Les premières élèves de cet esprit libre ont été les femmes de sa famille: sa femme –«si je tombe malade, elle peut m’emmener à l’hôpital»– et ses trois filles, dont sa cadette, Sofia.

Les femmes au volant n’ont pas toujours été une exception en Afghanistan. Du temps du régime prosoviétique, dans les années 80, elles conduisaient dans Kaboul, mais pas en province. Puis le régime des talibans est passé par là, faisant des femmes des emmurées vivantes.

Aujourd’hui, les rares Afghanes qui conduisent travaillent souvent pour des ONG et agences étrangères, et viennent de familles aisées. Selon M. Ziaee, sur les 3000 élèves ayant suivi sa formation d’auto-école (60 pour 40 jours) ces trois dernières années, il n’y avait qu’une centaine de femmes.

Chaque chauffeur de taxi, chaque conducteur, chaque piéton qu’elle croise la dévisage avec étonnement et insistance: Sofia Ziaee n’a que 14 ans, mais surtout, elle est au volant... Une rareté en Afghanistan, où les femmes sachant conduire restent l’exception.

Sur les 17000 permis de conduire déliùvrés dans toute la région de Kaboul l’année dernière, seuls 85 l’ont été à des femmes.

Le père de Sofia, Abdul Shokoor Ziaee, a ouvert une auto-école peu après la chute des talibans, qui avaient interdit aux femmes de conduire. Il note une légère augmentation de sa clientèle féminine ces derniers temps, et s’en réjouit: «Plus de femmes devraient apprendre à conduire, parce que les hommes et les femmes ont les mêmes droits. Et l’Afghanistan se développe, il avance.»