Après tout, c’est un quatre cylindres japonais, allié à une boîte de rapports à variation continue: autrement dit, il est performant à très haut régime et la transmission aime bien l’amener à exploiter cette zone de régime où il livre son maximum.

Hormis ces légers détails d’ordre purement accessoire, on n’a aucune idée de toute la technologie bicéphale très sophistiquée qui se cache sous le capot. C’est d’ailleurs là toute l’ironie de l’affaire: il semble bien que le meilleur moyen de vendre la technologie hybride soit de la dissimuler si bien qu’elle soit pratiquement invisible aux yeux de l’automobiliste. Sauf, peut-être, lorsque ce dernier constate qu’il se rend à la pompe un peu moins souvent.

C’est en tout cas le pari de Toyota. C’est avec cette stratégie que le constructeur nippon compte atteindre son objectif de vendre un million d’hybrides par an d’ici quatre ans.

De toute façon, il semble que les acheteurs de voitures hybrides soient prêts à en payer le prix, l’argument écologique justifiant le débours additionnel. Après tout, à consommation comparable, la Prius coûte le double du prix d’une Yaris cinq portes, une sous-compacte très populaire au Québec dont les dimensions sont légèrement moindres que celle de sa consoeur hybride.

Une voiture peut en cacher une autre

D’ailleurs, pour distinguer la Camry hybride de la Prius, toutes deux officiellement dans le marché des voitures de taille intermédiaire, Toyota joue la carte de la transparence. Celle-ci est une vitrine technologie intimidante pour qui n’est pas familier avec l’électronique des voitures modernes. La Camry, au contraire, n’a de distinctif qu’un cadran indiquant l’état du groupe électrique sur le tableau de bord.

Au volant, il est obligatoire de s’habituer à ne pas entendre la cylindrée rouler, puisqu’elle n’est pas toujours sollicitée au démarrage, ni même sous la barre des 25 km/h. Une fois celui-ci en action, il faut par contre se faire à son cri haut perché, lorsque la voiture accélère.

Coûteuses, les hybrides?

Le prix de la Camry hybride sera de 32 000. C’est beaucoup plus que le prix de départ de la Camry à moteur quatre cylindres, à 26 000. Au Canada, environ trois Camry sur quatre sont vendues avec cette cylindrée sous le capot.

Évidemment, Toyota Canada précise que la Camry hybride est davantage comparable à une Camry V6 avec un équipement optionnel un peu plus généreux que la version de base. Dans ces conditions, la surprime fond rapidement, la Camry V6 de base se détaillant pour 29 400.

Dans ces conditions, l’économie de carburant théorique de la Camry hybride s’avère très intéressante: la consommation annoncé du groupe propulseur de 187 chevaux est évaluée à 5,7 litres aux 100 kilomètres, en ville comme sur l’autoroute. En réalité, elle se situe plus près des 8 litres aux 100 km.

En chiffres absolus, c’est beaucoup, même si c’est moins que ce que la Prius a réussi à faire l’an dernier, avec 107897 unités vendues. C’est tout de même le quart de l’ensemble des véhicules hybrides qui seront vendus en Amérique du Nord en 2006, puisque ce marché devrait s’établir à environ 240000 unités, selon les prévisions.

Par rapport à 2005, ce sera encore un marché en croissance, d’environ 20%, ce qui est bien au-delà de la moyenne de l’industrie des véhicules neufs, dont la croissance cette année sera, au mieux, nulle, chez nos voisins du Sud. Au Canada, impossible de savoir comment évolue le marché des véhicules à propulsion hybride, puisque l’industrie refuse de publier les données à cet effet. On ne peut que conjecturer, à partir de bribes comme celles émises, de temps en temps, par Toyota Canada.

Quoi qu’il en soit, les attentes par rapport à la Camry hybride sont élevées, au pays. Pour un, le concessionnaire Chassé Toyota, à Montréal, a bien hâte d’en recevoir quelques exemplaires, à en croire la rumeur parmi ses employés. On comprend pourquoi: le concessionnaire du Plateau Mont-Royal s’autoproclame le plus important détaillant de voitures hybrides au Canada.

Toyota a pris le pari de vendre annuellement plus d’un million de véhicules à propulsion hybride dans le monde d’ici 2010. Contre vents et marées, semble-t-il, puisque de plus en plus de critiques s’élèvent contre la technologie bicéphale privilégiée par Toyota: trop coûteuse, pour une économie de carburant qui déçoit, clament ses détracteurs. C’est un défi que la marque japonaise entend attaquer à bras-le-corps, en mettant en marché, ce mois-ci, une version hybride de l’automobile la plus vendue en Amérique du Nord, la Camry.

Quoi qu’en disent les critiques, la popularité des hybrides au États-Unis et au Canada semble croître à un rythme soutenu, à mesure que la technologie s’améliore. «Dans le cas de la nouvelle Camry hybride, nous estimons qu’il s’en vendra environ 2500 au Canada d’ici la fin de l’année», affirme Stephen Beatty, responsable de la mise en marché pour Toyota Canada. Ce qui représenterait environ 9%, des ventes des «autres» Camry, estimées à 25 000 pour 2006. «C’est une proportion moins importante que pour les VUS hybrides que nous vendons déjà, mais en termes de volume, ça représente beaucoup plus», précise M. Beatty, en référence aux VUS Highlander et RX, de Toyota et Lexus. Leurs contreparties hybrides comptent pour 20% et 17% des ventes respectivement.

Les hybrides séduisent de plus en plus

Aux États-Unis, Toyota Motor s’attend à ce que les ventes de la Camry hybride atteignent 15% du volume total de ventes de la berline intermédiaire. Comme il s’en est vendu 433 703 unités en 2005, cela signifie qu’il pourrait se vendre plus de 65 000 Camry hybrides aux États-Unis d’ici la prochaine année.