Chung Mong-Koo, le président de Hyundai Motor, a gardé la tête basse quand les procureurs de Séoul l'ont accusé de détournement de fonds la semaine dernière. L'homme le plus riche de Corée saura en 2007 s'il ira en prison.

Chung Mong-Koo, le président de Hyundai Motor, a gardé la tête basse quand les procureurs de Séoul l'ont accusé de détournement de fonds la semaine dernière. L'homme le plus riche de Corée saura en 2007 s'il ira en prison.

L'arrestation de M. Chung est au centre d'une année misérable pour Hyundai et sa filiale Kia Motors, les plus importants constructeurs d'automobiles de Corée. La construction d'usines en Europe et aux États-Unis a été retardée; la mise au point de nouveaux modèles a ralenti; les grèves ont coûté plus de 2 milliards US en production perdue; et le won plus fort a rogné l'avantage de prix dont jouit l'entreprise par rapport à des concurrents dont Toyota.

Le titre de Hyundai a chuté de 30 % cette année, faisant disparaître en fumée 6,3 billions de wons (6,8 milliards US) en capitalisation boursière tandis que la valeur de l'action de Kia a diminué de près de la moitié. On est loin de 2005 lorsque les ventes et le titre de la société étaient en pleine ascension, M. Chung promettant de faire de Hyundai le cinquième constructeur d'automobiles au monde au plus tard en 2010. Les perspectives demeurent sombres.

«Pas question d'acheter le titre en ce moment», lance Lee Geun Youn, qui participe à la gestion d'environ 1 milliard US en actifs chez Tong Yang Investment Trust Management, y compris des actions de Hyundai. «Aucun nouveau grand modèle n'est proposé à la clientèle, ajoute-t-il, alors il n'y a rien pour stimuler les ventes et le prix de l'action. Il n'y a pas de bonnes nouvelles à l'horizon.»

Les bénéfices de Hyundai ont chuté de 47 % au troisième trimestre par rapport à un an plus tôt, soit à 282,8 milliards de wons, pire chute du bénéfice depuis 2001. Pour sa part, Kia a subi une perte de 43,9 milliards de wons au cours des trois mois terminés le 30 septembre dernier, sa première perte depuis 1998.

L'appréciation du won affecte les profits du constructeur en réduisant la valeur rapatriée des ventes à l'étranger. Chaque gain de 1 % de la devise coréenne réduit les bénéfices de l'année de Hyundai de 2 % et de 4,7 % chez Kia, selon une estimation de Merrill Lynch.

«Le plus gros obstacle pour nous maintenant est la devise», admettait récemment Ahn Yong, vice-président de la division du marketing des marchés étrangers de Hyundai.

Les exportations constituent le gros des ventes des deux entreprises et elles ont formé 57 % des revenus de Hyundai au cours des neuf premiers mois de l'année et 73 % de ceux de Kia.

Le won s'est apprécié de près de 9 % par rapport au dollar américain cette année, performance qui vient au deuxième rang parmi 15 devises de la région Asie-Pacifique. Le yen a reculé de 0,5 % par rapport à la devise américaine au cours de la même période.

L'appréciation du won a forcé Hyundai à hausser le prix de sa sous-compacte Accent deux fois depuis septembre de l'année dernière, ce qui fait que cette voiture est maintenant plus chère que la Yaris de Toyota aux États-Unis. En septembre dernier, le prix de détail suggéré de l'Accent était de 12 565$US, soit 5,4 % de plus que le prix de la Yaris. Un an plus tôt, l'Accent coûtait 3 % de moins que la Yaris, précise la société.

Hyundai accuse du retard sur ses objectifs de ventes cette année, ce qui a incité M. Chung à demander à son personnel ce mois-ci de trouver des moyens de contrer les effets de la hausse du won.

En octobre, Hyundai a vendu 7438 berlines Sonata aux États-Unis, soit le nombre le plus bas depuis janvier 2005, la nouvelle Camry de Toyota ayant ravi des clients à la compagnie coréenne. Les parts de Hyundai sur le marché américain ont baissé à 2,4 % en novembre après avoir un sommet, à 3,2 %, en juillet dernier.

«La chute des parts de marché de Hyundai aux États-Unis m'inquiète vraiment, et il semble que ce ne soit pas un problème temporaire», indique Lee Keon Hak, qui participe à la gestion d'environ 650 millionsUS en actifs chez CJ Asset Management, à Séoul. M. Lee dit qu'il a réduit sa participation dans Hyundai Motor au cours des derniers mois.