Jelinek, qui a une résidence à Baden, près de Vienne, et une autre à Nice, est curieux de voir en personne ce fameux moteur à combustion interne inventé par l'Allemand Gottlieb Daimler. Rappelons que c'est en 1890 que Daimler a fondé Daimler-Motoren-Gesellschaft (DMG) ; son compatriote Karl Benz, créateur de son propre moteur monocylindre, s'est lancé en affaires en 1883 sous le nom Benz & Cie.

Jelinek, qui a une résidence à Baden, près de Vienne, et une autre à Nice, est curieux de voir en personne ce fameux moteur à combustion interne inventé par l'Allemand Gottlieb Daimler. Rappelons que c'est en 1890 que Daimler a fondé Daimler-Motoren-Gesellschaft (DMG) ; son compatriote Karl Benz, créateur de son propre moteur monocylindre, s'est lancé en affaires en 1883 sous le nom Benz & Cie.

Emil Jelinek se rend donc à Cannstatt pour visiter l'usine Daimler. Il y commande sa première Daimler, animée par un moteur bicylindre de six chevaux. Vitesse de pointe : 24 km/h. Très rapidement, l'audacieux Jelinek trouve que ça ne roule pas assez vite et demande à Daimler de lui construire deux voitures pouvant atteindre 40 km/h. Les deux Daimler Phoenix à moteur quatre cylindres de huit chevaux lui sont livrées en 1898.

Séduit par ses acquisitions, Emil Jelinek décide de faire la promotion de ces machines dans les milieux qu'il connaît bien, ceux de la haute finance et de l'aristocratie. Il vend ses premières voitures en 1898 et, un an plus tard, il en commande 10 autres à DMG, suivies en 1900 d'un lot de 29 voitures.

Entre-temps, ce fervent de vitesse s'inscrit à plusieurs courses et adopte pour son écurie le nom Mercédès, en l'honneur de sa fille, âgée alors de 10 ans. L'équipe Mercédès acquiert ainsi une certaine notoriété dans le monde naissant du sport automobile.

Ce nom d'origine espagnole, qui signifie «grâces», est ensuite adopté par DMG, sur l'insistance de son bon client Jelinek, pour désigner ses produits. C'est ainsi qu'est prise la décision de baptiser Daimler-Mercédès le nouveau moteur qui équipera les 36 voitures commandées par Jelinek pour la coquette somme de 550 000 marks (environ 3,7 millions en dollars d'aujourd'hui). Le succès est tel que, quelques semaines plus tard, Jelinek commande un autre lot de 36 voitures animées par le Daimler-Mercédès de huit chevaux.

La première Mercedes

Selon les archives Mercedes-Benz, c'est le 22 décembre 1900 que Jelinek prend possession de la première voiture de ce lot. Sa particularité : un moteur de course de 35 chevaux créé par Wilhelm Maybach, ingénieur en chef chez Daimler. Montée sur châssis abaissé en acier embouti et à centre de gravité bas, la Mercédès animée par ce moteur léger compte de nombreuses innovations, dont un radiateur en nid d'abeille. La plupart des historiens s'entendent pour dire qu'il s'agit de la première automobile moderne.

En course, Jelinek et ses Mercédès sont imbattables et, très rapidement, DMG lance deux autres modèles la 12/16 HP et la 8/11 HP que Jelinek s'empresse de commander, forçant l'usine Daimler de Cannstatt à tourner à pleine capacité. C'est en 1902 que le nom Mercédès est officiellement homologué. Jelinek, qui prend alors le nom de Jelinek-Mercédès, écrit dans ses mémoires : «C'est probablement la première fois qu'un père adopte le nom de sa fille.»

L'étoile à trois branches

Ayant acquis un nom de marque, DMG s'efforce à présent de se créer un logo. Les fils de Gottlieb Daimler, Paul et Adolf, se souviennent de l'étoile que leur père, décédé en 1900, avait dessinée sur une photo de la maison familiale pour symboliser réussite et prospérité. C'est cette même étoile qu'ils proposent comme logo à leur conseil d'administration, qui s'empresse d'accepter. Dès juin 1909, deux étoiles, l'une à quatre branches et l'autre à trois branches, sont inscrites au registre des marques de commerce. La même année, le nom Mercedes perd ses accents et, à compter de 1910, seule l'étoile à trois branches est apposée sur le radiateur des voitures Daimler, symbolisant la motorisation universelle, sur mer, sur terre et dans les airs.

L'alliance Daimler-Benz

La période d'inflation débridée qui suit la fin de la Première Guerre mondiale met en difficulté de nombreuses entreprises, notamment les producteurs d'objets de luxe. C'est ce qui explique l'alliance qui se crée en 1924 entre les deux compagnies rivales : DMG et Benz & Cie. En 1929, il y a fusion en bonne et due forme et Daimler-Benz AG voit le jour. Quant à son logo, la nouvelle entité allie les deux concepts existants : l'étoile Daimler accompagnée du nom Mercedes et la couronne de lauriers entourant le nom Benz. Près de huit décennies plus tard, l'étoile Mercedes trône encore sur les produits de la marque.

Pour joindre notre chroniqueur : alain.raymond@lapresse.ca