Une alliance entre le groupe automobile américain en difficulté General Motors (GM), le japonais Nissan et le français Renault causerait un souci évident à Toyota, à l'heure où le géant nippon se prépare à être sacré premier constructeur mondial.

Une alliance entre le groupe automobile américain en difficulté General Motors (GM), le japonais Nissan et le français Renault causerait un souci évident à Toyota, à l'heure où le géant nippon se prépare à être sacré premier constructeur mondial.

GM et l'alliance Nissan-Renault se sont donnés jusqu'à la mi-octobre pour réfléchir à un éventuel partenariat à trois. Cette idée avait été lancée par le principal actionnaire individuel de GM, le milliardaire Kirk Kerkorian.

Un tel rapprochement permettrait peut-être à GM de sortir du gouffre financier, et aux trois partenaires de réaliser des synergies.

Mais il leur permettrait aussi de faire front commun face à la croissance effrénée de leur principal concurrent, Toyota, qui devrait supplanter cette année GM au rang de numéro un mondial de l'automobile grâce à ses spectaculaires succès commerciaux en Amérique du Nord et en Europe.

Toyota, qui projette de produire 9,06 millions de véhicules dans le monde cette année (10 % de plus qu'en 2005), s'est lancé dans un programme d'investissement massif et prévoit d'ouvrir une dizaine d'usines d'ici 2010, au moment même où ses rivaux américains se restructurent douloureusement.

Le PDG du groupe nippon, Katsuaki Watanabe, s'est refusé jeudi à tout commentaire sur l'éventuelle alliance Nissan-Renault-GM, indiquant simplement qu'il n'avait pas l'intention de se joindre au projet.

Les possibles noces à trois avec Nissan sont pourtant susceptibles d'avoir un goût amer pour Toyota, qui s'intéresse depuis longtemps au sort de General Motors. Le groupe japonais avait même proposé l'an dernier de voler au secours de son concurrent, afin de prévenir tout retour de bâton protectionniste de la part des États-Unis contre les voitures japonaises au succès trop criant.

Début octobre 2005, Toyota avait ainsi fait une «fleur» à GM en lui rachetant une participation de 8,7 % dans le groupe Fuji Heavy Industries, qui produit les voitures de marque Subaru. Une opération à l'intérêt limité pour le groupe nippon, mais qui avait opportunément renfloué les caisses de GM.

Les PDG de GM et de Toyota se sont rencontrés à au moins deux reprises l'an dernier. Il avait notamment décidé de prolonger un accord de coopération dans le domaine des piles à combustible signé en 1999.

Surtout, les deux groupes possèdent depuis 1984 une coentreprise aux États-Unis, Nummi, qui produit les modèles Pontiac Vibe et Corolla, et dont l'importance est vitale pour Toyota.

«Notre collaboration se poursuit, et nous voulons continuer les très bonnes relations que nous avons déjà établies avec GM», commentait jeudi M. Watanabe.

Selon le quotidien économique Nikkei, Toyota a commencé à réfléchir aux scénarios possibles au cas où l'alliance GM-Nissan-Renault se concrétiserait. Le problème numéro un serait un éventuel départ de GM de Nummi, qui produit 30 % des voitures Toyota fabriquées aux États-Unis.

Toyota devrait alors soit abandonner Nummi et se priver d'un important outil de production, soit reprendre la part de 50 % de GM.

Toyota a cependant démenti avoir l'intention de faire une contre-offre à GM afin de faire capoter le projet d'alliance avec Nissan-Renault, comme l'a affirmé l'hebdomadaire américain BusinessWeek.

«Il ne serait pas surprenant que Toyota examine toutes les options. Mais nous serions surpris s'il envisageait quelque chose de plus que l'extension des joint-ventures, des partages de technologie et du développement de véhicules», estime la Deutsche Bank dans une récente note à ses clients.

Selon elle, «Toyota n'a approché GM avec aucune proposition concrète, et il n'est pas dans les habitudes de Toyota de chercher à acquérir des participations» dans d'autres sociétés.