Physiquement, aucun risque de se méprendre, il s'agit bien d'une Corvette. La partie avant, fluide, toute en rondeurs, rappelle vaguement celle d'une Ferrari ou encore d'une Viper avec ses lentilles transparentes. La partie arrière est moins réussie, trop empesée et trop ramassée. Il faut dire que cette nouvelle génération est plus courte (-132 mm) et plus étroite (-25 mm) que la précédente. Elle est aussi – par chance – plus légère.

Physiquement, aucun risque de se méprendre, il s'agit bien d'une Corvette. La partie avant, fluide, toute en rondeurs, rappelle vaguement celle d'une Ferrari ou encore d'une Viper avec ses lentilles transparentes. La partie arrière est moins réussie, trop empesée et trop ramassée. Il faut dire que cette nouvelle génération est plus courte (-132 mm) et plus étroite (-25 mm) que la précédente. Elle est aussi – par chance – plus légère.

Résumons: plus racée, plus pure, plus aérodynamique (ses paupières ne battent plus une fois la nuit venue), la nouvelle Corvette arbore également une rigidité et une fonctionnalité accrues. Elle est cependant moins spacieuse pour les passagers comme pour les bagages. Toujours affligé d'un seuil de chargement élevé et d'un hayon difficile à agripper, le coffre du coupé a vu sa capacité réduite de 702 à 634 litres. Les espaces de rangement ne sont pas légions non plus, et les concepteurs ne se sont visiblement pas creusés les méninges bien longtemps pour essayer d'innover dans ce domaine.

Les sièges joliment sculptés maintiennent confortablement en place. Le tableau de bord aligne une instrumentation complète, visuellement intéressante et facile à consulter, de même que des commandes disposées en toute logique. Détail: il n'est plus nécessaire d'enfiler un gant de baseball pour recouvrir le pommeau du levier de vitesse.

Malgré la voix caverneuse que font entendre les échappements du ralenti aux 6000 tours de la zone rouge, cette sixième génération est de loin la plus civilisée, la plus agréable et la plus facile à conduire. Solidement ancrée au sol (l'antipatinage lui évite de cirer sur place), la Corvette procure un sentiment – bien réel – de sécurité et de stabilité. Par contre, on peut s'interroger sur la pertinence d'offrir trois degrés d'amortissement, vu les maigres différences observées entre eux. De plus, le déflecteur avant subit toute une raclée à la moindre ondulation du terrain.

La Corvette retient toujours les services du dispositif antidérapage «Active Handling», qui s'ajoute à l'antipatinage et à l'antiblocage standard. Ce système peut actionner individuellement chacun des quatre freins à disque, voire réduire le couple du moteur pour éliminer tout dérapage. Il possède même un mode «performance», qui désactive seulement l'antipatinage. Le système fonctionne à merveille, et il est fortement conseillé pour la conduite sur chaussée détrempée ou glissante.

Trois suspensions sont proposées à l'éventuel acheteur: base, F55 et Z51. La F55 paraît le meilleur compromis, étant donné l'état de notre réseau routier. Si vous ne craignez pas de vous tordre les vertèbres, alors la Z51, avec ses pneumatiques plus performants et ses combinés ressorts-amortisseurs plus rigides, représente le nec plus ultra pour tirer toute la quintessence de la machine. Surtout que vous obtiendrez en prime des freins surdimensionnés et une boîte manuelle à l'étagement plus court encore.

Précis, le châssis de la Corvette demande tout de même un temps d'adaptation. Long et lourd museau, large croupe bien posée au sol, la Corvette envoie au train arrière de quoi «dialoguer» avec l'asphalte. Une fois qu'on a compris que cette propulsion sait se caler franchement et progressivement – même en cas de débordement de puissance et en désactivant son antipatinage – la confiance s'instaure entre la bête et son pilote. On profite alors de cette brutalité, pour apprécier la bestialité empreinte de précision de la belle. Car elle sait ciseler savamment la trajectoire, plaçant, sur un filet de gaz, ses hanches avec une étonnante finesse.

Le moteur de 6 litres à culbuteurs, tout en aluminium, est presque aussi performant qu'un V8 à arbre à cames en tête de conception récente. Il produit 400 chevaux et déploie sa puissance avec aisance tout en demeurant alerte à très faible régime. Qu'il soit assisté d'une boîte manuelle à six vitesses (étonnamment souple) ou de l'automatique à quatre rapports, il se plaît à plisser les deux gros Good Year montés à l'arrière.

La Corvette nous fait changer de monde, ouvre les portes du rêve et apporte un «méchant» plaisir de conduire avec un naturel déconcertant. En contrepartie, elle n'aime toujours pas la ville, à cause de son encombrement important, de son diamètre de braquage de camion (on le dirait pourtant plus court) et par peur d'une vilaine rayure de citoyen malveillant.

Cette sixième génération démontre la fabuleuse somme de passion, d'acharnement et de talent de l'équipe de concepteurs. Ils ont réalisé une voiture sport remarquablement complète et raffinée, qui offre sans doute le meilleur rapport qualité/prix/performance que l'on puisse trouver actuellement sur cette planète.