La première Quattroporte (la «quatre portes») est née en 1963, un modèle alors unique en son genre, car Maserati était le seul constructeur de sportives d'exception à proposer une limousine sport. Dessinée par Frua, cette première Quattroporte est suivie en 1976 par la Quattroporte de Bertone, puis, en 1978, par celle de Giugiaro.

La première Quattroporte (la «quatre portes») est née en 1963, un modèle alors unique en son genre, car Maserati était le seul constructeur de sportives d'exception à proposer une limousine sport. Dessinée par Frua, cette première Quattroporte est suivie en 1976 par la Quattroporte de Bertone, puis, en 1978, par celle de Giugiaro.

Première Maserati habillée par Pininfarina depuis 1954, la nouvelle Quattroporte reprend certains éléments de style propres à des modèles antérieurs, notamment le capot long, la grande calandre en gueule de requin frappée du fameux trident et les trois ouïes latérales, un clin d'œil à la Berlinetta, première création de Pininfarina pour Maserati. Classique, élancé et racé, le style de l'italienne ne laisse pas indifférent et ses proportions rappellent celles d'une certaine Jaguar XJR. Très loin du style torturé de BMW et plus fine que la Mercedes Classe S, la Maserati Quattroporte reste fidèle au concept du Grand Tourisme à l'italienne. Seul bémol à ce tableau flatteur, le dessin plutôt anonyme de l'arrière.

Sur le plan mécanique, Maserati a opté pour un V8 de 4,2 litres dérivé du merveilleux V8 de la Ferrari 360 Modena. Accroissement de la cylindrée (de 3,6 à 4,2 litres) et modifications diverses se traduisent par l'augmentation du couple et l'amélioration de la souplesse, conditions essentielles dans le créneau de l'automobile de prestige. Quant aux performances, avec 400 chevaux et 333 livres-pied de couple sous le pied droit, le conducteur de la Maserati a droit à des prestations fort convenables malgré un poids en marche frisant les 2000 kilos.

Si le moteur ne soulève aucune critique, la boîte de vitesses robotisée laisse franchement à désirer. Actionnés par des palettes logées derrière le volant, les changements de vitesses nécessitent un apprentissage qui ne plaira pas à une clientèle habituée à un automatisme sans faille. La boîte séquentielle à six vitesses de la Quattroporte est largement inspirée de la boîte F1 qui anime la Ferrari 360 Modena. En mode Normal et en mode Sport, son maniement ne pose pas de problème, mais en mode Automatique, les choses se gâtent: à-coups et hésitations en feront sourciller plusieurs.

Cette déficience risque-t-elle de compromettre le succès de la belle italienne en terre d'Amérique? Si l'on en croit les chiffres avancés par Maserati, le lot de 600 voitures destinées à l'Amérique du Nord est déjà pré-vendu. En outre, Maserati prévoyait construire quelque 4000 Quattroporte pour 2005, dont près de 2000 destinées à notre continent, ce qui représente moins de 5 p. 100 du marché de la voiture de luxe. Le pari de Maserati: compte tenu de la faible production prévue, il existe suffisamment de fervents de la marque et d'amateurs de limousines sport pour qui la boîte séquentielle ne posera pas de problème. Les autres – les inconditionnels de l'onctuosité parfaite – devront tout simplement aller ailleurs!

Pour le reste des considérations mécaniques, précisons que la Quattroporte fait encore confiance à l'acier, contrairement à sa rivale, la Jaguar XJR à structure en aluminium. La caisse d'une rigidité exemplaire est dotée d'une suspension adaptative en continu (Skyhook) à doubles bras transversaux, favorisant la conduite sportive. Comptant sur l'expérience de Ferrari en la matière, les concepteurs de la Quattroporte ont choisi une répartition inégale du poids entre les essieux avant et arrière avec la formule 47/53, soit légèrement plus sur l'arrière que sur l'avant, ce qui procure à la voiture l'agilité d'une berline sport. Pour obtenir un tel résultat, le moteur est très reculé et la boîte de vitesses est accolée au pont arrière, à la manière de la Corvette.

Passons à présent à l'intérieur pour remarquer une belle sellerie en cuir livrable en trois couleurs, assortie de bois précieux offert aussi en trois essences. Mais là où le bât blesse, c'est ce volant tout de noir vêtu, ce tableau de bord sans charme portant de vulgaires aérateurs en plastique et une ergonomie parfois douteuse. Heureusement que la belle montre en forme d'amande vient enrichir cet ensemble peu digne du design italien. En outre, le généreux empattement de plus de trois mètres permet de loger à l'arrière deux superbes fauteuils inclinables qui procurent une ambiance raffinée.

Ligne séduisante, curriculum enviable, motorisation noble et comportement routier d'une véritable GT témoignent de la renaissance d'une grande marque italienne. Reste à régler cette boîte récalcitrante et à enjoliver cette planche de bord pour permettre à la Maserati de rejoindre et même de dépasser la plupart de ses rivales.