Qu’à cela ne tienne, cette Z06 démontre la fabuleuse somme de passion, d’acharnement et de talent de son équipe de concepteurs. Ceux-ci ont réalisé une voiture sport remarquablement complète et raffinée, qui offre sans doute le meilleur rapport qualité/prix/performances que l’on puisse trouver actuellement sur cette planète. Rien de moins.

Comme des voitures de son espèce, la Z06 a horreur de la ville. Son diamètre de braquage s’apparente à celui d’un camion, à cause de son encombrement important pourrait-on dire, mais aussi par la peur d’une vilaine rayure sur sa carrosserie, vierge de toute protection. Attention aussi au déflecteur avant qui mange toute une raclée à la moindre ondulation du terrain.

Agréable même au quotidien

Contrairement aux Élise, GT, Viper et autres sportives d’exception, la Z06 se révèle étonnamment fonctionnelle. Même si elle est affligée d’un seuil de chargement élevé et que son hayon est difficile à agripper, la capacité du coffre est pour le moins étonnante.

Ceux qui ont l’imagination fertile n’auront désormais plus l’impression de se glisser à l’intérieur d’un cercueil en prenant place à bord de la Corvette. Les sièges joliment sculptés vous maintiennent confortablement en place. Le tableau de bord aligne une instrumentation complète, visuellement intéressante et facile à consulter, de même que des commandes disposées logiquement. Les espaces de rangement ne sont pas nombreux et les concepteurs ne se sont visiblement pas creusés les méninges pour essayer d’innover dans ce domaine.

Résumons: plus chère, plus distincte et plus légère, cette Corvette tout en muscles est également la plus sauvage de sa lignée. Le moteur de la Z06 ne manque pas de pédale, ni de cœur. D’une cylindrée de 7 litres, ce V8 tout aluminium a sans doute beaucoup à envier aux mécaniques européennes sur le plan de la sophistication technique, mais quel rendement tout de même. Et quel souffle surtout! Il génère 505 chevaux et déploie sa puissance avec aisance tout en demeurant alerte à faible régime. Associé exclusivement à une boîte manuelle à six rapports (étonnamment souple en regard du couple), ce moteur se plaît à faire «crisser» les deux gros pneus Goodyear de 19 pouces montés à l’arrière. Heureusement, le contrôle de traction veillera à ménager vos pneus. Avec ses immenses pneumatiques qui collent au bitume et la puissance disponible, la montée en vitesse est phénoménale et vous plaque contre le dossier de votre siège. Jugez-en: moins de 4 secondes pour passer de l’arrêt à 100 km/h sans même avoir déplacé le levier de vitesse. Et si on continue sur sa lancée, plus de 280 km/h au bout de l’horizon où les forces de l’ordre vous attendent pour vous enfiler les menottes…

Mais ces chiffres, si faramineux soient-ils, ne peuvent rendre compte de l’efficacité de son châssis que certains puristes (encore eux!) jugeront sans doute un peu aseptisé par la présence de – trop – nombreuses aides à la conduite. En effet, cette Corvette de l’extrême retient toujours les services du dispositif de stabilité Active Handling, qui s’ajoute à l’antipatinage et à l’antiblocage. Ce système peut actionner individuellement chacun des quatre freins à disque, voire réduire le couple du moteur, afin d’éliminer tout dérapage. Il possède même un mode performance qui désactive seulement l’antipatinage. Le système fonctionne à merveille et il est fortement recommandé de le laisser actif pour la conduite sur chaussée détrempée ou glissante. Dans ces conditions, la motricité apparaît moyenne et le couple surabondant du gros V8 exigent du conducteur une attention totale et une maîtrise certaine, sans quoi ils vous joueront de vilains tours.

Lorsque la chaussée est sèche et que le soleil brille, cette Z06 se révèle impérieuse et sereine. Solidement ancrée au sol, la Corvette procure un sentiment – bien réel – de sécurité et de stabilité. Finement réglé, le châssis de la Corvette demande tout de même un temps d’adaptation: long museau, large croupe bien posée au sol, position de conduite au ras du sol. Cette Corvette peut vous mettre le cœur sur trampoline mais demande avant toute chose de se faire apprivoiser avant de vous faire goûter aux plaisirs interdits. Son équilibre et son adhérence sont impressionnants, mais pour aller chercher la limite, la vraie, de solides notions de pilotage sont exigées. Surtout si les aides à la conduite sont inactives. Entre les mains d’un conducteur exercé, elle révèle alors un formidable potentiel. Mais, pour en profiter, il faut vraiment avoir l’envie et la capacité de piloter sportivement.

Rien à faire. Quoi qu’il advienne, pour les petits nez retroussés, la Corvette sera toujours une éternelle caricature de la voiture sport. Mais que lui reproche-t-on, au juste? D’être ce qu’elle est? C’est-à-dire plus abordable, plus fiable, mieux finie et moins coûteuse à l’entretien que ses rivales italiennes ou anglaises? Un conseil à ses détracteurs: épiez-la moins et regardez-la mieux; dépensez moins et investissez mieux. Cette Corvette Z06 est une véritable sportive, du calibre des meilleures réalisations, et ce, au tiers du prix...

Physiquement, aucun risque de se méprendre, il s’agit bien d’une Corvette. La partie avant, fluide, toute en rondeurs rappelle vaguement celle d’une Ferrari ou d’une Viper avec ses lentilles transparentes. La Z06 conserve sans doute les formes de la Corvette, mais elle s’en distingue notamment avec son carénage avant distinct, ses écopes de refroidissement additionnelles et ses estampilles spécifiques posées sur les ailes avant et qui rappellent que derrière sommeille une mécanique de 505 chevaux. Pas un mot sur la charge à mouvoir, mais sachez que cette Z06 est aussi plus légère que la Corvette de monsieur et madame Tout-le-Monde en raison de l’usage de nobles matériaux: magnésium (support-moteur) et fibre de carbone (planchers et ailes).

La plus sauvage