Il y en a qui collectionnent les petites cuillères, les paquets d'allumettes ou les bibelots. André Gibeault, lui, nourrit depuis plus de 30 ans une passion dévorante pour les véhicules militaires de la Seconde Guerre mondiale.

Il y en a qui collectionnent les petites cuillères, les paquets d'allumettes ou les bibelots. André Gibeault, lui, nourrit depuis plus de 30 ans une passion dévorante pour les véhicules militaires de la Seconde Guerre mondiale.

Sur sa ferme, près de Huntingdon, M. Gibeault, un avocat à la retraite, a rassemblé des pièces digne d'un musée. Il possède une vingtaine de véhicules, dont la moitié est parfaitement restaurée. Ford, GM ou Dodge. À deux ou à six roues motrices. La plupart de ces véhicules n'ont jamais visité le Vieux Continent.

Blindés, camions de transport de troupes, unité mobile de réparation, motocyclettes, remorqueuse, etc. Son impressionnante collection privée est la plus importante au Canada, dit-il. «Ce qui différencie ma collection de celles des autres, c'est que chaque véhicule a tout son équipement d'origine. En nombre de véhicules et en rareté, je suis le seul du genre au Canada», se félicite M. Gibeault.

Ainsi, des outils de télécommunications, masques à gaz, fusils-mitrailleurs, filets de camouflage, lampes de poche, pelles, bidons d'essence, trousses de premiers soins et autres accessoires meublent chacun de ces engins qu'on dirait dans certains cas flambant neufs.

Un incroyable travail de recherche associé à un véritable travail de moine, car André Gibeault démonte et remonte lui-même ses véhicules de A à Z.

«On part du squelette et on refait le véhicule au complet, y compris le moteur», explique ce membre de la Military Vehicle Preservation Association (MVPA), association américaine qui compte plus de 10 000 adeptes.

La pièce dont André Gibeault est le plus fier: son unité mobile de la RCAF (Royal Canadian Air Force). Ce six roues motrices de 16 tonnes est une véritable machine-outil servant à fabriquer des pièces de rechange pour les avions. «J'ai mis de quatre à cinq ans pour le restaurer, explique le collectionneur. J'ai trouvé le châssis à Joliette et la boîte du camion à North Bay. Le tour de la machine-outil, je l'ai trouvé en Californie, et la perceuse à colonne, à Buffalo», relate le passionné d'histoire.

Malheureusement pour les curieux, la collection d'André Gibeault n'est pas accessible au grand public. Cependant, trois ou quatre fois par année, le maître de céans se fait un plaisir d'accueillir des vétérans du conflit 39-45. «Ils ont toujours plein d'histoires à me raconter. Ça leur rappelle tellement de souvenirs», dit-il.

Depuis quelques années, les véhicules militaires de M. Gibeault ne quittent presque plus sa propriété. Autrefois, c'est avec plaisir que l'Armée canadienne venait les chercher pour les présenter au grand public, notamment à la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu. Cette époque est révolue. Le collectionneur n'ose plus louer ses trésors aux plateaux de tournage. «Les gens ne font pas assez attention», dit il. Il a toutefois fait exception à la règle en louant récemment un obusier pour une émission des Bougon.

André Gibeault, qui possède par ailleurs une MG TF 1954 et une Austin Healy 1955, refuse de chiffrer la valeur de sa collection personnelle. On devine qu'elle dépasse facilement plusieurs centaines de milliers de dollars. Le fils de M. Gibeault ne semble pas intéressé outre mesure par le dada de son paternel. Qu'à cela ne tienne, les véhicules de M. Gibeault ont une place qui les attend au Musée canadien de la guerre.