Au plus fort de sa course pour devenir le premier constructeur automobile mondial, le japonais Toyota Motor a subi un rude coup pour sa réputation avec l'éclatement d'un scandale de dissimulation de défauts techniques.

Au plus fort de sa course pour devenir le premier constructeur automobile mondial, le japonais Toyota Motor a subi un rude coup pour sa réputation avec l'éclatement d'un scandale de dissimulation de défauts techniques.

Dans la plus pure tradition nippone, le PDG de Toyota Katsuaki Watanabe s'est longuement prosterné jeudi devant les caméras de télévision, en présentant ses «profondes excuses pour avoir inquiété les consommateurs».

Le leader nippon de l'automobile est soupçonné d'avoir passé sous silence pendant huit ans un problème affectant la barre d'accouplement, qui assure la liaison entre les deux roues directrices, du modèle de 4x4 Hilux Surf.

Ce défaut a été à l'origine en août 2004 d'un accident de la circulation qui a fait cinq blessés à Kumamoto, dans le Sud du Japon. Deux mois plus tard, Toyota annonçait le rappel de 330 000 Hilux Surf, en expliquant que des défauts avaient été relevés sur onze véhicules.

Mais l'enquête policière a démontré que Toyota avait en fait relevé 82 cas de dysfonctionnements. Pire : trois cadres du constructeur sont accusés par les enquêteurs d'avoir eu connaissance du problème pendant huit ans sans rien faire pour mettre en garde les consommateurs.

Toyota a reconnu la première accusation, mais pas la deuxième. Le PDG a promis de collaborer avec la justice, et d'améliorer ses contrôles internes de qualité pour qu'un tel incident ne se reproduise pas.

Selon les médias nippons, le gouvernement pourrait imposer des sanctions administratives à Toyota, la première entreprise du pays.

«Nous pensons qu'il y a quelques problèmes dans le système de production de Toyota, et nous chercherons probablement à prendre des mesures préventives», a déclaré jeudi le vice-ministre des Transports, Masafumi Yasutomi.

Cette affaire a de quoi préoccuper Toyota, dans un pays où les consommateurs sont particulièrement à cheval sur la qualité et la sécurité des produits. En 2004, un scandale de défauts techniques dissimulés pendant des années avait fait vaciller le quatrième constructeur nippon, Mitsubishi Motors.

Le problème survient par ailleurs à un moment où le principal concurrent mondial de Toyota, l'américain en difficulté General Motors, est en pourparlers avec son principal concurrent au Japon, Nissan Motors, en vue de former une alliance à trois avec le français Renault.

Une opération qui, si elle avait lieu, pourrait éroder l'influence du géant nippon sur le crucial marché nord-américain et remettrait en cause sa prétention de s'installer durablement, en principe à partir de cette année, à la tête de l'industrie automobile mondiale.

Les analystes minimisent toutefois la portée du scandale de défauts. «Ce n'est pas bon pour l'image de Toyota, mais je ne pense pas que cela affectera son bénéfice ou le cours de son action. Seul un nombre limité de consommateurs pourraient changer de marque», estime ainsi Mitsuyuki Ohdaira, spécialiste du secteur automobile au Centre de recherche Tokai Tokyo.

Le président Watanabe a reconnu jeudi que «le nombre de rappels de véhicules s'était accru ces dernières années». Le groupe a par exemple renvoyé au garage 1,19 million de voitures en septembre 2005, et 1,27 million un mois plus tard. Le PDG a invoqué la complexité croissante des technologies équipant les automobiles, les temps d'utilisation plus longs qui nuisent à la qualité et la standardisation des pièces de véhicules.