Au Québec, il serait surprenant que les gouvernements agissent contre l’opinion publique si elle est défavorable au projet, croit Richard Bergeron.

Même si, par la suite, elle devient favorable à une telle initiative. «Ils sont encore bloqués dans les années 70», conclut le chef de Projet Montréal.

«Il faut que ce système soit complètement transparent et que les gens puissent voir que l’argent est réinvesti dans les transports en commun et dans le réseau routier, dit M. Bergeron. Sinon, je ne vois pas comment il pourrait voir le jour.»

À Stockholm, les gouvernements ont instauré le péage malgré le désaccord de la population.

En effet, 55 % des Suédois s’opposaient au projet, mais les succès de l’opération ont fait chuter cette proportion à 41 %. Le résultat du référendum du 17 septembre décidera du sort de ce projet.

À Stockholm, l’utilisation des transports publics a crû de 6 %, en seulement six mois, grâce à un péage qui génère plus d’argent qu’il n’en coûte à exploiter.

Un système transparent

Par ailleurs, les autres automobilistes bénéficient aussi du péage. Moins de circulation, moins de pollution, et de meilleures conditions routières.

Mais comment convaincre les automobilistes d’ici de l’utilité d’une autre taxe à payer, encore?

Une opération rentable pour Montréal

Si la Ville de Montréal décidait d’imiter l’exemple de Stockholm et de Londres, elle pourrait faire un bénéfice annuel de l’ordre de plusieurs millions, estime Richard Bergeron, chef de Projet Montréal et ancien analyste de l’Agence métropolitaine de transport (AMT).

«Il passe en moyenne tout près d’un million de véhicules par jour sur les ponts autour de l’île, dit-il. En ne comptant pas les week-ends, 250 millions de voitures passent chaque année.»

En imposant un péage comparable à celui de Stockholm, soit 1,75  par véhicule, on arriverait à dégager des revenus d’environ 430 millions – à moins qu’un nombre important d’automobilistes décident d’utiliser un autre mode de transport pour se rendre au boulot.

Cette seule mesure aurait permis de réduire la circulation urbaine de 22 %, en moyenne. L’objectif initial était d’avoir entre 10 et 15 % moins de véhicules afin de décongestionner les rues de la métropole suédoise.

Du même coup, les émissions de gaz carbonique ont été réduites de 14 % dans le centre-ville, par rapport au niveau observé avant la mise en application du péage.

En utilisant les statistiques sur les accidents de la route et sur la mort prématurée causée par la pollution urbaine, cette mesure aurait permis d’éviter à 25 piétons d’être victimes d’une collision avec une automobile, et aurait ajouté 300 années de plus au total d’années vécues par les résidants de Stockholm.

Le projet de péage pour les automobilistes voulant emprunter les rues du centre-ville de Stockholm a connu un vif succès au cours des six derniers mois.

Instauré le 1er janvier dernier, le péage a toutefois été annulé le 31 juillet. Comme prévu, un référendum doit avoir lieu pour décider de son sort, mais il inspire déjà les observateurs d’un peu partout dans le monde, y compris à Montréal.

Aux portes de la ville suédoise, des caméras et des capteurs reconnaissent la plaque d’immatriculation des véhicules. Le coût d’entrée varie de 1,75  à 9 CAN, selon l’heure du jour, entre 6 h 30 et 18 h 30. Les bus, les taxis, les véhicules de secours, les voitures électriques ou hybrides et les véhicules immatriculés à l’étranger sont exemptés de péage.