La volonté de tirer vers le haut la marque qui, ne l’oublions pas, a donné naissance à la voiture du peuple, a engendré un décrochage de la clientèle. Perplexe, celle-ci n’a pas réussi à jauger au tarif les mérites respectifs des dernières créations de Wolfsburg, fief de la marque allemande. Et, si l’amateur éclairé a appris à regarder dans le détail l’offre de Volkswagen, il n’a pas toujours trouvé ce qu’il voulait en dehors de la voiture moyenne. Dès lors, malgré la richesse des équipements, Volkswagen étonne moins que jamais avec cette Passat. Parfaite sûrement, mais convenue tout de même. Un conseil: préférez les versions d’entrée de gamme. Elles proposent un rapport prix/équipements plus avantageux.

La semaine prochaine: notre Match du mois entre la Saturn Sky, la Mini Cooper S et la Mazda MX-5.

Dès les premiers tours de roues, cette familiale apparaît mieux suspendue que la génération précédente. Mais l’ensemble manque toujours de progressivité et secoue un peu trop sur mauvaises routes et petites déformations. Qu’à cela ne tienne, l’allemande demeure toujours bien campée sur ses roues, prend peu de roulis et enchaîne les virages avec facilité. Bien sûr, en raison de son poids (1793kg tout de même), elle se montre un peu pataude.

Quelques bruits de roulement se font entendre, parfois assez fortement sur revêtement granuleux. La direction à assistance électrique isole un peu trop de la route pour bien sentir la limite d’adhérence. À l’usage cependant, cette direction sait se faire oublier, ce qui est aussi une qualité. Le train avant, précis, est suivi comme son ombre par l’arrière, rivé au sol. Bref une VW typique, formidablement saine, jamais piégeuse. Pas vraiment amusante, mais toujours facile à conduire. Poussée dans ses derniers retranchements ou en cas de mauvaise appréciation d’un virage, elle manque d’efficacité lorsque seules ses roues avant sont motrices. Elle glisse alors amplement du nez et tarde à retrouver sa trajectoire, d’autant que l’antidérapage agit peu pour corriger le sous-virage. L’antipatinage est, en revanche plus réactif. Pour plus de sérénité au volant, la variante 4 Motion proposée uniquement sur le modèle haut de gamme, apparaît la plus désirable des Passat. D’accord, mais le prix exigé (47 015) a de quoi faire réfléchir. Pour excuser ce tarif indigeste, Volkswagen pourrait très bien nous rappeler qu’une Outback 3,0 R VDC est vendue, elle, 45 995. L’image de marque de Volkswagen ne vaut-elle pas celle de Subaru? La question est posée. À vous (et votre banquier?) d’y répondre.

Cela dit, toutes ces béquilles électroniques veillent à faire passer au sol la fougue de son V6 3,6 litres de 280 chevaux. Paraîtrait-il moins enflammé si la pédale d’accélérateur avait été plus progressive? Sans doute pas, mais l’agrément moteur, lui, n’aurait été que meilleur. Surtout que la boîte semi-automatique Tiptronic (DSG, où es-tu?) nous est, une fois de plus, apparue mal à l’aise à gérer toute la puissance disponible et à sélectionner le rapport approprié. L’ennui, c’est qu’il faut faire avec, aucune autre boîte n’est offerte au catalogue.

Comme la très vaste majorité de ses rivales, on s’y sent à l’aise à quatre, mais serré à cinq. Et comme d’habitude chez VW, le mobilier intérieur fait dans le classique, avec une immense console centrale. La qualité est de bon niveau. Elle est renforcée par le revêtement moussu et très agréable au toucher de la partie supérieure du tableau de bord. La qualité d’assemblage est élevée, d’autant plus appréciable au quotidien que les aspects pratiques n’ont pas été négligés. Si le coffre à gants réfrigéré manque un peu de volume, il est complété par un vaste rangement sous l’accoudoir central et des bacs de portes suffisamment grands pour recevoir cartes, guides et grandes bouteilles d’eau. Sans oublier, derrière la commande de boîte de vitesses, à l’emplacement libéré par le frein à main électrique, un rangement de dimension honnête.

La Passat cède à la mode de la clé électronique qu’il suffit de pousser pour démarrer. Génial, mais sur notre voiture d’essai, celle-ci est demeurée coincée dans son écrin plus d’une fois. Cette familiale est également dotée d’un frein d’urgence électrique et peut recevoir, en option, des coussins latéraux arrière (450). La navigation avec cartographie sur DVD (2700) se trouve également sur la liste des accessoires optionnels, tout comme les phares bi-xénon orientables (1600) et un groupe Sport (3495) que nous ne saurions recommander vu l’état de notre réseau routier. Bref, l’allemande vit avec son temps, mais sans verser dans la technique à outrance. Mais comment s’expliquer que la version de base (31 425 tout de même) soit démunie de jantes en alliage?

Sereine et tranquille

Qui dit module avant de Golf (ou Rabbit) dit retour aux moteurs transversaux, donc abandon de l’anecdotique W8 qui, franchement, n’a jamais convaincu. En lieu et place, le constructeur allemand propose un V6 de son cru et un quatre cylindres suralimenté par turbocompresseur, lequel se charge d’animer les modèles d’entrée de gamme, tous à roues avant motrices.

La Passat a toujours su séduire par son habitabilité, sa belle finition et son attitude bourgeoise, mais pas trop. À ce sujet, la réédition de ce modèle en impose sur le plan du style. Ses optiques longuement étirées et sa calandre béante généreusement nickelée donnent le ton. On a peine à croire que cette imposante familiale repose sur des éléments techniques de la Golf… La Golf, ou plutôt la Rabbit, comme elle se fait appeler chez nous. Précision utile: chez VW, on ne parle pas de plateforme commune, mais de modules partagés. En réalité, la Passat emprunte à la Rabbit sa direction, ses trains roulants et quelques autres boulons et rondelles. Et pour assurer une habitabilité optimale, point fort de toutes les générations de Passat, l’empattement a été considérablement allongé et les voies élargies par rapport à la Rabbit, tandis que le porte-à-faux arrière a été considérablement augmenté, au bénéfice de l’immense coffre.

Un coffre dont la capacité de chargement record fera le bonheur des apprentis déménageurs ou des antiquaires en herbe. La banquette arrière se module pour aménager l’habitacle à son gré, au prix, hélas, d’une manipulation malaisée de la lourde poutre transversale, qui assure l’accostage des dossiers. Sous la trappe de plancher niche une roue de secours pleine grandeur. Une rareté de nos jours.

Côté pratique, chacun appréciera le hayon à ouverture électrique (de série sur tous les modèles), grâce à une simple pression sur un bouton. Un véritable atout pour cette familiale dont l’immense cinquième porte est lourde à manipuler. Si la lunette arrière est – hélas – solidaire du hayon, il est bon de souligner aussi que le filet de retenue des bagages figure toujours sur la liste des caractéristiques de série.