Trente-sept : c'est le nombre de collisions dans lesquelles des véhicules autonomes Uber ont été impliqués avant l'accident qui a tué une piétonne durant la nuit du 18 mars 2018 à Tempe, en Arizona.

C'est ce que révèle un rapport préliminaire du National Transportation Safety Board américain, qui a enquêté sur le décès d'Elaine Herzberg, survenu alors qu'elle traversait la rue en marchant à côté de son vélo. Mme Herzberg, une mère sans-abri de 49 ans, est la première piétonne à mourir après avoir été écrasée par un véhicule autonome.

PHOTO POLICE DE TEMPE, VIA AFP

Cette saisie d'écran montre une image vidéo d'Elaine Herzberg, juste avant l'accident qui lui a coûté la vie. L'image vient de la caméra embarquée du véhicule autonome Uber qui l'a renversée.

Ces 37 accidents ont eu lieu entre septembre 2016 et mars 2018. C'est un chiffre élevé, mais avant de sauter aux conclusions, il faut savoir que dans 33 de ces cas, le véhicule Uber avait été heurté par un autre véhicule (conduit par un humain).

Cela montre que les conducteurs humains font des erreurs, mais là encore, il faut s'abstenir de sauter trop vite aux conclusions : certaines erreurs des conducteurs humains s'expliquent sans doute par le comportement routier des voitures autonomes expérimentales, surtout dans les premiers temps. Les autos dirigées par des logiciels ont pu ne pas se comporter comme s'y attendaient les conducteurs humains aux alentours. Une réaction saccadée, hésitante ou contre-intuitive d'une auto autonome a pu surprendre les conducteurs des voitures impliquées avec les 33 Uber mentionnées dans le rapport du NTSB.

Rapport très critique

Au sujet du décès de Mme Hertzberg, ce rapport préliminaire est très critique d'Uber, affirmant que son logiciel de conduite autonome contenait des failles : «Le design du système ne prévoyait pas l'éventualité d'un piéton traversant la rue à un endroit interdit», indique le NTSB. L'enquête technique a aussi révélé qu'un délai d'une seconde était programmé avant d'appliquer le freinage d'urgence, afin de laisser ce temps à l'ordinateur pour qu'il calcule une trajectoire d'évitement (Uber a éliminé cette fonction de son logiciel depuis).

Le NTSB affirme avoir signalé à Uber «plusieurs enjeux liés à la sécurité découverts durant l'enquête».

Le rapport préliminaire a été rendu public en prévision des audiences du NTSB, prévues le 19 novembre, durant lesquelles l'organisme déterminera officiellement la cause du décès de Mme Hertzberg