Sur le plan environnemental, c'est la solution rêvée : zéro émission. Doit-on rebrancher le véhicule électrique pour autant ?

Sur le plan environnemental, c'est la solution rêvée : zéro émission. Doit-on rebrancher le véhicule électrique pour autant ?

Le prix du pétrole et le réchauffement climatique redonnent un coup de jeune à une très vieille idée : le véhicule tout électrique. Le contexte actuel fera-t-il pour autant redémarrer le marché alors que la voiture électrique est aussi ancienne que l'automobile ?

Il faut savoir qu'au début du XXe siècle, le plus célèbre constructeur américain s'appelle... l'Electric Vehicle Company. Pour mémoire, rappelons qu'au premier Salon de l'automobile de New York, en 1900, les visiteurs ont fait de la voiture électrique leur premier choix. C'est fou, hein ! À l'époque, la voiture électrique comportait d'indéniables avantages face aux moteurs à essence. Elle était silencieuse, facile à conduire, propre, dénuée de vibrations et facile à démarrer. Même au Canada.

Le développement du démarreur électrique, les progrès du moteur à explosion et l'instauration de la chaîne de montage chez Ford, ont contribué à reléguer la voiture électrique au musée des inventions sans avenir. Très récemment encore, les tentatives ont échoué. En Californie, notamment, où la voiture électrique a connu un bref retour en grâce lorsque le California Air Resources Board (CARB) a obligé les constructeurs à vendre des véhicules non polluants. De 1998 à 2003, 5600 véhicules électriques furent mis en circulation, essentiellement sous forme de location. Après leur victoire en justice contre le CARB, les constructeurs ont rappelé leurs véhicules électriques pour les détruire, suscitant la colère des consommateurs. Il en reste à peine 1400 aujourd'hui, sauvés à grand-peine par leurs propriétaires, qui forment une communauté très militante.

Des inconvénients majeurs

Techniquement parlant, le véhicule électrique est longtemps demeuré au niveau d'une voiture à essence des années 20. Il s'est heurté et se heurte toujours à des inconvénients majeurs : la faible autonomie et le coût des batteries, ainsi que le temps de recharge important. Bref, à moins de trouver le moyen de le faire circuler avec un fil à la roue, on voit mal comment le véhicule tout électrique peut s'imposer. Surtout qu'il est peu compatible avec l'idée que l'on se fait d'un transport individuel, toujours disponible, fort d'un rayon d'action et de performances que tout le monde peut acquérir à prix raisonnable.

Vu de l'extérieur, les grands constructeurs ont jusqu'ici donné l'impression de tirer la «plug». On concentre les recherches (et les dollars) sur la pile à combustible et on s'assure d'offrir au moins une hybride (mi-essence, mi-électrique) à son catalogue.

Elle attend son heure ?

Chose certaine, la voiture électrique est aussi silencieuse sur la route que discrète sur le marché. Mais les choses vont changer. C'est du moins l'avis de certains analystes, dont Hydro-Québec (voir le papier de mon collègue Alain McKenna, en page 19). Les nouveaux venus auront-ils plus de chance ? La technologie a évolué, insiste ses défenseurs. Les performances générales (accélérations, reprises et vitesse de pointe) s'améliorent et l'autonomie permet presque de faire le trajet Montréal-Québec sans s'inquiéter. En outre, le véhicule électrique est plus propre que l'hybride, notamment au Québec, mais le bilan environnemental est beaucoup moins favorable dans d'autres pays. Il est même franchement catastrophique. Surtout là où les centrales à charbon fournissent la majeure partie de l'électricité.

Du coup, les nouveaux acteurs affluent mais adoptent des stratégies différentes. Certains, comme Venturi, ciblent le segment du très haut de gamme sportif. En Grande-Bretagne, Smart s'est associé avec Zytek Group pour lancer des Smart électriques. Principal intérêt pour les utilisateurs : s'affranchir du péage en vigueur à Londres (voir notre chronique publiée il y a deux semaines : «Taxer la congestion» sur www.monvolant.ca).

La technologie a évolué, le prix a baissé, mais ce n'est pas demain la veille. Et même si ce l'était, inutile de se raconter des histoires, le véhicule tout électrique plaira avant tout aux entreprises et aux individus dotés d'une énorme fibre écologique. Les autres ? Des grosses chances qu'ils ne seront pas intéressés. Tant qu'il restera une goutte d'essence...

Pour joindre notre chroniqueur : eric.lefrançois@lapresse.ca