Après la Deuxième Guerre mondiale, l'économie planétaire connaît un essor considérable. Autant en Europe que chez nous, la consommation augmente, améliorant du même coup le niveau de vie. L'automobile qui se trouve aux premières loges s'empresse de se renouveler pour faire oublier les dernières années de misère que l'humanité vient de vivre. Alors qu'en Amérique on mise sur des voitures de plus en plus grosses et puissantes, les choses se passent différemment en Europe où l'automobile dépasse rarement quatre mètres de longueur. Mais les petites européennes deviennent de plus en plus confortables et la qualité d'assemblage s'améliore.

Après la Deuxième Guerre mondiale, l'économie planétaire connaît un essor considérable. Autant en Europe que chez nous, la consommation augmente, améliorant du même coup le niveau de vie. L'automobile qui se trouve aux premières loges s'empresse de se renouveler pour faire oublier les dernières années de misère que l'humanité vient de vivre. Alors qu'en Amérique on mise sur des voitures de plus en plus grosses et puissantes, les choses se passent différemment en Europe où l'automobile dépasse rarement quatre mètres de longueur. Mais les petites européennes deviennent de plus en plus confortables et la qualité d'assemblage s'améliore.

Pour succéder à la 4 CV

C'est dans ce contexte que les dirigeants de Renault décident en 1949 de trouver une remplaçante ou, du moins, une alternative à la Renault 4 CV (1948-1961), pourtant encore très populaire. La nouvelle venue devra être plus spacieuse, mais, pour des raisons d'économie, elle devra emprunter le maximum de pièces à la 4 CV, dont le châssis et la mécanique. Mais le vieux châssis de la 4 CV étant difficilement modifiable, Renault opte pour une nouvelle plate-forme. C'est le projet 109 qui est dévoilé à la presse en janvier 1950.

En juillet 1952, un premier prototype roule. La 109-1 fait 160 kilos de plus qu'une 4 CV et son moteur, toujours situé à l'arrière, a été poussé à 28 chevaux! Cependant, la carrosserie ne plaît pas à Pierre Lefaucheux, administrateur des Usines Renault. Précisons que Lefaucheux avait été nommé administrateur de la société par le gouvernement français après l'arrestation de Louis Renault pour «commerce avec l'ennemi», celui-ci ayant réparé des chars et construit des camions pour les Allemands pendant l'Occupation. Au décès de Louis Renault (1944), l'entreprise est réquisitionnée par l'État puis nationalisée créant la Régie nationale des Usines Renault. La famille Renault qui détenait 96% du capital de la société est expropriée sans indemnités.

Mais revenons à la 109-1. Lefaucheux qui la trouve tout simplement moche, notamment de l'arrière, en confie la révision au designer italien Ghia. C'est à Ghia que l'on doit notamment la solution originale des deux prises d'air latérales adjacentes aux portes arrière pour le refroidissement du radiateur. À l'avant, sous le museau arrondi se cache le coffre et la roue de secours logée sous la partie centrale du pare-chocs, dans un compartiment dont le panneau basculant porte la plaque d'immatriculation. Cette solution simple et fonctionnelle avait aussi le mérite d'utiliser la roue de secours pour amortir le choc d'une collision frontale, du moins en principe.

De la reine à la dauphine

Les prototypes se suivent et se ressemblent tandis que le moteur d'origine trop faiblard grossit de 748 à 845 cm3 et développe à présent 30 impressionnants chevaux. Après plus de trois millions de kilomètres d'essais, Renault décide de produire la 109. Nous sommes le 6 janvier 1954. Reste à lui trouver un nom plus commercial et c'est lors d'un dîner qu'un des proches collaborateurs au projet déclare: «La 4 CV est la reine, la nouvelle venue ne peut être que la dauphine!» Et voilà! En décembre 1955, la première Dauphine sort fièrement des chaînes de montage Renault.

Le succès est immédiat et la Dauphine qui demeure en production jusqu'en 1967 représente la première voiture française vendue à plus de deux millions d'unités. En 1957, Renault s'associe à Amédée Gordini, un préparateur de voitures sport, pour créer la Dauphine Gordini. Avec ses 37 chevaux, la Dauphine Gordini passe le cap des 130km/h. En 1962, c'est au tour de la Dauphine 1093 de faire son entrée. Préparé pour le rallye, le moteur Ventoux de la 1093 fait 55 chevaux, ce qui procure à la petite de 630 kg un tempérament carrément sportif.

Dès le début de l'aventure Dauphine, Renault a des visées américaines. La 4 CV, déjà vendue outre-Atlantique, suscite une certaine curiosité. Dès 1955, Renault crée aux États-Unis la société Renault Incorporated. La Dauphine est tout d'abord appréciée car elle propose une alternative intéressante à la Volkswagen. Mais les hivers nord-américains sont loin d'être aussi tempérés que ceux de la douce France et la Dauphine succombe rapidement au cruel syndrome de la rouille, sans compter que la batterie ne supporte pas le froid. Dans un environnement où les grosses voitures ont la cote, la Dauphine perd rapidement le peu d'intérêt qu'elle avait suscité. Les modèles vendus aux États-Unis affichaient «Special U.S.A» tandis qu'au Canada, ils portaient l'étiquette «Special Canada».

Compte tenu de cette carrière éphémère chez nous, il est rare de voir une Dauphine dans nos expositions de voitures anciennes. Selon Paul Chevrier, ex-propriétaire de cette Dauphine photographiée à l'été 2005, il n'y en aurait que trois ou quatre en parfait état au Québec. Pour Paul Chevrier, cette voiture est «comique», dans le sens où elle attire les sourires et les regards enjoués.

Malgré sa faible cylindrée, la Dauphine se sent très à l'aise à une vitesse de croisière raisonnable (plus ou moins 90km/h) et elle peut chatouiller les 120km/h à condition qu'il ne vente pas trop. Le faible poids sur les roues avant la rend en effet sensible aux bourrasques. Il paraît que Renault vendait dans le temps des poches de sable que l'on plaçait dans le coffre avant.

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DANS LE RÉTROVISEUR DE LA RENAULT DAUPHINE 1963

Empattement / longueur / largeur /hauteur (cm) : 227 / 395 / 152 / 144

Poids : 630 kg

Moteur : 4 cyl., 845 cc, 31 ch à 4 200 tr/min, couple de 6,7 mkg à 2000 tr/min

Transmission : propulsion, boîte manuelle, 3 vitesses

Suspensions : indépendantes

Freins : tambours

Pneus : 125 R 15

Vitesse maximale : environ 120 km/h

Consommation : 5,9 L/100 km

Production (1956-1968) : plus de 2 millions d'unités

Prix (1963) : environ 1400 $

Valeur estimée (2006) : environ 6000 $

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LA MÊME ANNÉE (1963)

» Giovanni Battista Montini devient le pape Paul VI.

» Le président John F. Kennedy tombe sous les balles de Lee Harvey Oswald qui succombera à celles de Jack Ruby.

» Le Canada est rouge ! Alors qu'au Québec le gouvernement libéral de Jean Lesage est en poste depuis 1960, Lester Bowles Pearson, libéral lui aussi, devient le premier ministre du Canada.

» Les Beatles grimpent à la première place du palmarès britannique avec Please, please me, tandis qu'en Amérique la célèbre série The Untouchables (Les Intouchables) prend fin.

» Un DC-8F d'Air Canada s'écrase à Sainte-Thérèse, tuant ainsi 118 personnes.

» Un certain Douglas Engelbart invente la souris pour ordinateur.

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