Veuillez rappeler après les élections. C'est le message de l'administration Bush, pourtant près du milieu des affaires, adressé aux grands patrons de l'industrie automobile américaine en perte de vitesse.

Veuillez rappeler après les élections. C'est le message de l'administration Bush, pourtant près du milieu des affaires, adressé aux grands patrons de l'industrie automobile américaine en perte de vitesse.

Le printemps dernier, le président George W. Bush a reporté à deux reprises une rencontre au sommet avec les présidents de Ford, Chrysler et General Motors, sous prétexte de conflits d'horaires. Au cours d'un entretien téléphonique, le 8 septembre dernier, M. Bush a dit au président du conseil de Ford, William Clay Ford Jr, qu'il voulait attendre au lendemain des élections de mi-mandat du 7 novembre pour la tenue d'une telle rencontre, afin que l'événement ne prenne pas une couleur partisane.

Bien que conscient de l'agonie de l'industrie automobile américaine, M. Bush estime que le gouvernement ne peut pas vraiment intervenir, dit Dennis Virag, président d'Automotive Consulting Group, à Ann Arbor, dans le Michigan. « Dans un marché libre, vous prospérez ou vous crevez selon votre capacité concurrentielle. Et le message qu'il transmet subtilement à l'industrie de l'auto du pays, c'est de mettre de l'ordre dans ses affaires », dit-il.

Cette position est dure à tenir pour les politiciens du Michigan, dont l'économie repose sur l'industrie automobile. Le candidat républicain à l'élection sénatoriale, Dick DeVos, détenait il y peu une avance de 6 points dans les sondages sur son adversaire démocrate, le gouverneur sortant Jennifer Granholm, après l'avoir accusée de n'avoir rien fait pour préserver l'assise économique de l'État.

Les démocrates ont répliqué en rappelant que M. DeVos était l'allié d'un président impopulaire et sourd aux doléances des travailleurs de l'auto. La contre-attaque a placé le candidat républicain sur la défensive.

«La seule mention du nom de George Bush provoque chaque fois une réaction négative ici, dit Ed Sarpolus, président of EPIC-MRA, une firme sondage de Lansing. Les travailleurs du Michigan sont scandalisés rien qu'à l'idée qu'il ne fait rien» pour les aider à traverser cette crise, dit M. Sarpolus.

M. DeVos a publiquement dénoncé le report de la rencontre prévue entre M. Bush et les grands patrons de l'auto. «Le président doit les écouter et comprendre ce qui se passe et ce qu'ils doivent affronter», a-t-il dit lundi.

Les responsables de l'administration Bush rejettent toute accusation de négligence de leur part. Al Hubbard, directeur du Conseil national économique de la Maison-Blanche, dit parler régulièrement avec Rick Wagoner, le président de GM, et Bill Ford. Il dit également avoir l'intention de discuter avec le président de Chrysler, Tom LaSorda. «Notre industrie automobile traverse une période difficile, mais nous sommes convaincus qu'elle saura relever les défis qui se présentent et qu'elle restera une composante importante de notre économie, déclarait M. Hubbard le 11 septembre. Les entreprises ne demandent pas qu'on les aide à se renflouer et nous croyons que le libre marché reste le principe de base de notre économie.»

Les grands patrons de l'auto disent que lorsqu'ils auront réussi à boucler un rendez-vous avec M. Bush, ils entendent bien savoir comment le gouvernement interviendra pour améliorer l'environnement qui régit leur industrie. En clair, ils veulent trouver une solution à l'escalade des coûts de l'assurance santé collective et souhaitent que Washington durcisse le ton face aux pratiques commerciales «déloyales» de leurs concurrents asiatiques.

Ils aborderont aussi le dossier de la consommation de carburant. En début d'année, le président Bush a évoqué la possibilité d'obliger les constructeurs à accroître l'efficacité énergétique de leurs véhicules, dans l'espoir de sevrer les Américains de leur «dépendance» au pétrole.