triompher des embûches de l'hiver. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on prête gaiement aux membres de la congrégation journalistique les Porsche les plus sportives en espérant que ces messieurs dames propageront la nouvelle voulant que l'on puisse se tirer d'affaire au volant d'une 911 ou d'une Boxster même quand la météo vous dit de la laisser à la maison. A-t-on raison de vouloir faire de ces dernières des voitures quatre saisons?

Où est le plaisir?

Je dirais que non, mais pas nécessairement parce qu'elles sont difficiles à conduire sur des routes glissantes ou inadaptées aux rigueurs de l'hiver. La principale raison qui m'inciterait à laisser la clé sur le clou est que tout l'agrément que l'on éprouve à conduire une Porsche s'envole dès les premiers flocons de neige. La férocité des accélérations, la poigne du freinage, la ténacité de la tenue de route sont autant de petits plaisirs qui prennent congé quand on roule entre deux congères.

Déjà que l'agrément de conduite est sérieusement hypothéqué avec nos routes délabrées et nos limites de vitesse, imaginez ce qu'il en reste entre décembre et avril?

À ces déplaisirs s'ajoute le regard suspect des automobilistes qui vous regardent comme le « pauvre Porschiste » qui a tout investi dans sa 911 et qui n'a plus d'argent pour s'acheter une voiture hivernale convenable ou, bien sûr, une vraie Porsche tout temps comme le Cayenne.

Cet adieu au plaisir est encore plus désolant si la voiture est dotée de la nouvelle transmission séquentielle PDK qui, au simple toucher d'un bouton, enchaîne les 7 rapports de la boîte de vitesse à une allure hypersonique. Il serait, par ailleurs, exagéré d'affirmer que les coupés ou cabriolets Porsche sont à mettre au rancart aux premiers signes de l'hiver. On peut très bien se débrouiller à leur volant, surtout s'il s'agit d'un modèle à 4 roues motrices.

Un régime de tempérance

L'aspect dynamique mis à part, les 911 pêchent aussi par la lenteur de leur dégivrage arrière, des commandes de chauffage trop petites et difficiles à repérer tout au bas de la console centrale tandis que l'habitabilité convient mal à notre encombrant attirail vestimentaire hivernal.

Je m'en voudrais de terminer sans souligner une qualité rarement mise en valeur chez des voitures sportives, soit la consommation d'essence. Avec l'adoption de l'injection directe dans ses modèles 2009, Porsche a, comme promis, réussi à rendre ses moteurs 6 cylindres à plat beaucoup plus tempérants. Ainsi, à 80 km/h, j'ai eu la surprise de lire un 7,9 litres aux 100 km sur l'ordinateur de bord tandis que la consommation moyenne totale pour une semaine (ville et route) avec quelques accélérations bien senties s'est élevée à 10,9 litres aux 100 km. Vivement le retour de l'été.