«Nous allons lancer de nouveaux véhicules hybrides, et nous voulons aussi accroître notre production de véhicules carburant à l’éthanol ou au nouveau diesel propre», illustre-t-il, sans toutefois révéler d’objectif précis de réduction de la consommation de carburants fossiles.

D’ici la fin de l’année, Ford lancera de nouveaux modèles de véhicules sous sa bannière, ainsi que sous la bannière Lincoln, illustrant sa nouvelle stratégie. Ces nouveautés comprennent deux véhicules multisegments, quatre VUS de grand format, et une seule voiture.

Décidément, pour le changement promis, il va falloir repasser.

Mark Fields utilise le même refrain que bien d’autres chez Ford, quand il affirme que la multinationale préfère prendre son temps afin de ne pas mettre en marché un produit mal ficelé. On entendait déjà ce refrain il y a trois ou quatre ans, mais il semble que cette fois pourrait être la dernière: une petite voiture pourrait arriver sur les marchés canadiens et américains en 2008.

De même, M. Fields admet que Ford doit mieux utiliser les différentes architectures d’automobiles produites sur d’autres continents. «Il faut améliorer la façon dont on partage ces architectures entre marchés», dit-il. Il suffit ensuite de dessiner une carrosserie différente pour chacun de ces marchés, selon ses caractéristiques uniques.

Encore des gros VUS

Il semble logique de penser que les coûts grimpants du carburant pourraient être compensés par la production de véhicules qui consomment moins. Bill Ford a récemment réduit ses objectifs, mais son second précise que Ford entend toujours s’améliorer à ce chapitre, et quitter l’avant-dernière position des constructeurs dans le classement sur l’efficacité énergétique de ses produits.

«Nous avons aussi freiné la glissade de notre part de marché aux États-Unis», ajoute M. Fields. «En 2005, elle a reculé de 1,1%. Cette année, ce recul n’est que de 0,7%.» Les ventes de voitures en hausse de 11% expliquent cette amélioration. Du côté des camions et des VUS, au contraire, ça va plutôt mal.

Partager entre continents

«L’intérêt des consommateurs passe plus rapidement que prévu des camions aux voitures», explique le bras droit de Bill Ford. «Notre position dominante dans le marché des camions accroît l’impact de ce changement sur nos parts de marché.»

Naturellement, la demande changeante des consommateurs nord-américains signifie que le constructeur doit lui aussi changer ses pratiques, une mesure que tarde à effectuer le groupe Ford. Par exemple, la popularité des petites voitures sous-compactes, dont profitent grandement d’autres marques, tarde à faire réagir le constructeur américain.

Malgré de nouvelles pertes de 123 millions de dollars américains pour le second trimestre, la société Ford Motor maintient le cap sur son plan de restructuration, aussi vague soit-il. L’objectif: rentabiliser les opérations nord-américaines. La tâche confiée au sauveur de Mazda, Mark Fields, président de Ford Amérique, s’avère de plus en plus difficile, de l’aveu même du principal intéressé.

«Le prix des métaux et le coût de l’essence ont beaucoup augmenté depuis le début de l’année. Ce sont nos deux principaux défis», dit-il. De passage à Montréal pour motiver ses troupes, M. Fields a avoué à La Presse que ces deux facteurs étaient imprévus par la direction de Ford. Ils vont mener le constructeur à annoncer de nouvelles mesures, d’ici deux mois, afin de respecter les objectifs de réduction des coûts mis en place en janvier dernier.

«Ce que les chiffres (du deuxième trimestre) ne montrent pas, c’est que nous avons tout de même réduit nos coûts en général. Notre production aussi a été réduite de près de 700 000 unités par rapport à l’an dernier.» Des fermetures d’usine et des licenciements, environ 12 000 à ce jour, ont permis à Ford de faire passer de 907 millions à 797 millions sa perte nette enregistrée en Amérique du Nord.