Who Killed the Electric Car? est un documentaire d’actualité qui pourrait même contribuer à la renaissance de cette technologie. Surtout compte tenu du prix du pétrole et parce que l’industrie automobile n’a présentement aucun véhicule électrique à proposer.

«On ne peut pas tuer la technologie ni une bonne idée, conclut Chris Paine. De plus en plus de petites entreprises indépendantes s’intéressent aux voitures électriques et même quelques grandes marques ont laissé entendre qu’elles lanceraient un véhicule électrique d’ici quelques années.»

En 2001, GM a rappelé toutes les EV1 et les a envoyées à la casse. Au même moment, Toyota vendait des Rav4 EV, une version tout électrique du petit camion Rav4 qu’elle a cessé de construire elle aussi. Sauf qu’aujourd’hui, ces Rav4 EV se vendent une petite fortune, sur eBay notamment.

«C’est un peu la faute des consommateurs, pense le réalisateur. À l’époque, l’essence était très abordable et les gens accouraient pour s’acheter de gros VUS, beaucoup plus rentables pour les constructeurs qu’une nouvelle technologie.»

Ce qui a amené GM a conclure que personne ne voulait d’une voiture électrique dont la pile se chargeait en huit heures et qui avait une autonomie «limitée» de 125 à 210 kilomètres par charge. Même si elle avait entre les mains une liste d’attente de 5000 clients potentiels.

Le réalisateur reproche à la direction de GM son manque de jugement. Il fustige aussi l’influence des grandes pétrolières et le California Air Resource Board (CARB). Au cours des années 90, le CARB a obligé les constructeurs automobiles qui souhaitaient vendre des véhicules dans le Golden State à construire au moins un véhicule sans émissions polluantes. Sous la pression des trois constructeurs américains, le CARB a finalement renoncé à cette exigence, au tournant du millénaire.

«Le CARB est complice du meurtre de la voiture électrique. Un meurtre commandité par General Motors elle-même», déclare un intervenant dans le documentaire.

L’EV1, un succès étouffé?

Chris Paine a lui-même possédé une EV1. «L’EV1 était novatrice à tous les égards. Elle faisait le 0-100 km/h en sept secondes et il suffisait de la brancher le soir pour s’en servir le lendemain. C’est rapidement devenu mon véhicule principal», a-t-il déclaré récemment au cours d’une entrevue à l’émission The Daily Show with Jon Stewart.

«Imaginez notre réaction quand nous avons lu dans le New York Times que GM est "plus dangereuse pour l’avenir de l’Amérique" qu’aucune autre entreprise, qu’elle est "comme un dealer de crack" qui crée une dépendance envers ses produits (les VUS), et qu’elle participe à une cabale avec Ford et Chrysler pour acheter les votes au Congrès!» a écrit sur son blogue Steven Harris, vice-président aux communications de GM.

GM riposte

GM jure que les faits présentés dans Who Killed the Electric Car? ne sont pas véridiques. Même si l’EV1 a cessé d’exister, les technologies mises au point pour ce véhicule – et elles sont nombreuses – ont depuis été récupérées par d’autres projets, y compris pour la technologie hybride de la future Saturn Vue Green Line.

Pourtant, la plupart des critiques qui ont vécu l’aventure de l’EV1 semblent s’entendre sur un point: Chris Paine a construit un documentaire équilibré, qui ne fait pas dans le brûlot, mais qui s’attarde sur les motifs d’affaires, gouvernementaux et sociaux qui ont stoppé ce projet à saveur environnementale.

Le cinéma américain est étrange. Il peut produire une comédie animée, Cars, qui fait la promotion puérile de la série NASCAR. Dans la même saison, il peut aussi lancer un documentaire à la fois intello et amusant qui remet sur la table une question d’actualité: mais qu’est-il donc advenu de la fameuse voiture électrique?

Who Killed the Electric Car?, qui sera présenté au Québec à partir du 25 août prochain, s’attarde sur les motifs qui ont poussé General Motors à envoyer à la casse l’EV1, un prototype de véhicule entièrement électrique dont on a construit 1100 exemplaires entre 1996 et 2001.

Depuis son lancement, le 28 juillet dernier, au Festival du film de Los Angeles, le film a fait couler beaucoup d’encre. Les médias ont encensé le documentaire du réalisateur Chris Paine, ce qui ne fait pas l’affaire de certains dirigeants de GM.