Est-ce pour autant la direction à suivre? La question mérite d'être posée. Les générations se succèdent, mais aucune n'est jamais parvenue à égaler le succès de la série précédente (voir notre tableau). Et cette fois encore, la partie ne semble pas gagnée d'avance.

Est-ce pour autant la direction à suivre? La question mérite d'être posée. Les générations se succèdent, mais aucune n'est jamais parvenue à égaler le succès de la série précédente (voir notre tableau). Et cette fois encore, la partie ne semble pas gagnée d'avance.

Sur le plan technologique en revanche, la Rabbit n'a pas à se cacher derrière la concurrence. Par rapport à la précédente, tout a été amélioré: la consommation, le comportement routier, le confort, l'agrément de conduite, l'ergonomie.

«La Golf reste une Golf» (ou une Rabbit si vous préférez). C'est Volkswagen qui le dit et cela se traduit par une modernisation du style qui ne surprendra personne. L'habitacle est imprégné de la rigueur et du classicisme qui ont fait le succès des quatre générations précédentes. C'est sobre et cela plaît. À défaut d'originalité, la présentation intérieure ne manque pas de sérieux. La qualité de fabrication ne soulève aucune critique

Agile comme un lapin

Nous entrons dans le vif du sujet en prenant le volant. Premier motif de satisfaction: le moteur cinq cylindres de 2,5 litres est étonnamment silencieux et bien secondé par une boîte à cinq vitesses dont le maniement est encore un peu caoutchouteux, sans doute, mais très agréable. Nous lui préférons l'automatique, mieux adaptée encore.

Plus que la puissance pure de ce moteur, c'est la valeur de son couple qui impressionne. Avec 170 lb-pi disponibles dès 3750 tr/mn, la Rabbit se meut avec force et souplesse. Au chapitre de la consommation, c'est moins bien si l'on considère ce véhicule comme une sous-compacte. Dans le cadre de cet essai, nous avons réalisé une moyenne de 9,1 L/100 km. Cependant, considérant sa cylindrée, la Rabbit fait pratiquement jeu égal avec la Mazda 3 (ou la Ford Focus) équipée du 2,3 litres.

VW a complètement repensé les groupes motopropulseurs. Le comportement routier de la Rabbit est désormais irréprochable, mais la fermeté de sa suspension ne sera pas tolérée par tous. Les amateurs de conduite rapide seront certes enchantés par les progrès enregistrés en tenue de route: la Rabbit se distingue par une direction (électromécanique) très précise, un freinage incisif et une faible prise de roulis en virage. Mais les bons pères de famille soucieux de la tranquillité de leurs passagers auraient certainement préféré davantage de progressivité dans la façon d'amortir les petites et grosses imperfections de la route.

C'est du moins ce que nous avons constaté au volant d'une Rabbit équipée de roues optionnelles plus grandes que celles de série. Les pneumatiques d'origine (15 pouces) représentent le meilleur choix en matière de confort, et se révèlent les mieux adaptés à la condition lamentable de nos routes. Vous perdrez un soupçon de précision dans la conduite mais, pour plusieurs conducteurs, cette différence paraîtra beaucoup trop subtile. Cela dit, peu importe les roues sur lesquelles elle campe, la Rabbit se révèle fort amusante à conduire. Très équilibrée en virages, train arrière juste assez mobile. En un mot, elle est homogène. Pour preuve, le correcteur de stabilité électronique qui accompagnait notre véhicule d'essai (une option de 450$) est intervenu très rarement. Et lorsqu'il l'a fait, sa discrétion a été fort appréciée.

Au final, cette nouvelle Golf (ou Rabbit) plus réfléchie que jamais ne devrait pas décevoir ses fidèles. Il reste une question de fond: la clientèle des berlines compactes a-t-elle envie qu'on la rassure ou qu'on la surprenne? Autrement dit, la concurrence exercée par des rivales plus originales sur le plan du style et parfois moins coûteuses ne va-t-elle pas empêcher la Rabbit de mener une carrière aussi brillante que celle de ses glorieuses aînées? VW aurait grandement intérêt à parfaire son «sens du timing», à moins que ce retard soit imputable au désir du constructeur de nous offrir un véhicule dont la fiabilité sera - cette fois - au-dessus de tout soupçon?

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Une popularité qui s'effrite
» Golf 1 (1974-1983): 6 780 050 unités

» Golf 2 (1983-1991): 6 301 000 unités

» Golf 3 (1991-1997): 4 805 900 unités

» Golf 4 (1997-2003): 4 300 000 unités

Pour joindre notre collaborateur: eric.lefrançois@lapresse.ca

En vrai prestidigitateur, Volkswagen est passé maître dans l'art de créer plusieurs modèles sur une base technique commune. Nous avions oublié que le constructeur allemand pouvait aussi faire jaillir un lapin de son chapeau alors que nous attendions une Golf... Magie ou coup de pub? Il a fallu attendre trois ans après son lancement européen avant que la Rabbit (la Golf V, si vous préférez) ne pose ses roues en Amérique. Une éternité dans cette industrie. Pis encore, la sixième génération est attendue dans deux ans...

La Rabbit n'est plus tout à fait la Golf que nous avons connue. Cependant, ses traits rappellent habilement une famille avec laquelle beaucoup de consommateurs ne veulent pas rompre. C'est donc dans la continuité que le changement s'inscrit.

La Rabbit progresse de 6 cm en longueur et de 2 cm en largeur par rapport à la Golf 4. C'est déjà considérable. Mais, comparé à la première génération, sortie il y a maintenant plus de 30 ans, le gain est de 40 cm et de 15 cm. Et la multiplication des équipements de confort et de sécurité a fait passer le poids de la Rabbit de 810 kg à 1,3 tonne.

Plus longue, plus haute et plus large donc que sa devancière, la nouvelle Golf soigne ses passagers arrière, qui disposeront désormais de 5 cm supplémentaires pour loger leurs jambes. Avec une carrosserie mesurant plus de 4,20 m de long et un empattement de 2,58 m, on n'en attendait pas moins. Bien que remarquable - par rapport à la génération précédente s'entend - cette évolution rend le positionnement de la Rabbit sur l'échiquier automobile actuel difficile. Elle est trop grande (et trop chère) pour se mesurer à une sous-compacte traditionnelle, mais trop petite encore pour toiser les compactes actuelles. Est-ce à dire que le choix de cette Volkswagen en est avant tout un de coeur et non de raison?

D'accord, on ne s'attaque pas à un monument sans un soupçon de respect, et le constructeur allemand s'est toujours attaché à faire progresser sa Golf sans heurts. Pour la direction de VW, la continuité est la principale raison du succès de ce modèle. Cette Rabbit n'y échappe pas. Elle plaira, car son classicisme de bon aloi tranche avec les audaces de la concurrence.