Inutile de mentionner qu’il n’y a pas de banquette à l’arrière. Cela va de soi: tout élément pratique ou toute utilité a probablement été éliminé dès la conception de ce bolide. On conduit un coupé M pour aucune autre raison que de conduire un coupé M.

L’égocentrisme le plus pur, quoi.

Il faut tenir le volant ferme et avoir bien réussi ses examens de conduite avancée pour ne pas paraître maladroit au volant du coupé M, car tout le monde le remarquera. Rarement voit-on autant de paires d’yeux se braquer sur un véhicule et le suivre jusqu’à cet endroit distant où l’horizon se brise d’une mince ligne entre ciel et terre.

L’esthétique du coupé n’y est pas étranger. Depuis l’introduction d’un style visuel pour le moins unique avec la Série 7, en 2002, aucun produit BMW n’a pu se vanter d’avoir une silhouette aussi remarquable. Pourtant, les employés de Chris Bangle, designer en chef de BMW, n’ont fait qu’ajouter un toit rigide à ce qui est autrement un roadster, le Z4 ou le roadster M, au choix (ce dernier partage la même mécanique que ce coupé-ci).

À l’intérieur, le compromis d’espace contraint les deux passagers à quelques contorsions qui ne sont pas sans rappeler une mise en scène du Cirque du Soleil. Les piliers à l’arrière créent d’immenses angles morts, le coffre fait plutôt penser à un coffre à gants et ces petits espaces de rangement qui permettent de ranger cellulaire, lunettes fumées et autres accessoires sont minuscules, rares et épars. C’est la partie masochiste de l’affaire: il faut aimer se casser la tête pour apprécier un coupé M plus de quelques jours!

Ça doit être ça, la définition même de l’égocentrisme: n’exister que pour soi-même. L’hédonisme nie toute dévotion autre que celle du plaisir, le chauvinisme vise à cultiver la jalousie d’autrui, tandis que le masochisme est cette propension à se faire violence simplement parce qu’on en a les moyens. Des traits de caractère tous applicables au bolide que voici, mais du lot, c’est néanmoins l’égocentrisme qui définit le mieux le coupé M, de BMW.

Le plaisir de conduire un tel véhicule est manifeste: bas sur pattes, sa tenue de route est impeccable. Les 330 chevaux de sa cylindrée de 3,2 litres rugissent dès les premières révolutions et font bondir le coupé à une vitesse ahurissante. Au coin supérieur gauche de la boîte manuelle à six rapport se trouve la commande d’activation du mode «sport», qui rend la mécanique encore plus nerveuse. Quand on l’active, il accroît la rapidité de l’ouverture du papillon des gaz, accélérant la réaction du moteur après une pression du pied droit sur l’accélérateur

La suspension, la direction et, surtout, les freins, sont ajustés afin de convenir à cette surenchère de puissance. Il en résulte un comportement routier exagérément performant, qui balance le confort par la fenêtre au démarrage. Les larges pneus de 18 pouces et le système d’antipatinage peinent d’ailleurs à contenir l’exubérance de cette bête.