Sur la route

L'oeil de Martin Boisvert est aussi aiguisé que ceux des gens de Subaru. Dans notre tableau qui accompagnait notre chronique de la semaine dernière sur les principaux utilisateurs de moteurs suralimentés par turbocompresseur, il a remarqué que Subaru brillait par son absence.

Du piment dans la conduite

Au terme de plusieurs heures de débosselage, l’aile reprend ses formes. Et sa couleur. Idem pour le longeron de bas de caisse, également touché lors de l’accident. En attendant de l’emmener en balade, je suis allé lui acheter une jante (d’occasion), une calandre qui s’harmonise mieux à son look européen et, surtout, de nouveaux étriers (ainsi que les disques et les plaquettes qui vont avec) plus performants. Et aussi, je me suis assuré de faire retoucher le cuir endommagé des baquets. Le retour de l’enfant prodigue?

Roule-t-elle mieux depuis? Je ne sais pas. Il y a si longtemps que je m’étais glissé derrière son volant. En fait, je n’ai roulé que 347 kilomètres en 24 mois. C’est-à-dire, si mes calculs sont exacts, 68,86$ le kilomètre. C’est (très) cher, j’en conviens. Mais le plaisir doit entrer dans l’équation. À ce chapitre, cette Audi respecte ses promesses, même si elle n’est plus tout à fait une jeunesse, à 21 ans. Il faut voir sa vivacité à jaillir des épingles, il faut ressentir la force qu’elle a de vous plaquer le dos contre le dossier lorsque le turbo se met en colère. Et il y a aussi sa motricité presque surnaturelle. Certes, la transmission n’est pas un modèle de rapidité et la tenue de cap est loin d’être irréprochable, mais ça met du piment dans la conduite. Et surtout, ça change des voitures modernes, aseptisées par ces aides à la conduite qui, hélas, finissent par endormir la méfiance que nous devrions avoir au volant.

Difficile de goûter à tous ces plaisirs sans songer à tout ce qu’il reste encore à accomplir. Des niaiseries. Comme la portière de droite que j’ai dépouillée de sa pelure intérieure pour retirer le mécanisme de la glace électrique, qui manifestement était sur le point de rendre l’âme. En attendant, pour maintenir la glace fermée, le manche en bois d’un vieux balai à neige fait office de béquille. La jauge à essence ne fonctionne plus. Rien de grave. Je ne vais jamais bien loin et, à chaque sortie, je fais le plein. D’ailleurs, je ne calcule jamais le kilométrage et je ne remets pas le compteur journalier à zéro: ils ne fonctionnent pas non plus. Pas plus que l’indicateur de vitesse qui, comme les essuie-glaces, est doté d’un dispositif intermittent. Pas grave, juste à suivre le flux de la circulation et à compter les bornes kilométriques. Je n’ai que ça à faire. D’autant plus qu’il y a pas de radio!

Je vous rassure tout de suite, ce sont que de petits bobos. Rien de grave. Seulement de petits irritants. Ces phrases, je les ai répétées un milliard de fois. À ma blonde, à mon fils, à mon comptable, à mon banquier. À mon père aussi, qui me répétait à mots couverts: tu ferais peut-être mieux de t’en défaire.

J’ai bien failli l’écouter le 16 avril dernier, jour où il a lu ma dernière chronique sur le sujet. Rappelez-vous: l’aile avant gauche froissée, la jante qui singe la forme d’une banane, c’en était trop. D’accord, mais on fait quoi, maintenant? On la vend pour les pièces? Complètement ridicule.

Ce sentiment, je l’ai éprouvé le jour où j’ai commandé une nouvelle aile avant (1340). Contrairement à ce que j’avais écrit il y a quatre mois, elle ne se trouvait pas dans un entrepôt nord-américain. Elle se trouvait en Allemagne. Délai d’attente: 25 jours. Le jour venu, vous comprendrez ma joie de remettre la nouvelle pièce au carrossier. Plaisir de courte durée. Quarante-cinq minutes plus tard, le carrossier m’annonce que ce n’est pas la bonne aile. Elle est trop courte de 2,5 centimètres. On jurerait une aile de jobber. Tout comme moi, le concessionnaire a eu peine à croire à cette histoire avant d’avoir le ruban à mesurer en main. Elle était trop courte. La mauvaise aile? Impossible: le constructeur allemand n’a jamais enflé les ailes d’aucun de ses modèles de la sorte. Le mystère demeure entier.