Après une longue traversée du désert, Fiat a remonté la pente, avec une envolée des ventes dans un marché européen en baisse, mais le redressement est jugé fragile par les analystes car il repose en grande partie sur le succès d'un seul modèle.

Après une longue traversée du désert, Fiat a remonté la pente, avec une envolée des ventes dans un marché européen en baisse, mais le redressement est jugé fragile par les analystes car il repose en grande partie sur le succès d'un seul modèle.

Dans un climat morose, le groupe italien sera un des rares constructeurs européens généralistes au Mondial de l'automobile de Paris à trouver des raisons de déboucher du champagne pour trinquer à ses succès commerciaux.

Fiat compte maintenir son rythme de croissance actuel de 23% de ses ventes en Europe jusqu'à la fin de l'année. «Il y a deux ans, personne n'aurait misé un sou sur nous», a relevé mercredi soir le patron de la marque italienne Luca de Meo. Aujourd'hui, «les usines tournent à plein régime».

«Fiat commence à sortir de l'ornière grâce au succès de la Grande Punto. Il faut cependant que Fiat transforme l'essai car un seul modèle ne peut pas tirer tous les résultats du groupe», a déclaré à l'AFP Rémi Cornubert, analyste chez Mercer Management Consulting.

Avis partagé par Pascal Roussarie, responsable de l'Observatoire de l'Automobile (Cetelem): «Il faut raison garder car le redressement est certes spectaculaire mais encore fragile car il repose essentiellement sur la réussite d'un modèle».

Alors que ses concurrents français Renault et PSA ne cessent de perdre des parts de marché en Europe, Fiat poursuit sa remontée: sa part de marché à fin août était de 6,4%, contre 5,5% un an plus tôt.

En Italie, le groupe est repassé fin 2005 au dessus des 30% de part de marché, seuil qu'il n'avait pas atteint depuis début 2004.

Sur le marché français, les ventes de Fiat se sont également envolées, avec une hausse de 11,5% en cumul annuel et de 45% sur le mois d'août.

L'arrivée en juin 2004 du manager italo-canadien Sergio Marchionne à la tête de Fiat, au poste d'administrateur délégué, a contribué à amorcer le redressement d'une entreprise lourdement endettée à l'image vieillotte.

Appelé au secours par la famille Agnelli, M. Marchionne a justifié sa réputation de «redresseur» de sociétés, en taillant dans les coûts et les effectifs, négociant avec General Motors une indemnité de rupture de 1,55 milliard d'euros et en multipliant les alliances industrielles.

Et il a lancé l'an dernier un modèle à succès, la Grande Punto, qui a dopé les ventes du constructeur turinois.

«La marque Fiat doit trouver d'autres best-sellers, Alfa Romeo a bien réussi son redressement, reste maintenant à redresser Lancia, qui était en chute libre», a expliqué M. Cornubert.

Fiat Auto, la branche automobile du groupe regroupant les marques Fiat, Lancia, Alfa Romeo et les véhicules commerciaux légers, a vu ses ventes s'envoler de près de 21% au deuxième trimestre.

Le groupe Fiat a enregistré un bénéfice net trimestriel de 330 millions d'euros, un résultat supérieur aux attentes.

Du coup, le constructeur a revu à la hausse ses prévisions pour l'année, visant désormais un bénéfice net de 800 millions d'euros, voire un milliard d'euros.

Le groupe prévoit «une grande année 2007» grâce au lancement de plusieurs modèles.

Le marché attend notamment la sortie en 2007 de la Bravo (gamme moyenne), qui doit remplacer la Stilo, lancée en 2001 et qui n'a pas satisfait les attentes. Le constructeur mise aussi sur le relancement en octobre 2007 de la mythique Fiat 500.

Il faudra toutefois compter avec la concurrence asiatique: Emmanuel Bulle, analyste chez Fitch, relève que «les Japonais sont arrivés sur la niche des voitures d'entrée de gamme et les constructeurs coréens proposent des produits moins chers que Fiat».