Un coupé Plymouth Belvedere 1957 neuf, enterré la même année à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de la fondation de la ville de Tulsa, en Oklahoma, reverra la lumière du jour en 2007.

Un coupé Plymouth Belvedere 1957 neuf, enterré la même année à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de la fondation de la ville de Tulsa, en Oklahoma, reverra la lumière du jour en 2007.

À bord de la belle américaine on avait placé une caisse de bière Schlitz, une bouteille de tranquillisants, cinq chopines d'huile à moteur et 10 gallons d'essence. Se trouvent aussi dans le «sarcophage» en acier un paquet de cigarettes, des pinces à cheveux et une contravention impayée, en somme le contenu typique d'un sac de femme des années 50, selon les organisateurs de cet étrange concours. À ces objets s'ajoutaient un livre de prière, des photos aériennes de Tulsa en 1957, quelques lettres et mêmes des poèmes, ainsi qu'un certificat d'épargne d'une valeur initiale de 100$, sans doute multipliée compte tenu de l'intérêt accumulé.

L'enterrement a eu lieu à l'occasion d'un concours dans lequel les habitants de Tulsa étaient invités à prévoir la population de leur ville l'année de son centenaire, en 2007. L'heureux gagnant ou sa famille recevra le contenu de cette «capsule témoin», ou du moins ce qu'il en reste: il est en effet impossible de prédire l'état dans lequel se trouvent la Plymouth et les autres artéfacts malgré le revêtement antirouille et l'emballage en plastique destinés à les protéger.

Pourquoi une Plymouth Belvedere? «La Belvedere est un produit d'avant-garde qui représente le fruit de l'ingéniosité américaine et qui sera encore à la mode dans 50 ans», déclarait Lewis Robert fils, responsable des festivités de Tulsa en 1957. Si le pauvre homme pouvait voir aujourd'hui à quel point il s'est trompé!... N'empêche que le coupé Belvedere, oeuvre du styliste Virgil Exner, grand patron du design chez Chrysler à cette époque, illustre de façon éclatante l'influence des avions à réaction sur le style automobile américain de l'après-guerre. Baptisé «Forward Look» par Chrysler, ce style exubérant a forcé les autres constructeurs américains à rivaliser d'audace, ce qui nous a valu des extravagances ailées et chromées pendant une dizaine d'années.

Rappelons que la marque Plymouth a été créée en 1928 par Walter P. Chrysler pour servir de solution de rechange abordable aux modèles de la gamme Chrysler. En 1957, Plymouth a construit 762 231 voitures, dont 67 268 coupés Belvedere, se plaçant ainsi en troisième place derrière Ford et Chevrolet. Les amateurs de cinéma se souviennent sans doute de «Christine», la démoniaque Plymouth Fury 1958, presque identique à la Belvedere et vedette du roman de Stephen King et du film d'horreur présenté en 1983.

Le succès de la marque Plymouth s'est poursuivi dans les années 60 avec les compactes Valiant et les moteurs Max Wedge et Hemi, rendus célèbres en course de stock cars grâce aux exploits de Richard Petty, le «King». Quant aux «muscle cars» Plymouth des années 60, notamment le Road Runner et le Hemi Cuda, on en parle, ces temps-ci, à cause des sommes mirobolantes que les baby-boomers nantis sont prêts à débourser pour acquérir ces symboles de leur jeunesse.

Mais la vie n'a pas été toujours rose pour Plymouth. Les hauts et les bas de la marque ont pris fin par l'abolition de la division Plymouth, à la suite de la prise de contrôle de Chrysler Corporation par Daimler-Benz en 1999. D'où le double intérêt que suscite la résurrection prochaine de la Plymouth Belvedere, témoin de l'ère d'abondance et d'optimisme sans bornes qu'ont été les années 50 aux États-Unis.

Précisons qu'en 2000, Tulsa comptait 393 049 habitants. Ce chiffre a baissé à 382 457 en 2005. Quant à la Plymouth, qui valait moins de 3000$ en 1957, elle se détaille aujourd'hui environ 25 000$, à condition d'être en parfait état - ce qui risque de ne pas être le cas du coupé Belvedere enterré à Tulsa. Ces voitures souffraient d'une piètre qualité, à l'époque, et le tombeau en béton a sûrement laissé passer l'humidité.

La suite l'an prochain, à la résurrection de la Plymouth.

Dans le rétroviseur du coupé Plymouth Belvedere 1957

Empattement / Longueur, cm: 299 / 523

Poids: 1610 kg

Moteur: V8, 4,9 L (301 po3), 215 ch.

Transmission: boîte automatique TorqueFlite 3 vitesses

Suspensions av./arr.: indépendante, essieu rigide

Freins: tambours

Vitesse de pointe: 145 km/h

Production (1957): 67 268 coupés

Prix (1957): environ 3000$

Valeur (2006): environ 25 000$

LA MÊME ANNÉE (1957)

» Le 4 octobre, début de l'ère spatiale avec le lancement par l'URSS de Spoutnik 1, premier satellite artificiel de la Terre.

» Le conservateur John George Diefenbaker devient le 18e premier ministre du Canada, succédant au libéral Louis St-Laurent.

» Au Québec, Maurice Duplessis et l'Union nationale sont encore bien populaires.

» La Jaguar Type D remporte pour la troisième et dernière fois les 24 Heures du Mans et l'Argentin Juan-Manuel Fangio, au volant d'une Maserati, est couronné champion du monde pour la cinquième et dernière fois.

» Elvis Presley enregistre cinq chansons qui atteignent le palmarès, tandis que Buddy Holly, les Everly Brothers et Jerry Lee Lewis font aussi rocker le monde.

» À la télé, I Love Lucy laisse sa place à une autre émission animée par la pétillante Lucille Ball: The Lucy-Desi Comedy Hour. Chez nous, la télédiffusion des Belles Histoires des pays d'en haut commence le 8 octobre.