> Ici, le plaisir a un prix presque raisonnable : 45 120$. Hélas, c’est sans compter la somme que vous devrez acquitter à chacun de vos (fréquents) arrêts à la station-service.

Hélas, les constructeurs cèdent au politiquement correct en muselant leurs voitures surpuissantes de bretelles électroniques. Avec, en corollaire, un surpoids (cette SRT-8 dépasse les 1900 kg) qui n’arrange pas les choses. C’est un peu comme si ces pur-sang étaient régulièrement retenus par le mors et pénalisés par des fontes de plomb. On fait plus mais on peut moins semble être la devise de ces voitures toujours exceptionnelles mais de moins en moins sensationnelles. Cela dit, pour pleinement goûter à la puissance et faire dériver le train arrière de cette propulsion en jouant du différentiel autobloquant, il faut encore débrancher le contrôle dynamique de stabilité, omniprésent en temps ordinaire. Sans lui et en usage extrême sur sol sec, les performances pures de la Charger SRT-8 s’endiablent.

Les modifications esthétiques sont nombreuses et cette Charger dégage ce petit côté rétro qui nous pince le cœur. Nous ne sommes pas les seuls si l’on en juge par le nombre de pouces levés et de regards admiratifs qui accompagnent l’apparition de la bête. La sportivité transparaît au travers des graduations ambitieuses des cadrans et des sièges sport à l’avant, offrant un calage presque idéal. Hormis les sigles SRT-8 fort discrets, l’assiette abaissée de 25 mm, et l’encoche pratiquée sur le capot, cette Dodge pourrait passer inaperçue, même des policiers!

Ce qu’il faut savoir

> Ici, le plaisir a un prix presque raisonnable : 45 120$. Hélas, c’est sans compter la somme que vous devrez acquitter à chacun de vos (fréquents) arrêts à la station-service.

> À moins de conduire avec un œuf sous votre semelle droite, la consommation de ce monstre se situe aux alentours de 23 l/100 km.

> La Charger n’est pas le seul produit DaimlerChrysler apprêté à la sauce SRT. La 300C et la Grand Cherokee le sont, elles aussi.

Vitesse de pointe de 240 km/h

Sans vraiment rugir pour rester conforme à une utilisation familiale, ce terrible moteur semble ne jamais pouvoir s’essouffler. Il est vrai que la boîte semi-automatique à cinq rapports égrène comme autant de piqûres de rappel le bon remède du Dr Zetsche, apportant à tout moment le coup de fouet attendu.

Chrysler revendique un 0 à 100 km/h en un peu plus de 5 secondes et une vitesse de pointe de plus de 240 km/h (le compteur est gradué jusqu’à un optimiste 300). Tenant à conserver notre permis de conduire, nous avons renoncé à vérifier la seconde affirmation, mais nous ne nous sommes pas privés de contrôler le reste.

Pourtant, dès la prise de contact, un sentiment étrange mêlé de fascination et de crainte respectueuse nous envahit. Considérant son poids et ses dimensions, cette Charger SRT-8 incite à l’humilité au moment d’attaquer la première courbe. Puis vient la seconde, la suivante et, petit à petit, la confiance s’installe.

La morosité s’est emparée de vous. Avec la progéniture qui grandit, vous voyez, non sans un soupçon d’angoisse, vos jeunes années s’estomper. Qu’est devenu le bon temps des grandes virées impromptues avec votre coupé sport? Il est grand temps d’employer les grands remèdes. Le bon Dr Zetsche, président du conseil de direction de DaimlerChrysler, propose un traitement de cheval, ou plutôt de chevaux, déboulant au nombre de 425 sous le capot de l’une de ses berlines.

Pour beaucoup d’automobilistes accoutumés à jauger la vélocité d’un modèle en fonction de la marque, voir une Dodge présenter des accélérations de Mercedes AMG aura de quoi sidérer. Difficile en effet de croire qu’une berline américaine d’apparence sage puisse offrir une puissance digne d’une flèche d’argent de Stuttgart. Mais pas autant que de voir cette Dodge enrouler les courbes des routes secondaires en glissade comme une authentique voiture de rallye! Comme quoi les apparences sont parfois trompeuses.

Sous la paisible silhouette d’une voiture qu’affectionnent les familles en quête d’espace intérieur se cache bien un météore. Que l’on se fie pour une fois aux apparences: cette Charger SRT-8 promet l’orage et le tonnerre et c’est bien une tornade qui se déchaîne sous son capot grâce au fantastique souffle de son V8 porté à 6,1 litres.