Mario Theissen est parvenu à ses fins. Comme l'Allemand l'avait annoncé à La Presse le 7 mai dernier déjà, les performances de Jacques Villeneuve ne suffisaient pas à lui assurer son volant jusqu'à la fin de la saison- Theissen tenait beaucoup trop à mettre en avant "son" poulain, Robert Kubica.

Mario Theissen est parvenu à ses fins. Comme l'Allemand l'avait annoncé à La Presse le 7 mai dernier déjà, les performances de Jacques Villeneuve ne suffisaient pas à lui assurer son volant jusqu'à la fin de la saison- Theissen tenait beaucoup trop à mettre en avant "son" poulain, Robert Kubica.

Le Bavarois n'a jamais apprécié Villeneuve et n'attendait que la première occasion pour le virer de l'écurie.

C'est désormais chose faite. Hier matin, l'écurie BMW Sauber a publié un communiqué de quatre lignes annonçant que le Québécois ne disputerait pas la fin de la saison 2006 avec l'équipe.

À cette occasion, Mario Theissen a fait preuve de son sens de l'humour en titrant: «Les deux parties se séparent par consentement mutuel». Quelle bonne blague. Tout le monde sait que Jacques Villeneuve avait la ferme intention de terminer la saison 2006, et si possible de rester au sein de l'écurie BMW Sauber la saison prochaine. «Jacques a très bien travaillé pour nous cette saison, et c'est notamment lui qui a marqué notre premier point en Malaisie», poursuit Theissen dans son communiqué. On imagine sans peine son sourire au moment de pondre ces lignes. «Jacques nous a beaucoup aidé à créer la nouvelle entité BMW Sauber», poursuit-il. «Toutefois, après son accident de Hockenheim, l'écurie a décidé d'étudier les options qui s'offrent à elle pour 2007- ce qui nécessitait de tester Robert Kubica dans un environnement de course. Et ce qui a eu un impact sur la position de Jacques pour cette fin de saison. Nous comprenons parfaitement qu'il ne puisse pas maintenir son niveau de dévouement normal dans ce contexte d'incertitude. Nous respectons sa position et formulons nos meilleurs voeux pour son avenir.»

Encore un peu plus et Theissen affirmait que Villeneuve avait démissionné!

Le Québécois peut désormais passer à autre chose. En dépit de son contrat en béton avec BMW Sauber, rédigé en 2004 par les avocats de Craig Pollock, il se retrouve exclu avec effet immédiat. «La semaine dernière, l'écurie m'a informé qu'elle me remplaçait en Hongrie sans me donner d'assurance quand à mon volant après cette course, relevait Villeneuve hier matin. Par conséquent, j'ai accepté que nous nous séparions. C'est très décevant, parce que j'espérais bien travailler avec cette équipe sur le long terme, en capitalisant la saison prochaine sur notre expérience commune.»

On ne connaîtra sans doute jamais le montant réel du dédommagement- dans le paddock de Budapest, on parlait de 6 millions de dollars-, mais il n'est pas certain qu'il suffise à compenser le tort subi par Villeneuve. En tant que pilote BMW, il avait une chance de dénicher un volant pour 2007. Mais en tant que paria, rejeté par sa propre équipe, ces chances deviennent nulles.

Et les bonnes places ne sont pas légion, d'autant que le Québécois a souvent répété ces dernières semaines que les petites écuries, du calibre de Midland ou de SuperAguri, ne l'intéressaient pas.

Reste le championnat américain NASCAR, celui-là même que Juan Pablo Montoya rejoindra la saison prochaine. Après n'y avoir songé que de loin, et comprenant que la F1 ne lui offrait que peu de possibilités, le Québécois, ce week-end, a entamé des discussions avec plusieurs écuries.

«Jacques fera une annonce au sujet de son avenir lundi ou mardi prochain», confiait hier Yann Lefort, attaché de presse du pilote. Un délai très court qui semble là aussi confirmer la piste du NASCAR- un contrat en F1 prendrait davantage de temps à négocier.

Ce qui est certain, par contre, c'est que la décision de BMW prive la F1 de son pilote le plus anticonformiste. Jacques Villeneuve avait un style et un franc-parlé qui manqueront en F1. Triste fin pour celui qui avait réussi à battre Michael Schumacher sur le fil, pour devenir champion du monde 1997.