À la suite d'une association avec Delahaye, en 1953, Hotchkiss a abandonné la fabrication des voitures particulières et s'est cantonnée dans la construction de Jeep sous licence et de gros véhicules utilitaires.

À la suite d'une association avec Delahaye, en 1953, Hotchkiss a abandonné la fabrication des voitures particulières et s'est cantonnée dans la construction de Jeep sous licence et de gros véhicules utilitaires.

«Mais d'où vient votre Hotchkiss?» ai-je demandé à Charles Roy.

«De Johannesburg, en Afrique du Sud. Son premier propriétaire, décédé en 1983, l'a cédée à son fils qui résidait à Toronto. La voiture a ensuite été vendue à un New-Yorkais et je l'ai achetée en 1995. Elle a été expertement restaurée par Michel Guégan, de Sainte-Madeleine, un spécialiste des voitures françaises.»

Comme la génératrice de la voiture avait fait défaut à Lime Rock, il a fallu l'enlever et trouver le moyen d'improviser une «courroie» permettant de faire tourner la pompe à eau et le ventilateur du moteur, le temps de ramener la voiture au bercail un périple de 130 km. C'est là qu'est intervenu le miraculeux bas de la charmante institutrice, solution de rechange que connaissent bien les amateurs de voitures anciennes. Et ce fameux bas, il provient de... la Hotchkiss School, une école privée fondée en 1891 à Lakeville (tout près de Lime Rock) par Maria Harrison Bissell Hotchkiss, veuve de Benjamin B. Hotchkiss, le fondateur américain de la très française Hotchkiss et Cie.

Le hasard, tout de même !

Je comptais intituler cette chronique «Un Américain à Paris». Mais un message de Charles Roy, que j'ai rencontré à Lime Rock, au Connecticut, à l'occasion du récent Rolex Vintage Festival, m'a fait changer d'idée.

Originaire de Montréal et résidant aux États-Unis depuis une dizaine d'années, Charles Roy était à Lime Rock au volant de sa très rare berline Hotchkiss 686 Cabourg 1939.

Fabrique d'armes

La société Hotchkiss a d'abord fabriqué des armes. Son fondateur, Benjamin Berkeley Hotchkiss, est né dans le Connecticut en 1826. Il a travaillé à la fabrique d'armes de Samuel Colt et participé à la création de son célèbre revolver. En 1855, Benjamin et son frère Andrew ont fondé une fabrique d'armes qui a pris de l'expansion pendant la guerre de Sécession.

En 1867, Benjamin Hotchkiss a proposé au gouvernement français une mitrailleuse et a fondé une usine dans l'Aveyron, puis une autre à Saint-Denis, au nord de Paris. On y a fabriqué des pièces d'automobiles et, dès 1903, une voiture présentée au Salon de Paris. Propulsée par un moteur à vilebrequin monté sur roulements à billes, la voiture était aussi équipée du fameux «Hotchkiss Drive», l'essieu rigide suspendu par des ressorts à lames, tout comme celui qui équipe encore aujourd'hui quelques voitures prétendument «modernes»...

Dans les années 20 est née la Hotchkiss AM à moteur quatre cylindres de 2,4 litres, ornée du radiateur en fer à cheval qui a marqué les modèles Hotchkiss pendant de nombreuses années. Voitures sobres mais robustes et de qualité, plus prestigieuses que les Renault, Peugeot et Citroën, les Hotchkiss avaient la cote auprès des professionnels. Ces succès «bourgeois» n'ont pas empêché «la marque aux canons» de s'intéresser au sport automobile et de remporter à six reprises, entre 1932 et 1950, le redoutable Rallye de Monte-Carlo.

Avec la Deuxième Guerre mondiale, Hotchkiss s'est remis à la fabrication d'armes. La société est revenue à l'automobile dès 1946, ayant entre-temps racheté la marquer Amilcar, une acquisition qui n'a pas porté fruit. De plus, comme la politique industrielle de la France d'après-guerre et son régime de taxation étaient défavorables aux voitures haut de gamme, Hotchkiss a fini par passer sous le contrôle de Peugeot.