(Londres) Le constructeur automobile français PSA est prêt à tirer un trait sur l’usine britannique de Ellsmere Port et transférer l’activité en Europe continentale si le Brexit tourne mal, prévient son patron Carlos Tavares dans un entretien au Financial Times publié lundi.

Fin juin, PSA avait déjà lancé un sévère avertissement en prévenant qu’il fabriquerait sa nouvelle Astra (Opel ou Vauxhall) dans cette usine du nord-ouest de l’Angleterre seulement en cas d’accord sur le Brexit.

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La Vauxhall Astra d'un employé dans le stationnement de l'usine Vauxhall d'Ellesmere Port, Britain le 10 janvier 2018.

Mais dans le quotidien britannique des affaires lundi, le patron de PSA Carlos Tavares est encore plus explicite.

« Franchement je préférerais la confier (la nouvelle Astra, NDLR) à Ellesmere Port mais si les conditions sont mauvaises et que ce n’est pas rentable alors je dois préserver le reste du groupe et je ne le ferai pas », explique-t-il.  

« Nous avons une alternative à Ellesmere Port », ajoute-t-il, évoquant un site dans le sud de l’Europe et réclamant avant tout de la visibilité sur ce que seront les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE fin octobre lors de la date prévue du Brexit.

PSA a jusqu’à présent retenu deux usines pour le nouveau modèle de l’Astra qui sera disponible sous les marques Opel et Vauxhall (pour le Royaume-Uni), à savoir Rüsselsheim en Allemagne à partir de 2021, pour laquelle la décision est confirmée, et Ellesmere Port, dont l’avenir dépend donc du Brexit.

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L'usine Vauxhall d'Ellesmere Port produit des Astra sous la marque Opel (comme celles qu'on voit ci-haut), qui sont exportées vers l'Europe sans tarif parce que le Royaume-Uni est membre de l'Union Européenne. Cela pourrait changer au terme d'un Brexit dur.

Cette nouvelle mise en garde de PSA intervient peu après la prise de fonction de Boris Johnson comme nouveau premier ministre britannique, dont la priorité est de préparer le pays à un Brexit sans accord.

L’industrie automobile britannique ne cesse d’avertir contre les risques d’un tel scénario, qui ferait perdre au secteur jusqu’à 70 millions de livres (113 millions de dollars CAN) par jour via le rétablissement des droits de douanes et de contrôles douaniers.

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Au rythme d'exportation actuel, un Brexit dur coûterait 113 millions de dollars CAN par jour en frais de douane à l'industrie automobile britannique. Ces voitures portant l'écusson Opel et destinées à l'Europe ne seraient peut-être plus rentables, prévient le président de PSA Carlos Tavares.

L’Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT) a d’ailleurs écrit vendredi à Boris Johnson en répétant qu’un Brexit sans accord « n’est simplement pas possible ».

Le secteur automobile s’inquiète d’autant plus du scénario d’un Brexit sans concession qu’il est déjà fragilisé par plusieurs annonces récentes de fermetures d’usines, par le japonais Honda et l’américain Ford notamment, qui ont eu un effet retentissant au Royaume-Uni, sur fond de ralentissement économique mondial et de désaffection pour le diesel.