Certaines mauvaises langues prétendent que les seules Kia Amanti qui roulent au Canada circulent près de l'ambassade de Corée à Ottawa. Facile... Même s'il est vrai que cette pseudo-limousine ne court pas les rues, reste que sa diffusion n'a pas toujours été aussi homéopathique. Pour preuve, il y a deux ans, 214 unités ont trouvé preneurs seulement au Québec.

Pas mal considérant la mission qui lui incombait, à savoir se frayer un chemin parmi le beau linge de l'industrie. Une - petite - percée sans lendemain puisque, dès l'année suivante, les ventes se sont effritées de 86,4% dans la Belle Province. Une contre-performance qui s'observe partout ailleurs au pays. Est-ce à dire que l'Amanti a raté son entrée dans le monde très fermé du haut de gamme?

 

Il ne fait aucun doute que le manque de noblesse de la marque est en grande partie responsable de cet échec (ou succès en demi-teinte, si vous préférez). On peut aussi montrer du doigt sa ligne, un brin caricaturale. Même si la partie avant se veut, au dire de ses concepteurs, de style «classique européen», elle ne parvient qu'à imiter maladroitement une berline conçue du côté de Stuttgart. De profil, la ligne paraît un peu massive mais peut revendiquer le qualificatif de limousine, avec une surface vitrée au-dessus de la porte arrière nettement plus grande qu'à l'avant. Quant à la partie postérieure, elle joue l'arrondi sur un registre un peu suranné, à l'exception de la très large lunette arrière. Il faut le reconnaître: cette impression purement subjective est loin d'être partagée par les Coréens, à en juger par le succès de cette voiture dans son pays.

Née des restes de Mitsubishi Debonnair, l'Amanti jette des paillettes dans les yeux de ceux qui considèrent encore que la qualité d'une automobile se mesure à la quantité de ses accessoires et à l'espace qu'elle occupe sur la route. Et ça marche. Pour un temps. L'intérieur se veut résolument haut de gamme, avec le cuir grège des sièges et la console en bois. Sur la contre-porte, trois petits boutons représentant un siège (assise, dossier, appuie-tête) évoquent là encore Mercedes, à ceci près que celui réservé à l'appuie-tête est... factice. On se surprend ensuite à regarder dans le rétroviseur si personne n'est assis sur la banquette arrière, tant on se sent dans le rôle de chauffeur.

L'Amanti possède (mais à moindre coût) tous les attributs de luxe des grandes berlines de prestige. Jugez par vous-même: sellerie de cuir, vrai bois, volant multifonction, instrumentation à diode électroluminescente, baquets chauffants et réfrigérés, climatisation automatique à réglages séparés, régulateur de vitesse, lecteur de disques compacts, phares au xénon, rideaux gonflables... L'Amanti ne se refuse rien pour faire riche. Sauf qu'en regardant de plus près, certains détails détonnent comme les vis cruciformes apparentes par endroits, ou encore le plastique dur sur la façade du tableau de bord. Pas vraiment haut de gamme, tout ça!

Le soufflé retombe après quelques kilomètres passés au volant.

Vrai, l'Amanti ne beurre pas très épais sur le plan technique. Pourtant, ce véhicule a fait l'objet d'une refonte salutaire il y a deux ans. Son V6 a gagné en cylindrée et se révèle plus puissant (268 ch.) et légèrement plus économique (moyenne 12,1 L/100 km) que la mécanique autrefois de service. De plus, la boîte a gagné un rapport et en compte dorénavant cinq.

Si les liaisons au sol ont été entièrement revues, l'Amanti avale les virages avec peu de gourmandise. Cela se traduit par une direction qui manque de consistance, un comportement sous-vireur et molasse et un châssis qui n'a pas la rigidité des concurrents. Vous constaterez bien assez vite qu'elle peine non seulement à contenir les mouvements de sa caisse, mais aussi à faire oublier son poids qui engendre beaucoup d'inertie, et son manque d'agilité à se plier à ce genre d'exercice. L'Amanti préfère vous promener sur de longs (et monotones) rubans d'asphalte où on lui reconnaît alors une bonne stabilité et une prédisposition certaine à avaler sans effort les kilomètres qui s'étirent devant elle. Seul le bruit du vent au contact du soubassement (origine inconnue) vient légèrement troubler le silence de cathédrale qui règne à bord.

L'essai n'est pas un coup de maître. L'Amanti n'a pas le raffinement, ni le blason (et la valeur de revente assortie), ni la qualité du service après-vente de ses rivales. Seulement une garantie plus généreuse et la promesse de vous offrir, pour une fraction du prix, toutes les petites douceurs des - vraies - grandes.

 

KIA AMANTI

L'ENJEU

Le luxe à prix accessible.

POUR Y ARRIVER

Des accessoires à la pelle.

LE CÔTÉ INSOLITE

Le style «passé de mode».