À la fois familiale légèrement surélevée à transmission intégrale, berline de luxe performante et voiture de tous les jours à six places, la Classe R explore à son tour le thème du véhicule multi-usages. Était-ce bien nécessaire ? À trop vouloir réunir des caractéristiques a priori contradictoires, le constructeur allemand donne l'impression de s'être égaré un peu.

À la fois familiale légèrement surélevée à transmission intégrale, berline de luxe performante et voiture de tous les jours à six places, la Classe R explore à son tour le thème du véhicule multi-usages. Était-ce bien nécessaire ? À trop vouloir réunir des caractéristiques a priori contradictoires, le constructeur allemand donne l'impression de s'être égaré un peu.

Imposante, musclée et confortable, la Classe R réunit tous les ingrédients nécessaires pour plaire au public américain, marché pour lequel elle a été conçue. La voiture est d'ailleurs assemblée aux États-Unis à un rythme, souhaite-t-on, de 50 000 unités par année. C'est peu, mais l'opération est logique et rentable dans la mesure où la R partage sa plateforme et ses mécaniques avec des modèles techniquement très proches (ML et future Classe G). Mais contrairement à ces deux modèles, la R n'a aucune prétention hors route.

Imposante et pourtant très affinée (coefficient de traînée aérodynamique de 0,31) avec ses passages de roues marqués, ses optiques ovoïdes et son petit pli qui remonte sur les flancs, cette Classe R a un éclat peu commun. Derrière les immenses portières (attention aux espaces restreints), nous attendent six baquets individuels, installés en trois rangées. Quatre d'entre eux peuvent s'escamoter en un tournemain pour augmenter le volume de chargement jusqu'à 2044 litres. Cependant, lorsque les six baquets sont occupés, la soute à bagages ne peut contenir que 266 litres, soit l'équivalent d'une sous-compacte... Pourquoi ne pas avoir fait en sorte que le baquet du passager avant puisse s'escamoter ou ne pas avoir ajouté le filet à bagages (170 $) aux caractéristiques de série  ?

Vos bagages seront peut-être à l'étroit, mais rassurez-vous, vos passagers, eux, voyageront comme s'ils étaient à bord d'une limousine. Sauf ceux qui se trouveront complètement derrière où l'accès est problématique et où le dégagement est compté. Tableau de bord revêtu de matériaux légèrement moussés, volant en cuir multifonctions, ronce de noyer, compteurs fuselés  : tout respire la qualité et le raffinement chez cette Classe R. Avec juste ce qu'il faut de sportivité comme c'est actuellement la tendance chez Mercedes. Excepté les articulations un peu toc des coffrets de rangement et certains accostages imprécis, c'est la grande classe.

On se sent d'autant mieux à son bord si on débourse les 3195 $ exigés par le concessionnaire pour ensoleiller l'habitacle du grand toit ouvrant en lamelles ou encore permettre, moyennant un supplément de 390 $, aux glaces de la troisième rangée de s'entrouvrir.

Voilà bien l'ennui- encore une fois- avec cette Mercedes  : les options. Elles sont nombreuses, coûteuses et, hélas pour votre portefeuille, parfois indispensables. Comme cette aide électronique au stationnement (1575 $) qui permet de garer votre Mercedes sans craindre de plisser ses tôles.

Comme sur la ML, la Classe R adopte le sélecteur à impulsion « Direct Select » qui exige un certain temps pour pleinement l'apprivoiser. Il faut prévoir autant de temps pour décoder le fonctionnement de certains des nombreux accessoires de cette voiture. Une lecture approfondie du manuel du propriétaire s'impose.

Une grande voyageuse

Même si elle partage ses composantes mécaniques avec les utilitaires de la gamme Mercedes, cette Classe R joue la carte de l'agrément sur route et des longues distances. Et du sport aussi, avec la sortie récente d'une version AMG qui promet d'être le TGV de la gamme.

Pour ses débuts sur le marché canadien, la Classe R offre le choix entre un six-cylindres de 3,5 litres et un V8 de 5 litres. À très court terme (printemps 2006), l'offre s'enrichira d'une mécanique turbodiesel et, bien sûr, du V8 6,3 litres de 510 chevaux qui entraînera la version AMG.

Histoire d'améliorer son triste bilan écologique (voir notre tableau), le motoriste allemand peaufinerait la mise au point d'un moteur hybride (mi-essence, mi-électricité) qui sera vraisemblablement proposé au cours de l'année-modèle 2008.

Même s'il n'est pas dénué de volonté, le V6 3,5 litres éprouve un peu de difficulté à remuer la R de sa position statique, surtout lorsque tous les sièges sont occupés. Pour déplacer plus de 2,2 tonnes sans effort, le V8 de 5 litres est plus approprié, mais, attention, il consomme. Que du super par dessus le marché. Silencieux, linéaire et généreux en couple, ce gros V8 envoie sa puissance avec une transmission à sept rapports dont le rendement est irréprochable. Sans hésiter, en douceur et toujours à bon escient, cette boîte s'adapte par surcroît au style de conduite de tous.

Lourde, empesée, incapable de braquer court et guidée par une direction un peu « collante » à basse vitesse, la Classe R déteste aller en ville. Par contre, dès que l'horizon se dégage, cette Mercedes s'éclate et son poids pachydermique ne se ressent presque plus.

Toujours efficace avec ses quatre roues motrices permanentes et ses suspensions pneumatiques (oui, une autre option), la Classe R maîtrise admirablement bien ses mouvements de caisse et reste toujours digne, même lorsque la cadence augmente au-delà de la vitesse légale permise.

Le freinage manque un brin d'agressivité peut-être, mais les distances de freinage sont tout à fait raisonnables compte tenu du poids de l'auto.

Harmonieuse de ligne et dynamique de comportement, la Classe R s'inscrit dans une niche que l'on dit très prometteuse (Audi et BMW proposeront sous peu une nouveauté dans ce créneau) et susceptible d'intéresser une clientèle qui juge sans doute la Classe E 4-Matic familiale trop conventionnelle et la ML trop aventurière. Y a-t-il vraiment 50 000 consommateurs dans cette « nano-niche » ? Mercedes le croit, nous, on doute.