Assis dans son siège, les mains posées sur la jante de volant, le propriétaire de l’un ou l’autre de ces trois utilitaires met peu de temps à savourer ce doux plaisir de dominer de la tête aux épaules à peu près tout ce qui roule autour de lui. Un moment magique, mais de courte durée. Au quotidien, la conduite de ces trois baroudeurs n’est pas toujours de tout repos.

L’auteur tient à remercier Claude Rémillard de sa participation, ainsi que la direction de la Sablière Alain Grégoire de Saint-Valentin.

Bien entendu, face au H3 ou encore au FJ Cruiser, le Xterra ne fait pas tourner les têtes sur son passage. En revanche, il est celui qui offre – et de loin – la meilleure vue sur le monde extérieur. Un atout dont ne peuvent se targuer le Hummer et le Toyota. Dans un cas comme dans l’autre, la petitesse des glaces (et l’immense roue de secours perchée sur le battant arrière) rend les déplacements urbains particulièrement pénibles. Un radar de stationnement aurait été bien utile. Par chance, il est offert en option sur le FJ Cruiser. N’hésitez pas une seconde à vous en procurer un. Quant au H3, pas de chance: il n’en offre même pas en option. Prudence, donc!

Chouette la bouette

Assis dans son siège, les mains posées sur la jante de volant, le propriétaire de l’un ou l’autre de ces trois utilitaires met peu de temps à savourer ce doux plaisir de dominer de la tête aux épaules à peu près tout ce qui roule autour de lui. Un moment magique, mais de courte durée. Au quotidien, la conduite de ces trois baroudeurs n’est pas toujours de tout repos.

Aux commandes du H3, l’envoûtement opère, mais seulement au ralenti. Dès que le pied droit presse lourdement l’accélérateur, le Hummer perd un peu de superbe. Les 220 chevaux de son cinq cylindres de 3,5 litres font l’impossible pour le propulser hors du champ de vision des badauds, mais on sent bien que ce n’est pas facile. Il faut dire que le poids élevé du H3 ne rend pas la tâche aisée. Et les reprises sont tout aussi laborieuses. En clair, le H3 apparaît comme sous-motorisé. Et la présence, de série, d’une boîte manuelle à cinq rapports, ne permet pas de tirer un meilleur parti de la mécanique. Bénéficiant il est vrai d’un rapport poids-puissance plus avantageux, le FJ Cruiser est beaucoup plus vif et met près de trois secondes de moins à faire les 0-100 km/h. Mais les performances du 4 litres de Toyota ne parviennent pas à éclipser celles du Xterra: non seulement, il signe les meilleures accélérations et reprises, mais c’est aussi le plus économe d’essence. Bien que sa commande de boîte ne soit pas aussi souple que celle offerte par Toyota, ce Nissan profite d’un étagement plus serré qui permet d’exploiter tout le potentiel de sa mécanique. De plus, il s’est avéré le moins bruyant de notre match comparatif. Sur le plan dynamique, le Xterra se révèle, une fois de plus, le plus convaincant des trois. Plus facile à garer que les deux autres, le Nissan est sans contredit le plus civilisé. Sa direction transmet avec plus de précision le travail des roues directrices que celle du FJ Cruiser et plus encore que celle du Hummer, trop démultipliée.

Sur l’asphalte parsemé de trous et de bosses, le H3 l’emporte d’une courte tête. On lui reconnaît un confort certain à basse vitesse et ses suspensions peu sonores filtrent assez bien les légères irrégularités. Le FJ Cruiser fait presque aussi bien, mais ses mouvements de caisse, moins bien contrôlés, le pénalisent aussitôt que le rythme s’accélère, alors que le Xterra se laisse plus aisément malmener sur les raccords et autres déformations de la chaussée.

Budget

Contre toute attente, au terme des deux premiers rounds de cette confrontation, c’est le Xterra qui arrive en tête. Une position à laquelle il s’accrochera jusqu’à la fin. Une victoire signée Nissan en raison de sa plus grande homogénéité, de sa fourchette de prix plus serrée et de son équipement plus complet. Le FJ Cruiser aurait sans doute eu une chance de lui ravir cette première place s’il s’était montré plus à son aise sur route et aussi moins pingre au chapitre des accessoires. Comme c’est hélas trop souvent le cas chez Toyota, une visite du côté des accessoires optionnels s’impose pour obtenir ce qui, dans cette catégorie de prix, apparaît comme essentiel (régulateur de vitesse, essuie-glace de lunette arrière, etc.). Quant au Hummer, on peut aisément comprendre l’intérêt qu’il suscite auprès des amateurs. Imaginez un peu: 39 995 pour un Hummer, n’est-ce pas une véritable aubaine? On se procure un Hummer pourquoi au juste? Pour l’image avant tout. Si le pouvoir de cette marque représente un avantage certain face aux deux autres, cela ne représente pas un gage de succès pour autant, comme en fait foi sa troisième place au classement….

À bord du Hummer, c’est différent. Une fois grimpé à bord, on découvre une ambiance assez classique, qui n’a rien de spartiate, malgré un tableau de bord en plastique dur et le manque de rangement. Les aumônières encastrées dans le bas des portes, minces comme des fentes de boîtes aux lettres, sont juste assez vastes pour loger deux disques compacts. Néanmoins, la présentation d’ensemble est plutôt réussie. La jante de volant bien grasse, les aérateurs de type persiennes, la console centrale habillée d’un placage imitation titane et dotée de molettes de climatisation en caoutchouc créent une ambiance moderne et civilisée. En prime, la finition apparaît très correcte.

Bien que sa présentation manque cruellement de cachet (on a l’impression d’avoir vu et revu cet habitacle des dizaines de fois), le Xterra tire admirablement bien son épingle du jeu en proposant des commandes simples à atteindre et à manipuler, des espaces de rangement nombreux et pratiques et un coffre logeable et ingénieux avec ses 10 (oui! nous les avons tous comptés) attaches et crochets d’arrimage. À cela s’ajoute la galerie de toit qui permet d’entreposer, sous clé, du matériel boueux et mouillé. Bien vu.

Mais, contrairement à ce que leurs dimensions extérieures laissent supposer, nos trois protagonistes ne sont pas des rois de l’habitabilité. L’accès aux places arrière du Hummer et du Toyota n’est guère aisé. Le H3, en raison de son plancher haut et du faible angle d’ouverture des portes. Le FJ Cruiser, lui, en raison de ses portières à ouverture antagoniste et son faible dégagement pour les jambes (près de 100 mm de moins que ses adversaires). De plus, pour ajouter au sentiment de claustrophobie ressenti à bord du Toyota, mentionnons l’immuabilité des glaces latérales arrière. Le Xterra fait-il mieux? Pas vraiment. Sa garde au toit est inférieure à celle des deux autres et, hormis le dégagement pour les jambes et les hanches à l’avant, ses cotes intérieures souffrent de la comparaison avec ses deux rivales du jour.

Les roues du Toyota FJ Cruiser plongent dans les déclivités, s’accrochent au mauvais chemin terreux. Il n’a pas souvent subi un tel traitement. À quelques mètres de là, entre le bassin artificiel et le serpentin de boue qui mène au sommet de la colline, le Hummer H3 et le Nissan Xterra n’en mènent guère plus large. C’est que nous avons voulu vérifier les assertions des constructeurs de ces véhicules qui prétendent qu’à leur bord, la route ne s’arrête jamais.

Surplomber la route (ou la piste) le sourire aux lèvres, au-dessus de la mêlée, puissamment secondé par un moteur au couple faramineux. Mépriser les éléments dans un sentiment de sécurité maximal. Voilà l’art de vivre que proposent les trois protagonistes de ce match. De quoi leur pardonner un gabarit imposant dans la cité, une solide soif d’hydrocarbures (voir notre tableau) et des performances générales souvent quelconques? Assurément pas. Mais l’idée ici n’est pas d’interrompre le procès des 4x4, ni d’amplifier le mépris de leurs détracteurs. On est d’accord?

Cela dit, le FJ Cruiser ouvre les portes de l’aventure avec bien plus de magie que le H3 ou que le Xterra. Non pas que le Hummer ou le Nissan déçoivent par la qualité de leur réalisation, au contraire. Mais à trop vouloir ressembler à des berlines bon chic bon genre, le H3 et le Xterra rassurent plus qu’ils ne séduisent. En revanche, s’asseoir dans un FJ Cruiser suffit pour donner envie d’endosser le costume d’Indiana Jones. Mélange de simplicité, de technologie et de référence à l’univers du FJ40 des années 60, le design intérieur allie style et fonctionnalité.