Le développement généralisé de la voiture autonome est un objectif encore lointain, estime Jean Todt, le président de la Fédération internationale de l'Automobile (FIA), pour qui l'objectif premier est l'amélioration de la sécurité routière à laquelle la F1 peut être associée.

« On est loin de la voiture autonome », a affirmé M. Todt dans un entretien accordé à l'AFP en marge du GP de Monaco. « Je fais confiance aux experts et aux législateurs pour régler les problèmes de la voiture autonome. Mais quand y aura-t-il une voiture autonome à Nairobi, au Bénin, en Mauritanie ? 80 % des victimes d'accidents de la route aujourd'hui sont dans les pays en voie de développement », a-t-il souligné.  

« En Inde, il y a 300 000 morts sur les routes tous les ans, en Chine autant, vous avez 45 % des victimes dans ces deux pays », a-t-il ajouté. « La voiture autonome, la voiture électrique concernent des volumes extrêmement limités », a-t-il affirmé.

Jean Todt, qui est aussi envoyé spécial de l'ONU pour la sécurité routière, rappelle que les accidents de la route provoquent chaque année « 1,350 million de morts sur les routes dans le monde et entre 30 et 50 millions de blessés avec des conséquences ».

La FIA joue un rôle pour lutter contre ce qu'il estime être une « pandémie comme la malaria, la tuberculose, le Sida, si ce n'est que ces pandémies on ne sait pas encore comment les soigner alors que sur la route on sait : c'est l'éducation, l'application des lois, les véhicules, les infrastructures routières et la qualité des secours après les accidents ».

La F1 au service de la sécurité

Interrogé sur la levée de boucliers en France contre la limitation à 80 km/h de la vitesse maximum sur les routes secondaires, Jean Todt rappelle qu'en 1973 « il y a avait 18 000 morts sur les routes en France, on en est aujourd'hui autour de 3250 avec trois fois plus de véhicules ».

« Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, on en parle ce qui veut dire que la sécurité routière est dans l'agenda du gouvernement. Or, malheureusement, dans les pays en voie de développement très peu est engagé », regrette-t-il.

A l'initiative de la FIA, les pilotes de F1 sont associés à des campagnes de sécurité routière dans le cadre des Grand Prix. A Monaco a ainsi été lancée avec la princesse Charlène et Charles Leclerc, le pilote Ferrari local de l'étape, une campagne sur la sécurité des piétons.

La discipline phare du sport automobile peut également être un vecteur de sensibilisation à la sécurité routière dans les pays en voie de développement, estime le président de la FIA.

Un Grand Prix va être organisé l'an prochain au Vietnam et « dès que cela a été annoncé, je me suis rendu au Vietnam et j'ai dit aux responsables qu'on allait beaucoup parler d'eux au travers de leur implication dans la F1 et que c'était l'occasion de parler de sécurité routière », précise Jean Todt. Cela a été suivi d'une campagne du gouvernement de distribution de 10 000 casques à Hanoï où aura lieu le GP, a-t-il souligné.